Le Fantôme de Mr Canardin
Et si cet été nous reprenions le chemin des romans-feuilletons d’antan ? Après L'Aventurier malgré lui de Camille Debans, découvrez l'histoire pas vraiment sérieuse du Fantôme de Mr Canardin.
Voilà un bien étrange roman que publie l’Almanach du Courrier du Centre, édité à Limoges en 1922 : tout à la fois roman policier (un meurtre, du sang, du suspense) et novel détective (un détective privé, des rebondissements) dans le sens de Le "Detective Novel" et l'influence de la pensée scientifique (étude de Régis Messac sur les origines du roman policier, parue en 1929 à la librairie Honoré Champion) : "Un bon roman policier, écrit-il, possède des qualités d'harmonie, d'organisation intérieure, d'équilibre, qui répondent à certains besoins de l'esprit", que l’on retrouve dans Le Fantôme de Mr Canardin.
L’auteur dépasse le "polar" pour flirter avec le roman de science-fiction (où plutôt à cette époque en France de Merveilleux scientifique — on pense à L’homme truqué de Maurice Renard, Les Hommes frénétiques d’Ernest Pérochon ou encore à HG Wells), à coups d'inventions, de chercheurs fous, de projections dans un futur proche comme l’annonce le prologue : "Nous sommes en 1932, après la chute de la République et la guerre hispano-japonaise ; l'État libre de Limoges est un des plus florissants de l'ancienne France. La culture des 'fèves' est devenue obligatoire et l'élevage des caïmans fournit à la population des campagnes des ressources insoupçonnées."
Il y a aussi une touche de roman sentimental (un mariage ou deux, un prétendant éperdu et une intrigue de jalousie amoureuse dans la veine de L’Égarée sur la route de Gaston Chérau) et enfin un soupçon de roman d’horreur (le fantôme bien sûr mais aussi la prison diabolique au fond d’une rivière).
"L’histoire est illustrée par l’auteur lui-même qui d’ailleurs participe grandement à l’élaboration de cet Almanach du Courrier du Centre 1922 : articles, illustration des textes et aussi certaines publicités."
Surtout on comprend dès la page titre que cette histoire ne sera pas vraiment sérieuse : "scénario en dix épisodes d'après l'Œuvre Immortelle du Célèbre Prosper Judandouille de l'Académie Française (de Billard). Adaptation morale et consciencieuse de R. de la Grandval."
L’histoire est illustrée par l’auteur lui-même qui d’ailleurs participe grandement à l’élaboration de cet Almanach du Courrier du Centre 1922 : articles, illustration des textes et aussi certaines publicités. Reste que cette histoire est une fantaisie, entre farce et film burlesque : R. de la Granval la définie lui-même comme une "adaptation cinématographique."
Vous allez suivre les aventures du riche et vieux savant Cyrille de Saint-Chameau et de sa fille Valentine, du Vicomte de la Rochegrise, le chef de la terrible "Bande des Ongles bleus", et de Fil de fer, le fameux détective, de Narcisse Fleurdebouquin, le collaborateur de M. de Saint-Chameau secrètement amoureux de Valentine, et bien sûr de Monsieur Canardin et de son fidèle Bamboula. Ainsi que quelques autres personnages hauts en couleurs...
Le délire peut commencer.