Diffuser des documentaires en Nouvelle-Aquitaine ou créer du lien
Du 12 au 14 mars a lieu à Bordeaux la 4e édition de Passagers du réel, festival porté par l’association bordelaise La Troisième Porte à Gauche. Comme d’autres structures associatives en Nouvelle-Aquitaine, celle-ci œuvre pour la création et la valorisation des films documentaires et questionne notre rapport au monde et à son actualité.
Fondée par des professionnels de l’audiovisuel, la Troisième Porte à Gauche entend défendre un cinéma pluriel qui souhaite regarder autrement notre société. Avec la quatrième édition de son festival Passagers du réel ce mois-ci, l’association centre sa programmation autour de l’œuvre de Peter Watkins, et propose d'autres rendez-vous comme la rencontre universitaire le 12 mars à l'auditorium d'ALCA à la MÉCA avec la réalisatrice Chowra Makaremi, autour de son film Hitch, une histoire iranienne.
Sauvegarder et valoriser le patrimoine cinématographique
"Le festival Passagers du réel souhaite chaque année mettre en avant un cinéaste du patrimoine qui va raconter avec son œil la réalité. Cette année, nous avons souhaité mettre en avant l’œuvre cinématographique de Peter Watkins, un cinéaste anglais au parcours atypique. Ses films questionnent les grands enjeux de notre époque, à savoir la place des révoltes populaires, la bombe atomique et le nucléaire, l’impact des médias de masse. Son regard se veut pleinement ancré dans la réalité des actions qu’il dépeint", précise Laetitia Daleme, coordinatrice de La Troisième Porte à Gauche.
"On est là pour que la vraie vie se raconte à l’écran, pour faire perdurer les films du patrimoine qui racontent notre époque", explique Christophe Leroy, un des membres fondateurs de l’association bordelaise. La valorisation des films documentaires, qu’ils soient contemporains ou plus anciens, régionaux ou étrangers, est le premier objectif poursuivi par nombre de structures en Nouvelle-Aquitaine. "Autour du 1er mai est né de la volonté de sauvegarder la mémoire des images en permettant d’entreposer et de diffuser des films documentaires de militants, des films qui interrogent la société, des films qui sont voués à disparaître avant même de naître", abonde Sylvie Dreyfus-Alphandéry, présidente de l’association tulliste.
Le festival, lieu incontournable de la diffusion
À travers son festival "Cinéma et société", dont la prochaine édition du 30 avril au 10 mai questionne le thème "Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent", Autour du 1er mai multiplie les lieux de projection et diversifie ainsi le public tout en le rassemblant autour de thématiques sociétales. "La diffusion, c’est faire un choix de programmation. Et la programmation, c’est choisir l’œil avec lequel on regarde le monde", explique Sylvie Dreyfus-Alphandéry.
"Il est bien moins coûteux de faire des documentaires que des films de fiction, c’est donc pour cela qu’il y a tant de réalisateurs, jeunes ou moins jeunes, qui font des œuvres documentaires. Ils ont à la fois plus de liberté, mais également moins de capacités financières et savent très bien qu’ils ne peuvent pas vivre que de cela. Dans cette optique, la création de festival reste fondamentale. C’est le moyen le plus simple, le plus concret et le plus enthousiasmant pour diffuser des œuvres », interpelle Esmeralda Travé, présidente de l’association pessacaise Cinéréseaux, qui programme dans toute la Nouvelle-Aquitaine des films singuliers faisant fi des normes et des formats et réalisés par des auteurs émergents, en dehors des grands circuits commerciaux.
Préserver le lien social
En plus des festivals, les associations œuvrent le reste de l’année pour faire circuler les documentaires dans la région. Cela peut se matérialiser par des séances spéciales permettant un échange direct avec le réalisateur au travers d’un débat. C’est exactement ce que fait Cinéréseaux, qui se sert de ces soirées pour provoquer la curiosité au travers des films qu’elle diffuse mensuellement dans les cinémas d’art et d’essai comme le Jean Eustache à Pessac et l’Utopia à Bordeaux. Car éduquer par l’image se fait aussi par les mots et l’échange. "Lors de soirées où l’on diffuse des films documentaires, il y a une chose très importante en plus du fait qu’on donne une tribune visuelle au film du patrimoine : l’échange qui en découle à la suite de la diffusion. Le public questionne, félicite, débat avec le réalisateur. Un lien voit le jour et des pensées se construisent", souligne Esmeralda Travé.
Outre les festivals et des programmations ponctuelles, un autre moyen vient parfaire la panoplie d’outils que peuvent utiliser les associations : Internet et sa capacité à créer une base de données dématérialisée. L’association Autour du 1er mai a par exemple mis en place un site servant de plateforme aux films qui interrogent la société. Une base de données de plus de 4 000 œuvres cinématographiques, fictionnelles ou documentaires, poursuivant le travail effectué en dehors du cadre du festival. "Ce site permet de continuer le rôle de diffusion que nous avons tandis que notre festival, qui se déroule en Corrèze, a pour but de recréer un échange entre le monde urbain et le monde rural. On se déplace dans les campagnes, on diffuse des documentaires dans des granges, dans des champs, et ensuite, on va à Tulle", déclare Stéphanie Legrand, coordinatrice de l’association Autour du 1er mai.
Grâce à ces différentes démarches, les associations souhaitent retrouver et renforcer les liens perdus, en faisant en sorte que la culture remplisse son rôle d’éducatrice populaire. Mais aussi en s’appuyant sur l’engagement et la passion des bénévoles : "Il faut garder en tête que la plupart des membres des associations sont des bénévoles et que s’il n’y a pas de passion, il n’y a pas de travail", conclut Esmeralda Travé.
Les Rencontres Documentaire et Animation à Marmande (47)
Les 12 et 13 mars, les Rencontres Documentaire et Animation questionnent le documentaire animé et les liens entre l'animation et le réel. Organisées à Marmande par la NEF Animation et le Cinéma Le Plaza, en partenariat avec ALCA, ces rencontres s'attarderont notamment sur les productions numériques d’Arte (notamment à travers l’étude de la websérie L’amour a ses réseaux), deux courts métrages (Mon Juke Box de Florentine Grelier et On est pas près d’être des super-héros de Lia Bertels), la question de l’engagement politique ou social dans l’animation (Zero Impunity, Interdit aux chiens et aux italiens, Luttes…) et sur le projet de long métrage d’Aurel, Josep.