"Une Saison de colère" de Sébastien Vidal


Plusieurs fois récompensé pour ses œuvres, le romancier corrézien Sébastien Vidal vient de sortir son dernier roman noir, Une saison de colère, dans la maison d’édition marseillaise Le mot et le reste. Le roman s’attaque au profit et aux décideurs sans vergogne, et clôt ce que l’auteur appelle "Le cycle des saisons"1.
Le livre s’ouvre sur une scène de chaos. Un carambolage vient de se produire. Julius, gendarme en intervention sur les lieux du drame, tient la main d’Isabelle, coincée dans son véhicule et gravement blessée, le temps que les secours arrivent. Mais les secours n’arriveront pas à temps, Isabelle le sait. Aussi, elle confie un secret à Julius. Un pouvoir dont elle lui fait don.
Nous retrouvons Julius dix ans plus tard. Il a démissionné de la gendarmerie suite à un autre traumatisme dont il ne s’est pas remis, et s’est retiré dans un petit village de Corrèze, Lamonédat, cinq milles âmes dont la vie tourne autour de l’usine VentureMétal, et de Belle Mèche, un vieux hêtre qui trône au milieu de la Coulée verte.
Nous sommes au printemps, la nature s’éveille, explose. Tout pourrait paraître paisible dans ce petit coin reculé de France, mais, il n’en est rien. La colère gronde. Les ouvriers de l’usine sont en grève depuis l’annonce d’une délocalisation - en Roumanie ou en Hongrie - par le siège parisien. L’avenir économique du village est en péril, pourtant le maire, Jacques Perrault, ne manifeste qu’un soutien timide, car dans l’ombre, il prépare avec son adjointe et maîtresse Tiphaine Bordas un autre projet censé faire leur fortune : raser la Coulée verte et Belle Mèche pour installer un complexe touristique. Mais l’information a fuité et Blandine Fauvergue, journaliste locale, enquête. Si cela se sait, ce sera un scandale assuré. Sentant la situation lui échapper, le maire est prêt à renoncer, mais Tiphaine, qui tire les ficelles, ne compte pas se faire mettre des bâtons dans les roues. Quelques jours plus tard, Blandine Fauvergue est retrouvée morte à son domicile, une balle dans la tête. La thèse du suicide est avancée, mais pour l’inspecteur Choo, il s’agit d’un meurtre. Il sera le premier d’une longue série, et les prémices d’un feu de colère qui embrasera bientôt le village. Au milieu de ce chaos, Julius tente d’échapper aux traumas de son passé.
Sébastien Vidal dénonce les obscures coulisses des enjeux économiques qui se déroulent au coeur de cette Corrèze romancée. Il propose néanmoins un tableau social plein de force et de vie dans lequel virevolte une farandole de personnages. Entre les grévistes de l’usine et les zadistes venus occuper la Coulée verte, les luttes parallèles finissent par converger. Ainsi, par la force de la solidarité, comme en ce printemps où la nature renait, un espoir de renouveau est désormais permis.
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1. Les trois précédents ouvrages se déroulaient à une saison particulière – hiver, automne, été.
