Festival du film de Sarlat : plus de trente ans de cinéma
À l'occasion de la trentième édition du Festival du film de Sarlat, qui se tient du 9 au 13 novembre, son président Pierre-Henri Arnstam revient pour Prologue sur plus de trois décennies de cinéma et d'actions d'éducation aux images dont ont bénéficié près de 18 000 lycéens néo-aquitains.
L’édition 2021 marque l’anniversaire de la création du festival, né en janvier 1991.
Mais, avant cela, de 1980 à 1990, une manifestation cinématographique et audiovisuelle a été organisée à Sarlat, à l’initiative de l’amicale laïque, de la fédération des œuvres laïques de la Dordogne et du Crepac, le centre régional d’éducation permanente et d’action culturelle d’Aquitaine.
Durant ces années, des films amateurs, puis amateurs et professionnels, furent présentés à un public où les lycéens avaient une place privilégiée. Rencontres avec des cinéastes, prix décernés et, même, un temps, un marché de productions audiovisuelles.
Début 1991, les professeurs du lycée de Sarlat qui s’étaient déjà impliqués lors de la première manifestation, Anne-Marie Carassou, Marcel Lacrampette et Jack Colas, ainsi que Robert Potier, journaliste d’Aqui TV, la première télévision départementale en France, décident, avec l’accord de la mairie et du cinéma Rex dirigé par Maïthé et Bernard Vialle, de lancer un festival sous la dénomination de Festival audiovisuel de Sarlat.
Son objet : l'organisation annuelle d’un festival audiovisuel à Sarlat autour des thèmes de l’art de vivre, de la gastronomie et des traditions populaires.
Le Festival 1991 a lieu du 6 au 10 novembre avec notamment Luc Moullet et Djibril Diop-Mambetty. Analyses des films au programme du bac avec Jean Douchet (Le Septième Sceau d’I. Bergman) et Carole Desbarat (Le Mépris de J-L.Godard).
Hommage au cinéaste périgourdin Louis Delluc, projections d’une vingtaine de films français et étrangers.
En 1993, Joëlle Bellon succède à la présidence à Robert Potier. En quelques années, elle va donner à cette manifestation une ampleur nationale, en développant un programme lycéen inédit en France et en accueillant des équipes artistiques prestigieuses venues présenter leurs films. Joëlle présidera le festival de 1993 à 2009, avec une énergie permanente et une bonne humeur communicative.
"Des dizaines de réalisateurs, certains durant plusieurs années, ont participé à cet atelier en jouant le rôle de passeur : parmi eux, Georges Lautner, Claude Pinoteau, Yves Boisset, Abbas Kiarostami, Jean Becker, Jean-Paul Rappeneau, etc."
Pour élaborer le programme lycéen, Christine Juppé-Leblond, inspectrice générale de l’Éducation nationale, passionnée par le Festival, sera une force de propositions permanente. Elle va ainsi proposer que des lycéens tournent à Sarlat, des miniséquences, courts métrages de trois minutes sur un thème imposé. L’originalité de cet atelier, c’est que les élèves sont accompagnés pour ces tournages par des réalisateurs, des comédiens et des monteurs.
Ces professionnels ne sont pas présents pour faire les films à la place des lycéens : ils leur donnent des conseils au fur et à mesure du tournage et du montage, leur indiquent comment diriger des comédiens… Ils leur transmettent leur savoir et leur expérience.
Des dizaines de réalisateurs, certains durant plusieurs années, ont participé à cet atelier en jouant le rôle de passeur : parmi eux, Georges Lautner, Claude Pinoteau, Yves Boisset, Abbas Kiarostami, Jean Becker, Jean-Paul Rappeneau, ou encore Frédéric Chignac, Jérôme Enrico, Franck Victor, Jérôme Genevray, Jean-Luc Mage, Jean-Claude Larrieu, William Quoniou, Stéphanie Vasseur, William Crépin, Nathalie Loubeyre, Areski Fehrat, Carlo Rizzo, etc.
Le premier événement médiatique de l’histoire du Festival résulte de la présence de l’invitée d’honneur, l’actrice et photographe italienne Gina Lollobrigida, venue présenter le film de Christian-Jacq Fanfan la Tulipe, tourné quarante ans plus tôt avec le comédien Gérard Philippe. Le réalisateur et le producteur du film, Alexandre Mnouchkine, sont présents.
De 1993 à 2009, de nombreuses équipes de films se déplaceront à Sarlat pour accompagner la projection des films en avant-première. En 2004, pour la première projection nationale de 36, quai des Orfèvres, Gaumont fait venir le réalisateur, Olivier Marchal, avec une douzaine de comédiennes et de comédiens, dont Gérard Depardieu, Daniel Auteuil, André Dussolier, Mylène Demongeot, Valéria Golino , Daniel Duval, etc.
Depuis avril 2010, une nouvelle équipe a poursuivi et développé toutes ces actions en ouvrant plus largement les portes du Rex au public et en sélectionnant les films les plus divers possibles.
