"Champs Libres", saison trois
Magazine des arts et de la culture en Nouvelle-Aquitaine montrant les initiatives portées en milieu rural, Champs Libres inaugure ce vendredi 17 janvier sur TV7 la diffusion de sa troisième saison. Retour avec ses auteurs sur une expérience audiovisuelle culturelle et sociale, soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine.
Un festival de la pensée dans la cité girondine de Sainte-Foy-la-Grande ou celui du photoreportage à Barro, en Charente, le sculpteur José Le Piez qui fait chanter des troncs d'arbres, des libraires néo-aquitains qui lisent des ouvrages en lien avec le territoire… Depuis deux ans, le magazine Champs Libres donne la parole à celles et ceux qui font la culture et portent des projets étonnants dans les campagnes de Nouvelle-Aquitaine. Diffusée sur TV7, chaîne de télévision du groupe Sud Ouest, la troisième saison débute ce samedi 18 janvier, au lendemain d'une émission spéciale qui réunira Geneviève Barat, vice-présidente de la Région Nouvelle-Aquitaine en charge de la ruralité, Chloé de Broca, fondatrice du Théâtre du Roi de Cœur, à Maurens (24), et la coréalisatrice de l'émission Sonia Moumen.
"Jouer du Tchekhov sur des bottes de pailles ne semble pas commun, et pourtant !"
L'aventure Champs Libres est née des réflexions de ses réalisateurs, la journaliste Sonia Moumen et Jean-Baptiste Béïs. "Nous souhaitions nous intéresser au monde rural, là où les services publics s'éloignent progressivement et où le Front national s'ancre de plus en plus. Mais plutôt que de montrer ce qui ne fonctionne pas, mon compagnon de route Richard Coconnier nous a proposé de prendre le sujet à rebours en explorant la vitalité des arts et de la culture en milieu rural", explique Sonia. Un axe éditorial qui convainc le réalisateur Jean-Baptiste Béïs, de MédiaKréa , soucieux de "montrer la dimension sociale des projets, autant si ce n'est plus que les œuvres elles-mêmes." "La force du bénévolat, l'engagement de tout un village pour une manifestation…", démontrant ainsi que la culture est un terreau essentiel du vivre ensemble en milieu rural. Côté production, Pascal Chevallier, de la société arcachonnaise Prismedia, s'est très vite montré emballé par le projet : "Nous voulions présenter des projets ambitieux, allant à l'encontre des préjugés sur la campagne. Jouer du Tchekhov sur des bottes de pailles ne semble pas commun, et pourtant !"
C'est ainsi formée que l'équipe répond en 2017 à l'appel à projets de TV7 pour un magazine d'intérêt culturel dans le cadre du Contrat d'Objectifs et de Moyens qui lie la chaîne à la Région Nouvelle-Aquitaine. L'appel remporté, la réalisation de la première saison débute avec six numéros de 26 minutes chacun. À travers les rubriques "Focus", "Vu", "Lu", "Du bout du monde" et "Grand format", sont traités des sujets de toutes disciplines confondues : spectacle vivant, arts plastiques, design, architecture, audiovisuel et cinéma, livre, photographie… sur des communes de moins de 5000 habitants (à l'exception des librairies indépendantes où la jauge est doublée).
"Nous avions finalement bien compris le contexte politique dans lequel s'inscrit Champs Libres. La crise des 'Gilets jaunes' a conforté nos intuitions quant au malaise profond en milieu rural."
À l'aune de la diffusion de la troisième saison, Sonia Moumen dresse un bilan positif du magazine, satisfaite que les partis pris de ses créateurs se soient vérifiés : "Nous avions finalement bien compris le contexte politique dans lequel s'inscrit Champs Libres. La crise des 'Gilets jaunes' a conforté nos intuitions quant au malaise profond en milieu rural. L''Agenda rural' proposé par le gouvernement ou encore le 'Cluster de la ruralité' porté par la Région Nouvelle-Aquitaine démontrent que la ruralité a pris une place centrale dans le contexte social, ce qui légitime d'autant plus notre magazine." Par son implication dans le champ social et son ambition de montrer les initiatives culturelles en milieu rural, le magazine bénéficie depuis sa création du "soutien financier essentiel" de la Région Nouvelle-Aquitaine ainsi que du CNC. Un autre type de soutien, tout aussi déterminant, est "la grande liberté de traitement" que permet TV7 aux auteurs de Champs Libres, souligne Jean-Baptiste Béïs.
Fonctionnant toujours en binôme, Jean-Baptiste et Sonia choisissent ensemble les sujets. "Sonia apporte sa grande connaissance du milieu culturel, notamment du spectacle vivant, et je me montre plus sensible aux projets décalés", précise Jean-Baptiste qui "gère les questions audiovisuelles quand Sonia assure l'éditorial". Sur le terrain, cette équipe tourne en "mode commando" – Sonia au micro et Jean-Baptiste au son et à l'image –, une manière "de ne pas créer de distance avec les personnes" qu'ils rencontrent. Et d'identifier de futurs sujets au gré des discussions : "Quand on part en reportage, on en revient avec trois sujets !", s'enthousiasme Sonia. Une "fourmilière", selon Jean-Baptiste, qui leur permettrait de nourrir pas moins de 41 saisons !
"L'élargissement à la grande région est une forme de continuité car nous montrons des échanges culturels existants avec nos voisins."
Ce foisonnement de sujets a conduit les auteurs du magazine à continuer l'aventure au-delà des deux saisons initialement prévues et à repenser le format : "Les deux premières saisons ne montraient pas de portraits mais des focus sur un projet ou une manifestation. Dès cette nouvelle saison, nous proposons donc des portraits, des parenthèses poétiques dans le magazine, d'artistes : plasticiens, chanteuse de pop folk…" Des reportages à l'étranger viennent aussi enrichir le magazine, avec par exemple une excursion au Québec auprès de Christophe Goussard et ses photos sur la Basquitude. La troisième saison de Champs Libres s'ouvre à l'Euskadi, en tournant notamment au Salon des arts de Navarre 948 Merkatua, mais aussi un peu plus à la Nouvelle-Aquitaine. "L'élargissement à la grande région est une forme de continuité car nous montrons des échanges culturels existants avec nos voisins", explique Pascal Chevallier. "Il y a bien sûr des fondamentaux mais nous montrons les singularités des territoires", précise Sonia Moumen, qui se dit "avant tout marquée par la linguistique" : "Avec le basque, l'occitan ou le poitevin, la langue, ancrée dans le patrimoine, est pratiquée par les jeunes générations, qui souhaitent créer avec elle."
La quatrième saison, qui vient de remporter l'appel à projets de TV7 dans le cadre du COM, sera "totalement ouverte à la grande région et s'intéressera aussi aux migrants installés en milieu rural." En attendant la réalisation de ces nouvelles ambitions, rendez-vous sur TV7 dès ce vendredi 17 janvier à 18h30 pour une émission spéciale Champs Libres inaugurant la diffusion de la troisième saison.