"Cinéma & Citoyenneté" : des volontaires en Service civique formés à la médiation
Malgré le contexte sanitaire actuel, une vingtaine de jeunes d’Unis-Cité ont été accueillis à la mi-janvier à l’auditorium d’ALCA, à Bordeaux, afin de bénéficier d’une formation dirigée par Philippe Quaillet, animateur cinéma.
Les jeunes en service civique s’installent dans l’auditorium d’un rouge aussi vif que l’orange des sweats d’Unis-Cité, une association visant à promouvoir le dispositif Service civique. Pour les aider à mener à bien leur mission dans le cadre du programme "Cinéma & Citoyenneté" du CNC, ils sont accompagnés les 18 et 19 janvier à la MÉCA dans le développement de leur expérience déjà solide en médiation. "Vous allez manger du cinéma, vous allez vivre du cinéma !", annonce Aurore Schneekonig, coordinatrice Unis-Cité, qui est rejointe par Philippe Quaillet : "Il faut que vous parliez cinoche ! Votre rôle, c’est que les lycéens soient des citoyens !"
Le formateur et les jeunes s’interpellent mutuellement du début, avec un bond de 126 ans en arrière pour revenir sur quelques films des frères Lumière, à la fin de la formation avec une discussion technique et une réflexion minutieuse autour du film À tes amours d’Olivier Peyon. Le dialogue et l’interaction qu’il suppose étaient de mise. Une démarche bien différente de celle du cadre éducatif institutionnel duquel le formateur affirme "se démarquer".
"Comment faire participer un public lycéen parfois silencieux ? Créer de l’échange avec lui et ses collègues ?"
C’est justement dans des lycées que les volontaires ont commencé à intervenir, rencontrant parfois quelques difficultés : "On a du mal à faire venir [les lycéens]", dit l’un d’eux, un autre suggère de faire une "animation cool" en proposant des jeux et la possibilité d’amener un plaid pour plus de confort. La fidélisation passe aussi par la communication, ce qu’un troisième volontaire aborde en parlant de l’efficacité des affiches au sein des établissements. Comme le résume le formateur : "Il faut aller les chercher, trouver des subterfuges." Comment faire participer un public lycéen parfois silencieux ? Créer de l’échange avec lui et ses collègues ? Pour partager des stratagèmes possibles, il propose une animation autour du court métrage Le Bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe.
La projection se termine par un simple "Je vous écoute". Les mains se lèvent un peu partout dans la salle, une personne en orange analyse le cadrage, une autre se penche sur la musique, encore une autre souligne l’aspect circulaire du film. Le développement des compétences de médiation épouse celui de l’analyse filmique, cette dernière étant facilitée par le grand écran et la qualité sonore. "C’est la première fois que je vois le film sur une grande toile. Je le découvre alors que je l’ai vu 70 fois", souligne Aurore Schneekonig.
Les discussions se poursuivent autour de divers contenus annexes au court métrage, notamment une bande-annonce et une interview. Un moyen de saisir les origines du film, les intentions de sa réalisatrice, d’avoir une interprétation sophistiquée sans être abstraite et un matériau supplémentaire à valoriser lors des discussions.
Le travail de médiation mis en place par Philippe Quaillet sur Le Bleu blanc rouge de mes cheveux n’est qu’un exemple : les volontaires en Service civique doivent à leur tour travailler en groupe sur des présentations de courts métrages également disponibles sur le Kinétoscope, la plateforme créée par l’Agence du court métrage.
"On se renseigne d’un côté sur le travail de Marie-Christine Courtès, réalisatrice de Sous tes doigts. De l’autre, on cherche des interviews du réalisateur de Samsung Galaxy, Romain Champalaune."
Certains restent dans l’auditorium, d’autres vont travailler dans des salles à proximité. Chaque groupe élabore une animation à sa manière. Ils effectuent dans un délai bref un travail de recherche minutieux autour du film qu’ils traitent. On se renseigne d’un côté sur le travail de Marie-Christine Courtès, réalisatrice de Sous tes doigts. De l’autre, on cherche des interviews du réalisateur de Samsung Galaxy, Romain Champalaune. Ailleurs, on s’interroge sur la nature du propos d’Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne, de même qu’on se pose des questions sur le montage d’Espace d’Eléonor Gilbert et sur la représentation de la femme dans Beach Flags de Sarah Saidan.
Une forme d’émulation règne durant la préparation, elle ne disparaît pas pour autant des présentations pour le moins dynamiques. Un groupe fait son animation, les autres participent comme s’ils étaient spectateurs. Le formateur fait partie de ceux-ci, mais n’hésite pas à interrompre brièvement pour glisser des conseils : "Débarrassez-vous des feuilles", "Vous n’êtes pas là pour donner des certitudes", "Essayez d’être précis"…
Les deux journées se terminent. L’avis global est le même : ils se sont vus grandis par la formation. Quelques-uns font part de manques pouvant, après discussion, être aisément comblés. Les futurs projets sont esquissés, notamment la recherche de salles pour la projection de films.
Il est mardi soir, la formation à l’auditorium est terminée. Une autre journée, consacrée à l’art oratoire et l’éloquence, est déjà programmée au même endroit le 15 février.