"De la terre à l’assiette", des alternatives pour se reconnecter avec notre environnement
En douze chapitres et avec une galerie de personnages attachants, Quentin Guillon nous raconte le rapport à la terre et à ses cultures. Durant trois mois en 2022, l’auteur-journaliste a discuté, étudié, observé des agriculteurs, éleveurs, restaurateurs, une multiplicité d’acteurs de l’alimentation dans le Pays basque, avec pour fil conducteur l’enjeu de la sécurité alimentaire.
En octobre 2022, Quentin Guillon, journaliste indépendant, s’est immergé dans le quotidien d’Antoine Chépy et Bianca Muller, restaurateurs à Urrugne. Leur auberge associative, Arotzenia, fonctionne avec une motivation principale : nourrir simplement, localement et à un tarif abordable. Chaque semaine, Antoine va au marché, choisit des produits auprès des producteurs locaux, réfléchit ses menus au jour le jour, les adapte en fonction des arrivages. En travaillant ainsi, Antoine et Bianca souhaitent proposer des tarifs justes et raconter l’histoire des aliments qui se rejoignent dans l’assiette. Cuisiner, c’est se reconnecter à ce qui nous entoure et partager collectivement. Cultiver la terre, c’est aussi cultiver un territoire, un réseau. C’est le terreau même de cet ouvrage : des tranches de vies d’acteurs à l’écoute de notre environnement qui cherchent ensemble des solutions pour mieux manger, plus consciemment, en respectant les trajectoires, de la terre à l’assiette. Comme un jour de marché où chacun se retrouve.
On y croise ainsi Marie-Angèle et Jean-Marc, maraîchers dans les Landes qui expliquent combien il faut soigner la terre, un aller-retour d’attentions entre les mains humaines et les racines souterraines qui permet de faire pousser, graines après graines, ce qui est nécessaire pour nourrir les autres. Il y a aussi Clément et Mathilde, les bergers sans terres, Beñat qui a accepté que son fils transforme sa ferme en bio, Sandra et Philippe les viticulteurs aux levures naturelles… Toutes et tous s’entrecroisent, ont changé radicalement de vie ou exercent depuis toujours. Ils se retrouvent dans leurs questionnements et leur volonté de faire différemment.
La force certaine de cet ouvrage réside dans son style d’écriture. En s’immergeant durant trois mois auprès d’Antoine, Bianca et de leur réseau de fournisseurs, Quentin Guillon a su retranscrire une ambiance locale où chacun fait écho à l’autre, tout en y ajoutant des initiatives sur d’autres territoires et des chiffres nationaux sur le sujet. On pourrait s’attendre à un essai, on découvre plutôt un récit vibrant sur celles et ceux qui ont choisi d’écouter la matière qui les fait vivre. Sans jamais compter leurs heures, passionnés et militants, ils survivent autant que possible en maintenant la barre à l’inverse de l’industrie agroalimentaire. Les liens qui les animent tiennent dans leur respect de toute la chaîne, de la terre qu’ils manipulent aux assiettes qui nourrissent les consommateurs. Ce n’est évidemment pas sans difficultés, il faut sans cesse essayer, se tromper, se battre, résister. Mais le réseau présenté ici est un exemple intéressant et plein d’espoir pour affirmer une volonté de manger sain et trouver des alternatives pour assurer une sécurité et une autonomie alimentaires au plus grand nombre, peu importe les aléas conjoncturels. Ce ne sera peut-être pas suffisant mais à cette échelle locale, c’est déjà porteur de regards différents sur notre environnement.
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De la terre à l’assiette est sélectionné pour le prix des lycéens et apprentis de Nouvelle-Aquitaine De livre en livre, saison 2024-2025.