Avec Marc Bonduel, Délégué Général, le projet n’est évidemment pas de modifier ce qui fait l’intérêt et l’originalité de ce festival : la présence durant cinq jours de 600 lycéens venus de toute la France pour suivre un programme, élaboré par Annick Sanson, professeure coordinatrice cinéma du lycée Pré de Cordy depuis 1997, et par Rafael Maestro, directeur de Ciné Passion en Périgord, l’association qui a la responsabilité en Dordogne de nombreuses actions liées au cinéma.
"Désormais, les billets seront gérés pendant la période du Festival comme le reste de l’année, avec des reversements aux divers ayants-droit."
La nouvelle équipe va apporter quelques modifications notables dans l’organisation générale : le gérant du cinéma, Arnaud Vialle, va retrouver, avec Blandine Bollier, la gestion des quatre salles du Rex, portées à six en 2014. Désormais, les billets seront gérés pendant la période du Festival comme le reste de l’année, avec des reversements aux divers ayants-droit.
En 2011, l’équipe du Festival va également modifier le processus de choix des récompenses : pour les longs métrages de la sélection officielle (de 6 à 8 films par an), il n’y aura plus de jury professionnel : les prix seront attribués par tous les lycéens, un jury jeune de sept lycéens et le public sarladais. Le jury jeune choisit aussi les prix d’interprétation féminine et masculine. Un jury professionnel est maintenu pour les courts métrages et les films lycéens réalisés durant l’année scolaire
La même année, le Festival crée, avec ÉCLA Aquitaine, Ciné Passion en Périgord et le BAT de Lot-et-Garonne, une journée professionnelle Aquitaine, afin de réunir des comédiens, des techniciens… en créant un lieu d’échanges avec la participation de Pôle Emploi, de l'Afdas et d’Audiens. Ces réunions vont évoluer et, depuis plusieurs années, elles mettent en présence les responsables des bureaux départementaux et régionaux (ALCA Nouvelle-Aquitaine) d’accueil de tournages.
En 2012, Marc Bonduel propose au public plus de vingt films français et étrangers, regroupés dans une nouvelle section intitulée "Tour du Monde", dont le succès va croissant d’année en année.
Depuis 2017, le festival se déploie dans d’autres cinémas adhérents de Ciné Passion en Périgord, au Buisson de Cadouin, à Montignac ou à Terrasson, proposant des séances en présence des équipes artistiques venues à Sarlat.
Marc Bonduel ayant décidé de prendre sa retraite après le festival de 2018, Jean-Raymond Garcia assura avec talent et enthousiasme la programmation en 2019. C’est avec lui que le président du Festival a signé la charte 50/50, destinée à défendre la parité et la diversité dans tous les métiers liés au cinéma et à l’audiovisuel.
Christelle Oscar a aujourd’hui cette belle responsabilité en tant que Déléguée Générale.
Elle a sélectionné 9 longs métrages en sélection officielle, 18 en section Tour du monde, 14 en section Jeunes regards, une innovation, et 3 en séance spéciale.
8 courts métrages seront également projetés.
"Quatre autres films de Fritz Lang seront présentés aux 600 lycéens et professeurs venus de 25 établissements de toute la France, ainsi que des conférences, des ateliers et, pour certains d’entre eux, la réalisation de petites séquences."
Annick Sanson et Rafael Maestro, les deux responsables du programme lycéen, ont préparé ce programme autour du film du baccalauréat 2022 Le Secret derrière la porte de Fritz Lang. Quatre autres films de Fritz Lang seront présentés aux 600 lycéens et professeurs venus de 25 établissements de toute la France, ainsi que des conférences, des ateliers et, pour certains d’entre eux, la réalisation de petites séquences, dix courts métrages pour lesquels ils seront accompagnés par 25 réalisateurs, comédiens et monteurs professionnels, tous bénévoles.
Pour fêter les 30 ans du Festival, nous avons accroché dans la rue principale de Sarlat, la rue de la République, 13 affiches et 13 photos illustrant les trente ans.
Durant le Festival, devant le cinéma Rex ou au Centre culturel, le quartet Plein Écran interprétera des musiques de films. Ces musiques seront également diffusées sur le réseau sonore de la ville.
Avant chacune des 130 projections dans les six salles du Rex, où vous attendent Blandine Bollier et Arnaud Vialle, seront diffusés des témoignages enregistrés par celles et ceux qui ont participé à l’aventure du festival.
L’association a préparé un livre – album qui raconte l’histoire de ce festival pas comme les autres –, où plus de 18 000 lycéens inscrits en option Cinéma ont découvert, depuis 1991, les films du bac.
Ce livre sera offert à tous les lycées proposant un enseignement spécialisé Cinéma et à tous ceux qui ont contribué à la réussite du festival.
Il sera présent sur le site du festival à partir du mardi 9 novembre 2021.
L’association des amis du cinéma Rex ouvrira une souscription, jusqu’au 31 décembre 2022, pour que tous les cinéphiles puissent se procurer cet ouvrage, à prix coûtant.