Des lycéens haut-corréziens se racontent avec Nirina Ralantoaritsimba

L'autrice Nirina Ralantoaritsimba a été accueillie à l'automne 2021, dans le cadre du dispositif Résidences en territoire, au sein des lycées haut-corréziens Bernart-de-Ventadour, à Bort-les-Orgues, et Bort-Artense, à Ussel. Durant six semaines, elle a partagé avec les élèves son travail interrogeant l'identité et les origines, et a encadré la réalisation de capsules vidéo et d'un reportage photo.

Rencontre avec Nirina Ralantoaritsimba, Valérie Bailloud Ferrier, enseignante en arts plastiques et appliqués au sein des deux établissements scolaires, et Nathalie Bachellerie, médiatrice de la médiathèque intercommunale de Haute-Corrèze, en charge de l'animation culturelle et des ressources.

Comment s'est mise en place cette résidence et donc cette rencontre entre une artiste, deux lycées et un territoire ?

Valérie Bailloud Ferrier : La résidence est née d'un point de vue administratif en 2019, quand j'ai inscrit les établissements au projet. L'accompagnement d'ALCA pour la rédaction des conventions a été de mon point de vue très facilitateur. Nous avons ensuite reçu une liste composée de cinq artistes, tous très intéressants et en phase avec ce que nous faisons. La sélection été un vrai cas de conscience, mais le fait que Nirina a déjà une expérience dans la vidéo a motivé ma décision parce qu'il s'agit d'un support qui ne m'était pas vraiment familier.

Nirina Ralantoaritsimba : Ma démarche a été de répondre à l'appel à projets et de présenter mes propositions de travaux artistiques et de médias dont faisait partie la réalisation. D'abord prévue en 2020, la résidence a été reportée à cause de la pandémie. J'ai finalement découvert pendant ces six semaines une région que je ne connaissais pas. Allier création et voyage a été également un élément positif de cette résidence.

Dans ma note d'intention, j'avais orienté le projet sur un travail qui me tient à cœur et que je développe à d'autres endroits, qui est la question de l'identité, du métissage et des origines. En échangeant avec Valérie, le sujet s'est ajusté autour de la question : "Qui suis-je et comment me raconter ?"

Des créations ont-elles résulté des rencontres et des ateliers avec les lycéens ? Comment se sont organisés ces moments de travail et d'échange ?

N.R. : Lors de la première séance avec les lycéens, je suis venue me présenter devant chaque classe et parler du projet en leur disant que c'est un travail à construire ensemble. Je leur ai expliqué de manière illustrée la distinction entre une œuvre de fiction et une œuvre documentaire. Nous avons aussi étudié, à partir du making-of d'une fiction, la construction d'un film, ce que cela implique en matière d'effectif et de compétences. Je leur ai présenté mon matériel de travail et les ai ainsi sensibilisés à l'objet. Ensuite, nous avons fait des essais de prises de parole avec des jeunes. Nous avons enfin réalisé un making-of en images de la dernière semaine de tournage, idée qui nous a été suggérée par Nathalie.

V.B.F. : Je pense que les élèves ont été surpris par le sens de l'écoute et par la disponibilité de Nirina. C'est ce qui à mon sens leur a permis de se livrer voire pour certains se révéler. Sous le biais du film, de nombreux élèves se sont sentis intégrés dans l'établissement, dans leur vie de lycéens.

Pouvez-vous revenir sur cette collaboration avec la médiathèque qui accueillera bientôt la restitution des travaux des étudiants ?

Nathalie Bachellerie : J'ai rencontré Nirina à la médiathèque et son projet, dont le sujet questionne l'identité des jeunes en lien avec le territoire, m'a beaucoup intéressée. C'était l'occasion de prolonger le partenariat déjà engagé avec le lycée puisque j'ai déjà travaillé avec Valérie pour des restitutions de travaux d'élèves. La projection d'un court métrage, une exposition de photos et de dessins vont rythmer cette restitution qui crée un lien bien plus important parce que seront aussi présentes les familles et les amis. Les jeunes sont vraiment acteurs de cette exposition puisqu'ils participent à son installation et à sa mise en forme.

V.B.F. : L'exposition pourra ensuite être utilisée au sein de l'établissement, notamment à l'occasion de nos journées portes ouvertes. À Bort-les-Orgues, les travaux des lycéens seront présentés au cinéma de la commune et aussi au CDI.