PNB : l’expérimentation commence
Après deux ans de préparation et de concertation (bibliothèques, libraires, distributeurs, éditeurs, prestataires informatiques…), le Prêt Numérique en Bibliothèque est entrée en phase expérimentale. La plateforme commune dédiée est concrètement ouverte. Cette facilitation du prêt de livres numériques, qui conforte le rôle des libraires, pose encore question mais cette première étape semble intéressante.
Aux États-Unis, la vente des livres numériques atteint aujourd’hui 25% du nombre global de livres. En France, cette part était de 2,5% en 2013 et estimée à 5% en 2014. À l’évidence, ce nouveau marché du livre se développe, les différents acteurs s’y préparent même si l’on constate en France un "retard" sur d’autres pays. Cette nouvelle demande du public se fait également sentir en bibliothèque, d’où la nécessité de trouver des solutions concrètes. La politique des lieux de prêt est pour l’instant encore très diversifiée en matière de livres numériques. Parallèlement aux appels d’offre concernant le papier, des petits marchés sont signés avec des distributeurs spécialisés ou des plateformes. Ainsi la médiathèque d’Aulnay-Sous-Bois fonctionnait-elle jusqu’au PNB avec une plateforme de téléchargement d’ebooks, Numilog, des prêts de liseuses contenant un certain nombre de fichiers en association avec la librairie parisienne Le Divan ou bien encore en relation directe avec l’éditeur numérique Publinet (François Bon). La bibliothèque municipale de Bordeaux a de son côté plutôt développé l’offre de presse et d’ouvrages numériques d’auto-formation. Comme ces marchés étaient encore restreints, à autant de bibliothèques correspondaient ainsi autant de formules différentes. Le lecteur ayant lui le choix entre la liseuses prêtée, le téléchargement ou la lecture en streaming.
Une plateforme unique
C’est la raison pour laquelle DILICOM a entamé un processus de réflexion voilà deux ans avec un comité de pilotage comprenant des acteurs de la chaîne du livre pour aboutir à un système de gestion qui facilite la circulation du livre numérique, et l’accès pour les lecteurs, tout en mettant au centre du dispositif les libraires pour lesquels les collectivités sont une part importante du chiffre d’affaires. Le Prêt Numérique en Bibliothèque est ainsi une méthode d’échange de données entre éditeurs et libraires. Comme le souligne Véronique Backert, directrice de DILICOM : "Cela a pris du temps car nous sommes partis de zéro, tous les intervenants ont dû s’accorder. Les libraires sont très importants dans le projet, ils restent les interlocuteurs privilégiés des bibliothèques."
Le grand avantage du PNB est de proposer un portail unique géré par DILICOM avec une interface adaptée par chaque bibliothèque (grâce à un prestataire). Ce circuit peut se résumer de la façon suivante : l’éditeur propose ses offres de livres au distributeur, celui-ci les transfère à DILICOM qui les intègre au Fichier Exhaustif du Livre (FEL) auquel sont raccordés les libraires, ces derniers proposent les offres sur leur site aux bibliothèques qui font leurs acquisitions qui transitent ensuite par le « HUB » (disons plateforme ou réseau) de DILICOM et les livres numériques sont ensuite mis à la disposition des lecteurs. DILICOM se charge de la gestion des commandes, des factures, de l’archivage… Ce qui peut paraître complexe va en fait extrêmement vite une fois que le système fonctionne, ce qui est le cas depuis septembre. Toute l’offre numérique est au même niveau, avec des catalogues et fiches actualisées quotidiennement. Pour Cyrille Jouan, de la médiathèque d’Aulnay-sous-Bois : "Cela simplifie tout le processus. A partir de la commande, un livre est disponible dans les 24 heures et, ce qui est une petite révolution, les lecteurs peuvent y avoir accès depuis chez à toute heure de la journée et de la nuit."
