Le Bureau d’accueil des tournages, l’agent facilitateur du cinéma en Charente-Maritime
Voulu par le Conseil départemental de la Charente-Maritime en vue d'attirer et de faciliter les tournages sur le territoire, un bureau d'accueil des tournages (BAT) a vu le jour en 2020 à La Rochelle. Rencontre avec Brigitte Tarrade, responsable du BAT, Éric Debègue, fondateur de Cristal Groupe et des studios Alhambra, également président de Cristal Production, et Didier Trambouze, en charge du fonds de soutien audiovisuel à la direction de la Culture, du Sport et du Tourisme du Conseil départemental de la Charente-Maritime.
Quand a été créé le Bureau d’accueil des tournages de Charente-Maritime, avec qui, pourquoi et comment ?
Éric Debègue : Le BAT, dont les locaux sont situés à La Rochelle, a à peu près un an d’existence. C’était un souhait du Département pour attirer, faciliter les tournages. Il y avait un maillon manquant pour aider les films à se faire. L’impact économique et professionnel d’un tournage sur tout le territoire est loin d’être négligeable mais c’est important de préciser qu’il s’agit d’un dispositif à but non lucratif.
Didier Trambouze : Le Département a ouvert un marché public. Les candidatures devaient être déposées sur une plateforme. Et c’est Cristal Production qui a été retenue pour assurer une prestation d’intérêt général portée par le Département. Le BAT est entièrement financé par des fonds publics. Nous avons pour l’instant peu de recul sur ce nouvel élément de la chaine de soutien à la filière audiovisuelle, d’autant moins que la crise sanitaire est passée par là, mais les premiers indicateurs sont bons.
Quelle est votre fonction à chacun dans le BAT ?
D.T. : J’anime le BAT. Je suis en quelque sorte un homme-orchestre ! Mon rôle consiste à mettre en relation les productions que l’on aide et le BAT. Les partenaires (communautés d’agglomérations de Rochefort et de La Rochelle) sont très impliqués pour trouver les décors recherchés par les réalisateurs. Je participe également à l’organisation d’un comité de suivi et de pilotage avec nos partenaires, pour un retour d’expériences et de partage de demandes. En amont, je gère le fonds de soutien à la production audiovisuelle sous la responsabilité de l’élu, vice-président en charge de l’audiovisuel, qui décide d’aider les projets valorisant le département et de la hauteur du soutien apporté.
É. D : Je suis président de la coopérative Cristal Production. Je gère la structure et mets en application cette mission en lien avec le Département. Je fais en sorte que les objectifs soient tenus et j’en garantis les résultats. Et j’ai recruté Brigitte Tarrade, qui est la responsable du bureau. Il fallait quelqu’un avec une vraie connaissance du métier. Elle va droit au but et ne perd pas de temps, le profil idéal !
Brigitte Tarrade : Je gère toutes les demandes faites au BAT. J’ai une double casquette, logistique et institutionnelle puisque j’ai longtemps exercé le métier de régisseuse générale et que j’ai également travaillé dans un BAT de Poitou-Charentes.
"La Charente-Maritime est très attrayante. Sa lumière particulière, son patrimoine, ses paysages, sa côte, sa campagne attirent l’attention des réalisateurs."
Quels sont les besoins propres au département 17 qui ont motivé cette création ?
D.T. : La Charente-Maritime est très attrayante. Sa lumière particulière, son patrimoine, ses paysages, sa côte, sa campagne attirent l’attention des réalisateurs. Nous avions besoin d’un BAT pour référencer toute cette diversité. C’est un travail de terrain conséquent qui devait être mis en œuvre. La première étape se concentre exclusivement sur le processus de création car l’équipe du film veut s’assurer d’avoir les décors avant de faire appel au Département. C’est là que le BAT joue son rôle d’"entremetteur" en mettant en relation toutes les parties prenantes. Pour trouver des décors et des techniciens locaux, par exemple. Lorsqu’une demande de soutien arrive, c’est toute la région qui est sollicitée. Les départements sont solidaires, complémentaires, et travaillent en synergie. Il leur arrive même de se partager les tournages !
