Les histoires de famille des élèves du lycée Arnaud-Daniel de Ribérac
L'auteur Bernard Boulad a été accueilli au printemps dernier au lycée Arnaud-Daniel, à Ribérac (24), dans le cadre du dispositif Résidences en territoire. Il revient avec Prologue sur ces deux mois de résidence au cours desquels il a initié les élèves au roman graphique en les plongeant dans des histoires qu'ils ont vécues ou qu'un membre de leur famille a vécues.
Que retenez-vous de ces semaines de résidence passées au contact des élèves du lycée Arnault-Daniel de Ribérac ?
Bernard Boulad : C'était pour moi une première expérience dans un contexte lycéen. J'avais une appréhension sur le bon déroulement du projet et j'ai été surpris de voir que le sujet traité intéressait les élèves. Le plus important était d'intriguer les lycéens à ce type d'approche, de pouvoir s'approprier une partie de leur histoire familiale, de la raconter sous une forme de récit graphique. Le contexte était compliqué avec les demi-jauges et les cours à distance, on manquait de temps pour pouvoir aboutir à une restitution finie. Ce travail était également une façon de transmettre mes intérêts, mon cheminement professionnel, mes préoccupations. J'avais 15 équipes d'élèves, ils avaient chacun leur façon d'œuvrer. Nous nous sommes focalisés sur une seule histoire par groupe même si ces groupes étaient composés de plus d'une personne.
Vous avez travaillé avec les élèves sur le projet Histoire de famille. Comment s'est organisée cette médiation et des créations ont-elles émergé ?
B.B. : Les élèves avec qui j'ai travaillé étaient en spécialisations Cinéma et Histoire-Géopolitique. Les enseignants ont choisi ces groupes car ils étaient plus sensibles à ce type d'activité. Nous avons demandé aux lycéens de participer sur la base du volontariat pour s'assurer du niveau d'implication. Il fallait que je m'adapte à chacune des équipes : à leur vitesse d'exécution, leur compréhension de la démarche et aussi leur motivation à rédiger un scénario. Même si la finalité était la production d’une mini bande dessinée, ce qui m’importait était le travail de rédaction, de création. Certains avaient des talents de dessinateur assez affirmés. Des lycéens ont voulu dessiner de suite et je leur ai fait comprendre qu’il fallait qu’ils écrivent avant.
Est-ce que le roman graphique était une découverte pour les élèves, comment se le sont-ils approprié, est-ce que l'image a facilité l'approche du rédactionnel ou à l'inverse est-ce que le rédactionnel a facilité l'approche de l'image ?
B.B. : Quelques lycéens connaissaient la bande dessinée en général mais pas tant que ça, ce n’est pas un art qui a traversé les années. Peut-être parce que c’est une génération qui est née dans les images numériques. Dans leur plus jeune enfance, ils ont connu les Tintin et les autres stars de BD franco-belge mais en sortant de l’enfance c’est un domaine qu’ils ont moins fréquenté ou bien ils sont tombés dans le manga. Il est clair que la rédaction, surtout en équipe, est une étape assez difficile. C’est toujours l’image qui prédomine, c’est le résultat final qui les intéresse. Ils veulent toujours passer à l'exécution, ce qui est normal, mais sans forcément comprendre les étapes à suivre.
Denis Ferrand, enseignant Cinéma, a accompagné la résidence et les ateliers menés par Bernard Boulad
Comment se sont impliqués les élèves et plus largement le lycée dans cette résidence ?
Denis Ferrand : Nous avons mis à la disposition de Bernard Boulad des groupes d’élèves à la fois issus des options Cinéma et de l'enseignement spécialisé Histoire-Géopolitique. Nous avons mélangé des lycéens de seconde et de première afin d’avoir une diversité dans les profils. Le lycée a mis une salle à la disposition de l'auteur, qui a aussi travaillé dans le CDI et dans notre salle Cinéma.
Qu'a donc apporté cette résidence aux élèves et au programme pédagogique ?
D.F. : Étant un établissement ruralisé, nous avons eu la chance de recevoir un artiste qui fasse le déplacement, qui prenne le temps d’aller au contact des élèves et de les connaître sur un temps relativement long. D'habitude, c'est nous qui sommes amenés à nous déplacer quand on veut mener une activité culturelle. Cette résidence était une façon de valoriser le parcours individuel des lycéens aux profils différents les uns des autres. La plupart ont écrit un scénario complet, très peu ont décroché malgré la continuité hachée.