Mimosa
Lucie Braud et Édith Grattery, alias Catmalou et Édith, signent Mimosa aux Éditions Soleil, un album de strips autour du quotidien d’une petite fille pleine de répartie, habitée par des préoccupations existentielles, entre enfance et monde adulte.
Il y a des personnages qui n'ont pas d'âge. Des petits héros qui pourraient avoir cinq, dix ou vingt ans, indistinctement. Ce n'est pas le cas de Mimosa.
Mimosa a l'âge très exact où l'on a un pied dans l'enfance et un pied dans cette purée de pois qu'on appelle l'adolescence. Cet âge pas si facile où on ne croit plus au Père Noël mais où on croit encore ses parents.
Mimosa a l'âge où les garçons peuvent être sexy mais où s'embrasser sur la bouche, c'est trop dégueu.
Mimosa a l'âge où on commence à avoir honte de sa mère mais pas de son doudou.
Et cet âge-ci, Catmalou le visite avec un humour plus tendre que moqueur et une pointe d'admiration pour la capacité de Mimosa à trouver des théories sur tout et n'importe quoi. Car Mimosa réfléchit, et questionne. Beaucoup de choses la préoccupent : la salubrité de son vieux chat pourri, l'alignement des boîtes de petits pois et, surtout, l'avenir. Plus tard, elle hésite entre devenir Hulk ou jardiniaire. Mais avant ça, elle devra aller au collège, puis au lycée, récurrents sujets de conversation. Là-bas, les garçons seront encore plus bêtes, mais ils seront aussi plus nombreux : c'est bien, ça laisse du choix. La sexualité est souvent évoquée au fil des strips, sans tabou ni grossièreté. Mimosa dit tout ce qui lui passe par la tête, entre candeur et maturité naissante. L'amour, les seins qui poussent, la mort, tous les sujets y passent, et les questions s'accumulent.
Car elle ne parle pas toute seule, Mimosa, elle aime qu'on l'écoute, et papa et maman s'y collent. Comme dans les vieux cartoons américains où on entend les adultes sans les voir, les parents sont présents sans être représentés, et n'existent qu'en paroles. Ils gravitent autour de Mimosa, sans être tout à fait dans le même univers. D'ailleurs, elle aimerait bien qu'ils soient un peu plus normaux : si papa pouvait mettre une cravate au lieu d'être un rockeur alcoolique – parce que les rockeurs sont toujours alcooliques – , ça l'arrangerait bien. C'est que, mi-déjantés mi-losers, les parents valent aussi leur pesant de cacahuètes, loin des clichés des parents raisonnables et un peu rasoirs, à tel point que Mimosa préfère les savoir au bistrot plutôt qu'en sortie scolaire. Enfin, surtout maman, qui ne peut pas faire deux pas sans s'étrangler avec un moucheron.
À la fois blasée et pleine de curiosité, Mimosa observe le monde et parle beaucoup parce que son cerveau est trop rempli, de son propre aveu. Ses fulgurances ont parfois l'ingratitude de l'adolescence, mais révèlent surtout le besoin de comprendre de l'enfant qui grandit.
Mimosa a l'âge très exact où l'on a un pied dans l'enfance et un pied dans cette purée de pois qu'on appelle l'adolescence. Cet âge pas si facile où on ne croit plus au Père Noël mais où on croit encore ses parents.
Mimosa a l'âge où les garçons peuvent être sexy mais où s'embrasser sur la bouche, c'est trop dégueu.
Mimosa a l'âge où on commence à avoir honte de sa mère mais pas de son doudou.
Et cet âge-ci, Catmalou le visite avec un humour plus tendre que moqueur et une pointe d'admiration pour la capacité de Mimosa à trouver des théories sur tout et n'importe quoi. Car Mimosa réfléchit, et questionne. Beaucoup de choses la préoccupent : la salubrité de son vieux chat pourri, l'alignement des boîtes de petits pois et, surtout, l'avenir. Plus tard, elle hésite entre devenir Hulk ou jardiniaire. Mais avant ça, elle devra aller au collège, puis au lycée, récurrents sujets de conversation. Là-bas, les garçons seront encore plus bêtes, mais ils seront aussi plus nombreux : c'est bien, ça laisse du choix. La sexualité est souvent évoquée au fil des strips, sans tabou ni grossièreté. Mimosa dit tout ce qui lui passe par la tête, entre candeur et maturité naissante. L'amour, les seins qui poussent, la mort, tous les sujets y passent, et les questions s'accumulent.
