L’Homme qui a vu l’homme
L'Homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun, aux Éditions Flammarion / Ombres noires.
"God damn it, it’s a perfect crime !" : ce morceau des Gun’s Roses qu’écoute Iban Urtiz, le jeune journaliste héros de ce roman, est comme un résumé lapidaire et macabre de son enquête. Qu’on en juge : Iban s’est lancé à corps perdu dans la recherche des causes de la disparition d’un militant basque, Joskin Sasco, quelque part au nord de Bayonne. Sa famille, son organisation, les différentes polices françaises, des hommes de main détiennent chacun une part d’information, voire de vérité, sur le destin de Joskin. Le lecteur sait, lui, depuis les premières pages du livre, qu’il a été victime d’un enlèvement perpétré par une équipe "mixte" de policiers et truands espagnols. Iban reconstitue, opiniâtrement, son dernier parcours, soigneusement caché. Sa ténacité, il la tient de sa conscience de journaliste ; mais aussi de l’attachement qu’il porte à la sœur du militant, Etzia, et sans doute à la mémoire de son père, originaire du pays Basque, qu’il n’a pas connu.
Le récit est comme une marche forcée, de plus en plus fiévreuse, de plus en plus dangereuse entre les investigations d’Iban et les basses manœuvres des barbouzes. À l’image des livres précédents de Marin Ledun (mais ici dans une forme plus achevée) L’homme qui a vu l’homme ne manque ni d’action ni de réflexion ; au service de la première, une intrigue libérant une cascade continue de faits et de retournements de situation. Cet activisme fébrile que déploient les protagonistes ne parvient pas à masquer les interrogations que les plus lucides portent sur l’arrière-plan de ce drame politique. Bref, que ce soit dans la forme ou dans le fond, une totale réussite.
L'Homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun
éd. Flammarion / Ombres Noires
janvier 2014
462 pages
18 euros
ISBN : 978-2-08-130808-4