La librairie indépendante Sauramps, à Montpellier, la première à avoir concrètement intégrer le PNB depuis septembre, a déjà vendu environ 500 livres numériques à des biliothèques. Sa responsable Web et numérique, Sophie Brisson, juge qu’il s’agit d’un "très beau projet sur lequel nous avons beaucoup travaillé pour nous connecter tous ensemble. La lecture numérique arrive et je crois qu’il faut aller encore plus loin. Un des problèmes que nous avons est la faiblesse du nombre de références. Les éditeurs n’ont pas encore débloqué leur catalogue. Nous avons aujourd’hui dans notre librairie 2 millions de références pour le livre papier et seulement 13 000 renseignées par les éditeurs dans DILICOM". Emmanuelle Robillard, directrice de projet au sein de la librairie Mollat, qui est entrée elle-aussi en phase expérimentale, souhaite "être présente dans le livre numérique. Nous y sommes depuis six ans et nous voulons, notamment avec les bibliothèques, garder notre rôle de conseil, ce que ne fait pas une plateforme. Il y a un très grand nombre de distributeurs du livre en France et c’est un monde fou actuellement, un système qui met le libraire en-dehors. Le PNB nous remet au centre. Le livre numérique est encore complexe mais je suis persuadée que l’on va y arriver !"
Le grand avantage du PNB est de proposer un portail unique géré par DILICOM avec une interface adaptée par chaque bibliothèque (grâce à un prestataire). Ce circuit peut se résumer de la façon suivante : l’éditeur propose ses offres de livres au distributeur, celui-ci les transfère à DILICOM qui les intègre au Fichier Exhaustif du Livre (FEL) auquel sont raccordés les libraires, ces derniers proposent les offres sur leur site aux bibliothèques qui font leurs acquisitions qui transitent ensuite par le « HUB » (disons plateforme ou réseau) de DILICOM et les livres numériques sont ensuite mis à la disposition des lecteurs. DILICOM se charge de la gestion des commandes, des factures, de l’archivage… Ce qui peut paraître complexe va en fait extrêmement vite une fois que le système fonctionne, ce qui est le cas depuis septembre. Toute l’offre numérique est au même niveau, avec des catalogues et fiches actualisées quotidiennement. Pour Cyrille Jouan, de la médiathèque d’Aulnay-sous-Bois : "Cela simplifie tout le processus. A partir de la commande, un livre est disponible dans les 24 heures et, ce qui est une petite révolution, les lecteurs peuvent y avoir accès depuis chez à toute heure de la journée et de la nuit."
La librairie indépendante Sauramps, à Montpellier, la première à avoir concrètement intégrer le PNB depuis septembre, a déjà vendu environ 500 livres numériques à des biliothèques. Sa responsable Web et numérique, Sophie Brisson, juge qu’il s’agit d’un "très beau projet sur lequel nous avons beaucoup travaillé pour nous connecter tous ensemble. La lecture numérique arrive et je crois qu’il faut aller encore plus loin. Un des problèmes que nous avons est la faiblesse du nombre de références. Les éditeurs n’ont pas encore débloqué leur catalogue. Nous avons aujourd’hui dans notre librairie 2 millions de références pour le livre papier et seulement 13 000 renseignées par les éditeurs dans DILICOM". Emmanuelle Robillard, directrice de projet au sein de la librairie Mollat, qui est entrée elle-aussi en phase expérimentale, souhaite "être présente dans le livre numérique. Nous y sommes depuis six ans et nous voulons, notamment avec les bibliothèques, garder notre rôle de conseil, ce que ne fait pas une plateforme. Il y a un très grand nombre de distributeurs du livre en France et c’est un monde fou actuellement, un système qui met le libraire en-dehors. Le PNB nous remet au centre. Le livre numérique est encore complexe mais je suis persuadée que l’on va y arriver !"
