"On attend de la cohérence et donc la réouverture des salles de cinéma"
Près d'une semaine après l'annonce du report de la réouverture des lieux culturels au 7 janvier, si la situation sanitaire s'améliore, les exploitants de salles de cinéma néo-aquitaines expriment leur incompréhension face à cette décision mais aussi leur détermination en vue d'une prochaine réouverture.
Ils devaient rouvrir ce mardi 15 décembre, après une nouvelle fermeture d'un mois et demi imposée dans le cadre du deuxième confinement instauré pour enrayer la pandémie de Covid-19. Mais c'est avec incompréhension que les exploitants de salles de cinéma de Nouvelle-Aquitaine ont appris le 10 décembre dernier la prolongation de cette fermeture malgré la levée du confinement, comme l'explique Thierry Salvalaio, président des Montreurs d'images, à Agen (47) : "Cette décision nous est apparue incompréhensible dans la mesure où nous avions énormément travaillé ces derniers mois pour améliorer le protocole sanitaire dans les espaces. Nous avions mis en place toutes les mesures pour limiter les contacts et les autres risques entre spectateurs mais aussi du côté du personnel, allant même jusqu'à annuler les opérations les plus risquées."
La décision a un peu moins surpris au cinéma-théâtre Le Gallia, à Saintes (17), dont la directrice Marguerite de Lacotte avait "suspendu l'impression du programme de décembre aux déclarations du Premier ministre". Mais elle n'en reste pas moins "en colère", lasse de devoir reporter une nouvelle fois les rencontres avec les scolaires, "un travail de longue haleine qu'il faudra reprogrammer à la rentrée ou du moins lorsque nous pourrons rouvrir". L'amertume des exploitants vise aussi "l'absence de concertation" entre les représentants de la profession et ceux du gouvernement "alors que le dialogue semblait auparavant fluide, notamment au sujet de la construction de protocoles sanitaires", note Thierry Salvalaio. Comme ses collègues, Duarte Caetano, directeur du Ciné-Bourse de Saint-Junien (87), regrette "le manque de cohérence" induit par cette fermeture des lieux culturels : "Nous sommes tous conscients de l'impératif sanitaire mais alors pourquoi n'est-il pas partagé par tous ?"
"Nous sommes tous conscients de l'impératif sanitaire mais alors pourquoi n'est-il pas partagé par tous ?"
Malgré une année catastrophique en matière de fréquentation - un nombre d'entrées divisé par trois pour les Montreurs d'images, par exemple -, les exploitants assurent avoir été suffisamment soutenus financièrement, "par l'État avec le chômage partiel, le CNC ou la Région Nouvelle-Aquitaine". La Région vient d'ailleurs d'annoncer la prorogation de son fonds d'urgence à trois mois et l'augmentation du plafond d'aide pour les lieux culturels fermés. Les réseaux professionnels ont eux aussi contribué au soutien des salles, comme l'explique Duarte Caetano : "Ils ont tenu leur rôle, notamment la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) avec son travail de veille et d'information, mais aussi l'Afcae, les syndicats, Cina et les salles de Haute-Vienne."
Reste que l'année 2021 s'annonce très incertaine. "Il y aura-t-il une reprise ? Comment les spectateurs vont-ils se réapproprier le lieu ?", s'interroge Marguerite de Lacotte. "Notre dotation étant fonction notamment des entrées annuelles, nous nous inquiétons aussi pour la santé financière du cinéma", poursuit Thierry Salvalaio. "On attend de la cohérence et donc la réouverture des salles, conclut Duarte Caetano, idéalement sans couvre-feu ou sinon avec une dérogation sur la présentation du billet."
Ce soir, nous sommes tristes mais solidaires avec l’ensemble de la profession. #culture #essentiel #rexsarlat @Bleu_Perigord @SO_Dordogne @Arnovialle pic.twitter.com/jQiTloZpl9
— Cinema Rex Sarlat (@CinemaRexSarlat) December 15, 2020
En attendant de nouvelles annonces, les trois exploitants ont répondu ce mardi soir à l'appel de la FNCF d'allumer leurs enseignes. "On rallume, évidemment c'est une action symbolique mais nous montrons ainsi que nous sommes là et que nous n'oublions pas les habitants qui nous soutiennent depuis le début de la crise", témoigne Duarte Caetano. En Lot-et-Garonne, des rassemblements et des discussions étaient déjà prévus et ont bien eu lieu "pour montrer que le cinéma est bel et bien essentiel à la vie des gens". Faute de disposer d'une enseigne, Marguerite de Lacotte a prévu deux grandes affiches qui seront installées en fin de semaine, reprenant des paroles que chantait Barbara et qui l'interrogent aujourd'hui. Dis, cher spectateur, quand reviendras-tu ?