Car elle ne parle pas toute seule, Mimosa, elle aime qu'on l'écoute, et papa et maman s'y collent. Comme dans les vieux cartoons américains où on entend les adultes sans les voir, les parents sont présents sans être représentés, et n'existent qu'en paroles. Ils gravitent autour de Mimosa, sans être tout à fait dans le même univers. D'ailleurs, elle aimerait bien qu'ils soient un peu plus normaux : si papa pouvait mettre une cravate au lieu d'être un rockeur alcoolique – parce que les rockeurs sont toujours alcooliques – , ça l'arrangerait bien. C'est que, mi-déjantés mi-losers, les parents valent aussi leur pesant de cacahuètes, loin des clichés des parents raisonnables et un peu rasoirs, à tel point que Mimosa préfère les savoir au bistrot plutôt qu'en sortie scolaire. Enfin, surtout maman, qui ne peut pas faire deux pas sans s'étrangler avec un moucheron.
À la fois blasée et pleine de curiosité, Mimosa observe le monde et parle beaucoup parce que son cerveau est trop rempli, de son propre aveu. Ses fulgurances ont parfois l'ingratitude de l'adolescence, mais révèlent surtout le besoin de comprendre de l'enfant qui grandit.
"Tout ce qui se passe dans la tête de Mimosa se reflète sur son visage, avec ses yeux ronds ou en demi-lune, ses sourcils expressifs et son nez en point d'interrogation."
Ce portrait de préadolescente est magnifiquement illustré par le dessin d'Édith, qui colle parfaitement à son sujet et évoque irrésistiblement les beaux albums jeunesse que les grand lisent avant d'offrir. Tout ce qui se passe dans la tête de Mimosa se reflète sur son visage, avec ses yeux ronds ou en demi-lune, ses sourcils expressifs et son nez en point d'interrogation. Les strips sont traités avec simplicité : la palette de couleur est concise, goût fraise et abricot, et les cadrages fixes se focalisent sur le personnage central dont ils délimitent l'univers, entre canapé, cour d'école et table du petit déjeuner.
Au milieu de cette épure, Édith a ajouté un élément savoureux, qui participe autant au plaisir de la lecture que les gags en eux-mêmes : l'illustratrice s'est amusée à inventer à Mimosa une extraordinaire galerie de couvre-chefs, où le bonnet à tête d'animal a une place privilégiée. Une fois de plus, Mimosa n'a pas n'importe quel âge : le look, c'est important ; mais les koalas, c'est encore mieux.
Avec cet album, dont l'humour est toujours sur le fil entre poésie et nonsense, Catmalou et Édith semblent faire hommage aux grands noms qui ont mis l'enfance au cœur du strip, Charles M. Schulz, Bill Waterson, ou encore Richard Thompson et ses gamins hors-normes. Le cadre est résolument contemporain, mais les préoccupations de Mimosa restent intemporelles, universelles. Tout le monde y est un peu bousculé : le maître d'école, maman, l'amoureux transi. Tous ont leurs failles, leur fantaisie propre, aussi. Finalement, cet âge si particulier entre le monde de l'enfance et celui des adultes ne durerait-il pas toute la vie ?
Mimosa - Les choses changent... c'est énervant, de Catmalou et Édith
Éditions Soleil
Collection Noctambule
mai 2019
22,95 euros
ISBN : 978-2-302-07553-5
Au milieu de cette épure, Édith a ajouté un élément savoureux, qui participe autant au plaisir de la lecture que les gags en eux-mêmes : l'illustratrice s'est amusée à inventer à Mimosa une extraordinaire galerie de couvre-chefs, où le bonnet à tête d'animal a une place privilégiée. Une fois de plus, Mimosa n'a pas n'importe quel âge : le look, c'est important ; mais les koalas, c'est encore mieux.
Avec cet album, dont l'humour est toujours sur le fil entre poésie et nonsense, Catmalou et Édith semblent faire hommage aux grands noms qui ont mis l'enfance au cœur du strip, Charles M. Schulz, Bill Waterson, ou encore Richard Thompson et ses gamins hors-normes. Le cadre est résolument contemporain, mais les préoccupations de Mimosa restent intemporelles, universelles. Tout le monde y est un peu bousculé : le maître d'école, maman, l'amoureux transi. Tous ont leurs failles, leur fantaisie propre, aussi. Finalement, cet âge si particulier entre le monde de l'enfance et celui des adultes ne durerait-il pas toute la vie ?
Mimosa - Les choses changent... c'est énervant, de Catmalou et Édith
Éditions Soleil
Collection Noctambule
mai 2019
22,95 euros
ISBN : 978-2-302-07553-5
Hélène Labussière vit en Charente, après avoir passé une quinzaine d'années sur Bordeaux, où elle a travaillé pour Écla Aquitaine (agence intégrée à ALCA Nouvelle-Aquitaine en 2018), autour des thématiques de la lecture publique, du numérique et des questions juridiques. Aujourd'hui, elle est libraire à Angoulême et scénariste de bande dessinée sous le pseudonyme Nena.