Le prix, un frein pour les bibliothèques
Environ dix binômes (libraire-bibliothèque) ont intégré à ce jour le dispositif PNB et DILICOM estime qu’ils seront peut-être 60 en 2015. Avec le Centre National du Livre qui a soutenu le projet, une évaluation sera faite dans un an. Parmi les aspects qui posent encore question (formats de lecture, protection, nombre de références…), celui du prix du livre numérique en est un important pour les bibliothèques. Lorsqu’un lecteur achète un livre en librairie, il en devient propriétaire, comme pour un livre papier, et dispose de cinq copies qu’il peut mettre sur différents supports (ordinateur, liseuse…). Pour l’instant, en bibliothèque, le système est différente puisqu’il s’agit d’un achat de licence pour un nombre variable de prêt, avec des fichiers chronodégradables pour les lecteurs au bout d’un certain nombre de jours, et une logique qui n’est plus celle du fonds patrimonial. La collectivité achète par exemple un livre pour 25 prêts et elle doit racheter le livre quand elle a atteint ce quota. Si le nombre n’est pas atteint au bout d’un certain temps, le fichier, qui reste la propriété de l’éditeur, s’autodétruit.
Considérant que les bibliothèques rachètent des livres papier quand ils sont abîmés, les éditeurs ont ainsi défendu l’idée d’une valeur d’usure pour le livre numérique. Par ailleurs, le prix de vente de ce fichier - qui de fait revient moins cher à l’éditeur - est à peu près le même que le livre classique mais, contrairement à ce dernier, aucune remise n’est faite aux bibliothèques. Ce qui fait dire à Yoann Bourion, Conservateur responsable du Pôle des usages numériques à la bibliothèque municipale de Bordeaux (un portail unique du livre numérique est en préparation pour toute la Métropole) : "Je comprends la logique de la licence mais il faut baisser les tarifs. C’est contraignant d’un point de vue budgétaire pour développer ce secteur et d’un point de vue déontologique, cette logique de l’usure n’est pas acceptable. Je ne comprends pas pourquoi nous devrions payer plus. Nous ne sommes pas en concurrence avec les libraires."
Des licences de longueurs différentes, nouveautés ou livres de "fonds" moins empruntés, pourraient être ainsi envisagées. Si ces contraintes témoignent de craintes, notamment de la part des éditeurs, la lecture publique devrait pourtant bénéficier d’un régime favorable et non contraignant. Alors que d’autres initiatives voient le jour pour le livre numérique (MO3T, FeniXX…), l’avenir du PNB dépendra sans doute de ces corrections nécessaires.
Considérant que les bibliothèques rachètent des livres papier quand ils sont abîmés, les éditeurs ont ainsi défendu l’idée d’une valeur d’usure pour le livre numérique. Par ailleurs, le prix de vente de ce fichier - qui de fait revient moins cher à l’éditeur - est à peu près le même que le livre classique mais, contrairement à ce dernier, aucune remise n’est faite aux bibliothèques. Ce qui fait dire à Yoann Bourion, Conservateur responsable du Pôle des usages numériques à la bibliothèque municipale de Bordeaux (un portail unique du livre numérique est en préparation pour toute la Métropole) : "Je comprends la logique de la licence mais il faut baisser les tarifs. C’est contraignant d’un point de vue budgétaire pour développer ce secteur et d’un point de vue déontologique, cette logique de l’usure n’est pas acceptable. Je ne comprends pas pourquoi nous devrions payer plus. Nous ne sommes pas en concurrence avec les libraires."
Des licences de longueurs différentes, nouveautés ou livres de "fonds" moins empruntés, pourraient être ainsi envisagées. Si ces contraintes témoignent de craintes, notamment de la part des éditeurs, la lecture publique devrait pourtant bénéficier d’un régime favorable et non contraignant. Alors que d’autres initiatives voient le jour pour le livre numérique (MO3T, FeniXX…), l’avenir du PNB dépendra sans doute de ces corrections nécessaires.
Christophe Dabitch écrit des récits et des scénarios de bandes dessinées. Il vit à Bordeaux. Il a travaillé dans différents médias et revues, il mène des ateliers d’écritures et participe à des projets collectifs et à des expositions. Son travail a souvent des bases historiques ou documentaires envisagées comme des points de départ à l’imaginaire ou à différentes formes de récits.