Les quinzièmes Rencontres de Chaminadour : "partageons nos lectures" autour de Geneviève Brisac et Virginia Woolf

Malgré les restrictions imposées par le contexte sanitaire, la quinzième édition des Rencontres de Chaminadour aura bien lieu, du 17 au 20 septembre à Guéret (23). Hugues Bachelot, président des Rencontres, revient avec Prologue sur le programme de cette édition qui questionnera l'œuvre de Virginia Woolf en regard de celle de Geneviève Brisac.

La dernière édition des Rencontres de Chaminadour, consacrée à Victor Hugo, a été marquée par une affluence record avec près de 4300 entrées. Vous attendez-vous à une affluence moindre au regard de la thématique et des contraintes sanitaires ? 

Hugues Bachelot : Oui, malheureusement, puisque la jauge de la salle sera adaptée et les mesures sanitaires en vigueur naturellement mises en œuvre. C’est un peu une prouesse, pour nous, que de maintenir ces rencontres ! Mais durant le confinement, nous avions tellement besoin de lire, tout du moins de partager nos lectures. Croisons les doigts et espérons que tout ira pour le mieux en ce mois de septembre. Cette année, la pandémie de Covid faisant fi du dieu de la littérature, les Rencontres seront pour la première fois retransmises en direct dans plusieurs bibliothèques (Bfm de Limoges, Médiathèque de Tarnac, etc.), ainsi que via un lien Internet pour les auditeurs qui n'auront pas la possibilité d'être à Guéret.

Geneviève Brisac sur les grands chemins de Virginia Woolf est la thématique de cette quinzième édition. Pourquoi cette thématique et quels seront les temps-forts ? 

H.B. : Chaque édition des Rencontres se concentre sur une œuvre littéraire souvent de l’autre siècle, choisie par l’écrivain invité. En quelque sorte, après Victor Hugo, nous avions envie de revenir à l’idée de cette confrontation de Geneviève Brisac avec Virginia Woolf, dont l'histoire résonne singulièrement avec notre présent. De tables rondes en lectures, de conférences en spectacles, les regards croisés des intervenants et la diversité de leurs approches créent une nouvelle familiarité avec de grands auteurs comme ceux que nous avions honorés. Je pense à Antonin Artaud, Claude Simon, Blaise Cendrars, Jean Genet ou Victor Hugo…

"En quelque sorte, après Victor Hugo, nous avions envie de revenir à l’idée de cette confrontation de Geneviève Brisac avec Virginia Woolf, dont l'histoire résonne singulièrement avec notre présent."

Il sera donc notamment question de la vision de la littérature de Virginia Woolf mais aussi de son regard sur la traduction de son œuvre ? 

H.B. : Virginia Woolf fut en effet une brillante lectrice autant qu’une grande écrivaine. Fille d’un homme éduqué, selon sa propre expression, elle n’a pas fréquenté d’école ou d’université, institutions réservées alors à ses frères et à leurs semblables. Mais son père lui ouvrit sa bibliothèque d’érudit et c’est en lisant qu’elle s’est elle-même éduquée. Toute sa vie durant, en plus de ses romans, elle écrivit de nombreuses analyses, critiques, biographies littéraires, traductions, mais aussi des essais sur l’importance de la lecture, la nécessité d’en donner l’accès à tous les publics, et sur la place essentielle des lecteurs et des lectrices dans la société.

Quand les Carnets de la quatorzième édition vont-ils paraître ? Quelle diffusion prévoyez-vous ?

H.B. : Les Carnets consacrés à Victor Hugo, dont l’homme et l’œuvre furent l'objet de beaucoup de discussions et d'enthousiasme l’année dernière, seront présentés durant les prochaines Rencontres. Ils sont à commander dans toute bonne librairie de la Nouvelle-Aquitaine ou en ligne sur le site des rencontres. On peut d’ailleurs, dès aujourd’hui, écouter les podcasts sur le site qui a intégré une page dédiée aux enregistrements des différentes interventions (conférences, tables-rondes, débats...) des éditions précédentes.

Quinze ans après le lancement de ces rencontres, que retenez-vous de l'évolution de cette manifestation ? 

H.B. : Le contexte sanitaire actuel ne permet pas une réflexion sérieuse. Mais nous pouvons simplement observer que l’on peut, ici, parfois sentir, comprendre, les enjeux de la littérature contemporaine, et surtout se réjouir qu'elle se fasse là, bizarrement, oui, à Guéret, préfecture de la Creuse, plus que partout ailleurs, du 17 au 20 septembre de cette année tout du moins. En tout cas, c'est avec grande joie que nous nous retrouverons pour trois jours d'immersion dans l'œuvre de Virginia Woolf en compagnie de Geneviève Brisac et de ses invités.