Dernier Télégramme, une maison d’édition de poésie contemporaine en Limousin
Voici 12 ans que Dernier Télégramme rayonne depuis Limoges, conciliant publications, lectures et rencontres. Le catalogue, déjà très étoffé, accueille des auteurs pour un seul livre et d’autres aimant rester fidèles à leur éditeur, Fabrice Caravaca. Celui-ci a découvert des talents inédits et publié des auteurs renommés de la poésie contemporaine, proches de la poésie action et de la poésie sonore ou plus tournés vers l’écriture du poème et du texte à lire.
Comment sont nées les éditions Dernier Télégramme ?
Fabrice Caravaca : Je les ai fondées en 2005, après un stage aux éditions Le temps qu’il fait lors d’une formation Pro-Libris, afin d’avoir quelques bases pour me lancer dans l'aventure. Au début, je ne savais pas trop quelles formes cela prendrait. Je voulais aussi organiser des concerts ou des expositions et prolonger des expériences artistiques auxquelles j'avais participé. Mais rapidement, l'association s'est surtout dédiée à l’édition d'ouvrages de poésie et littérature contemporaines. Il y a eu d’abord Action-Writing (manuel) de Sylvain Courtoux, un texte engagé, expérimental et poétique. C'était parfait pour commencer. Nous avons fait une soirée pour fêter la sortie du livre, et dès lors l'association s'est mise à présenter des lectures. Grâce à Sylvain, j'ai ainsi découvert Édith Azam que j’ai publiée plus tard. La deuxième publication, c’était L'éternité de Christophe Manon. Je l'avais rencontré au Festival Expoésie à Périgueux, organisé par Hervé Brunaux, que j’ai aussi publié.
Le premier livre était financé par des souscriptions et une aide du ministère de la Jeunesse et des Sports. Les suivants le seront grâce à la Région Limousin, puis le CNL, et avec les ventes des précédents.
Quels auteurs as-tu ensuite publiés?
F.C. : Il y a plus de cinquante auteurs au catalogue, dans quatre collections et une série "Hors collections". Parfois, ce fut une aventure d'un livre. Pour une quinzaine d'auteurs, l'histoire s'est prolongée. Je peux citer Lucien Suel, Manuel Daull, Frédérique Soumagne, Édith Azam, Christophe Manon, Serge Pey, Julien Blaine, Guillaume Condello, Charles Pennequin, Thomas Chapelon, Pierre Soletti, Fred Griot, Cécile Richard, Marc Perrin, Laurent Albarracin, Jacques Sivan, Hervé Brunaux. Des coopérations durent dans le temps, il y a parfois une urgence, souvent des envies communes. J'apprécie beaucoup de faire un deuxième livre avec des auteurs jamais publiés avant Dernier Télégramme. Mais tous font partie de l'histoire des éditions. Chacun des textes édités participe d’une histoire commune autour de la poésie contemporaine.
Quelles seraient ta conception de la poésie et ta ligne éditoriale, si l’on peut résumer ainsi ?
F.C. : Il m'est difficile de répondre. Le mot "poésie" peut vouloir dire tellement de choses selon la personne qui l'emploie ! J’en suis venu à dire que les éditions publient de la littérature contemporaine. Mais cela ne signifie pas grand chose non plus, ou trop de choses. Ou bien je parlerai de "poésie contemporaine", au sens de genre en soi qui par définition évolue sans cesse. Car il n'y a pas eu de véritable ligne éditoriale a priori. Le catalogue se fait plutôt à partir d’envies autour de textes, des rencontres avec des auteurs. Rétrospectivement, il s’agit surtout d’un dialogue à plusieurs voix in progress, qui rebondit et se développe au gré des affinités et des états d’esprit de chacun. Et tout se mélange plutôt bien jusqu'à présent. L'on pourrait tout de même dire que, de plus en plus, mes choix s'orientent vers des textes ne manquant pas de lyrisme.
Qu’as-tu publié en 2017 ? Quels sont les ouvrages à venir ?
F.C. : En 2017, ont paru J'entrerais par 100 pistes de Lorenzo Menoud, Ennemis des morts de Thomas Chapelon, Le gué de Rémi Checchetto, Artaud in Amerika d’Alain Jugnon, La folie d'Alekseyev de Jean-Baptiste Cabaud. Sont à paraître d'ici le mois de décembre Sous l'obscurité de mon manteau de Kristell Loquet, Vie & opinions de Gottfried Gröll de Christophe Manon, et Urgent !!! 3, un livre et un disque, où un collectif d'artiste réunis par Patrice Soletti retrace trois jours passés sur l'île de Vassivière.