Comment le BAT travaille-t-il avec le réseau régional (ALCA) et national (Film France) ?
É. D : Film France collecte les données et les informations au niveau national mais c’est aussi une vitrine à l’international. Le BAT est adhérent de son réseau. C’est un outil mais aussi un endroit d’information et d’échanges. On y enregistre nos techniciens, les artistes et les fiches décors. On organise régulièrement des réunions avec l’ensemble du réseau BAT de France pour débattre de nos difficultés et faire des échanges d’expériences. Film France nous informe des recherches des productions (pour qu’on puisse y répondre et se positionner) ou sur les règlementations et les problématiques concernant le secteur audiovisuel en général et cinématographique en particulier. Avec ALCA, il y a un vrai travail collaboratif entre tous les BAT des départements de Nouvelle-Aquitaine pour améliorer notre outil commun. On échange des infos, on partage des données, on fait part de nos expériences. Le dossier qui nous est soumis est choisi par des jury indépendants. Quand certains films ne sont pas retenus dans un département, ils sont aiguillés vers un autre. Mia Billard, en charge de la Commission du film à ALCA, fait le lien entre les départements. Et sous l'impulsion de la Région, d'ALCA et du Département, notre BAT devrait accueillir l’automne prochain une formation professionnelle sur le repérage.
Pouvez-vous expliquer nous expliquer le fonctionnement du BAT, notamment avec les acteurs locaux de la filière ?
B.T. : Le BAT a pour mission l’accueil des tournages. Il traite les demandes des productions en essayant d’apporter des solutions à leurs recherches et à leurs besoins. Une bonne connaissance des besoins techniques et logistiques d’un tournage permet d’anticiper et cibler ces demandes. De même, ses connaissances du milieu professionnel et son réseau lui permettent aussi de faire en sorte que des projets se tournent sur son territoire. Il a vraiment un rôle de facilitateur et de promoteur de son territoire.
"Le BAT est aussi un service public à la disposition des acteurs locaux. Nous devons établir tout un relationnel avec les représentants territoriaux, amener des tournages sur leurs secteurs, échanger les informations, accompagner, conseiller si besoin."
Pour y parvenir, le BAT met en place des outils, comme les banques de données : répertoire de techniciens, d'artistes, de prestataires spécialisés, etc. Ces répertoires servent à mettre en avant le tissu local et aider à l’emploi ainsi qu’à faciliter les recherches des productions sur place. Nous organisons aussi des rencontres (hélas restreintes pour l’instant) et des échanges avec les professionnels concernés. Le BAT répond à leurs demandes et les informe. Enfin, nous constituons une banque de décors : la venue d’un tournage commence par le choix des décors, ce qui implique le développement permanent de la banque des décors. Nous sommes également force de proposition sur les recherches des productions. Nous devons définir aussi les capacités techniques d’un lieu qui, ajouté à ses qualités esthétiques, en fera un "bon" décor.
C’est aussi un service public à la disposition des acteurs locaux (informations, mises en relation, conseils, etc.). Nous devons établir tout un relationnel avec les représentants territoriaux, amener des tournages sur leurs secteurs, échanger les informations, accompagner, conseiller si besoin. Le BAT est donc à la disposition de tous pour les aider dans le processus d’un tournage, s’ils en font la demande. Un travail de réseau local se développe aussi avec les associations spécialisées (Coolisses par exemple), les productions locales, etc. Nous nous faisons connaître grâce aux réseaux mais aussi par notre présence sur certains festivals professionnels majeurs, vecteurs de rencontres.
Quels sont les projets en cours de tournage ?
B.T. : Nous avons accueilli récemment le tournage du prochain film de Mélanie Laurent, Le Bal des folles. Est confirmé le long métrage de Simon Rieth, Nos cérémonies. Et nous préparons actuellement une mini-série pour la télévision, six épisodes de 52 minutes. La saison 2 de Je te promets (adaptation française de This is us, dont la première saison vient d’être diffusée sur TF1) est dans les starting-blocks. Tout comme Marée basse, le court métrage de Romain André. Le BAT de la Charente-Maritime travaille sur un volume permanent de dix à quinze projets.