"Les Grandes Batailles navales de la marine française", Jean-Pierre Bessède jette l'encre

L'auteur aborde la défense des côtes atlantique et méditerranéenne du Moyen-Âge au XX^e siècle. Publié par FYP Éditions à Limoges, avec une préface d’Alain Bellot, contre-amiral et ancien directeur de Service historique de la marine, l’ouvrage ne recense pas seulement des batailles navales connues ou méconnues, mais les replace dans leur contexte politique, géostratégique et aussi technologique. L’approche historienne du sujet, largement agrémentée d’illustrations provenant d’une recherche iconographique rigoureuse, apporte une vision d’ensemble des rivalités sur le temps long entre les puissances européennes dans le domaine maritime, ainsi qu’une exploration méthodique de l’évolution de la fabrication navale et des dispositifs de défense côtière.

Originaire de Charente maritime, Jean-Pierre Bessède s’est intéressé tout particulièrement à l’histoire de La Rochelle, un temps bastion huguenot et port de commerce de premier plan, ainsi qu’à la naissance de Rochefort en tant que site décisif de la défense maritime française grâce à son fort et ses arsenaux. Mais il a développé une perspective plus large prenant en compte la plupart des enjeux aux niveaux du Ponant ― la côte Atlantique ― et du Levant ― la façade méditerranéenne avec l’importance de Toulon. Après une période s’étendant du Moyen-âge à la Renaissance marquée déjà par des conflits maritimes et côtiers entre l’Angleterre, notamment en Aunis et Saintonge, et ce qui allait devenir le territoire national français, le cardinal de Richelieu inaugure sous le règne de Louis XIII une véritable Marine royale, laquelle se verra considérablement développée et renforcée par Colbert sous le règne de Louis XIV. Mais auparavant, le XVI^e siècle aura été profondément marqué en France et en Europe par les guerres de religion. Puis, bientôt interviendront les rivalités des XVII^e et XVIII^e siècles entre les puissances européennes, espagnoles, britanniques, hollandaises et françaises pour le contrôle des voies de navigation et du commerce à la suite de la découverte de l’Amérique et de la fondation de colonies en Inde et dans l’océan Indien. À partir de l’alliance française avec les colons américains dans leur guerre d’indépendance contre les Britanniques, puis de la période napoléonienne marquée par des blocus réciproques et la défaite décisive de Trafalgar en 1805, l’hégémonie des Britanniques se fera de plus en plus inexorable sur l’ensemble des mers du globe tout au long du XIX^e siècle.

L’intérêt de l’ouvrage de Jean-Pierre Bessède, cependant, ne réside pas que dans sa manière de situer son propos dans le contexte des grandes étapes de l’histoire maritime européenne et mondiale. Les illustrations aidant, les dates, les descriptifs des lieux et de chacun de leurs enjeux géographiques, humains, technologiques et commerciaux spécifiques, qu’il s’agisse par exemple des îles de Ré et d’Oléron avec leurs pertuis, ainsi que les noms fournis à propos des acteurs clé, tout cela se trouve évoqué et dépeint dans le cadre d’une véritable fresque. Par le soin apporté à l’analyse de la construction navale et de l’armement des navires, de la conception des défenses côtières et du déroulement des batailles au services desquelles elles sont mises, une telle étude diachronique s’avère, grâce à sa visée d’exhaustivité et son parti pris de description méthodique détaillée, d’une qualité tant pédagogique qu’historienne tout à fait impressionnante et riche d’enseignements.