"Linda veut du poulet !" : tendre morceau d'enfance

Sébastien Laudenbach et Chiara Malta s’unissent pour réaliser Linda veut du poulet !, qui sort en salles le 18 octobre. D’un humour simple et presque expérimental qui a raflé de nombreux prix en festival, c’est une véritable histoire d’amour, de deuil et de... poulet, qui s’offre aux yeux du public.

À huit ans, Linda vit dans une des tours d’une grande résidence avec sa mère, entourée d’un bon nombre de copines avoisinant son appartement. La jeune fille aime deux choses : la couleur jaune et la bague de sa mère, que celle-ci refuse de lui prêter, de peur de ne jamais revoir le bijou offert par son défunt mari. Alors que l’anneau disparaît, Paulette accuse sa fille et la punit. Injustement, car Linda a bien rangé, comme elle l’affirme, le précieux bijou. Pour se faire pardonner de cette calomnie, une seule solution : cuisiner un poulet aux poivrons.

Linda veut du poulet aux poivrons, donc. Mais où dénicher un poulet quand le pays est en grève générale, et que chaque commerce a fermé ses portes pour permettre à ses propriétaires d’aller manifester ?

La quête familiale du poulet va s’étendre à toute la cité. Cité, au sens littéral du terme, qui n’est pas ici présentée comme un lieu de violence mais plutôt de solidarité. Tous les voisins vont s’unir pour aider Paulette et Linda à trouver l’ingrédient clé de la recette du poulet aux poivrons, seul et unique héritage laissé par le défunt père. Tout le monde se donne corps et âme pour que la petite Linda le mange, ce poulet. Et ce n’est pas sans rebondissements. Il faudra braver les manifs, dépasser le manque du père, résister à la police maladroite et défier la tante yogi, qui ne semble pas comprendre la gravité de la situation.

Même si l’humour vient teinter les séquences du film, le rapport au deuil vient aussi s’y installer, avec toutes les questions qu’il peut soulever. Cette aventure permettra à mère et fille de faire le deuil de leur mari et père respectif de renforcer leurs liens, et d’accepter la monoparentalité au lieu de la subir. Cette morosité n’enlève en rien la déflagration de couleurs qu’est le film, chacune d’entre elles se rapportant à une galerie de personnages animés, voués à satisfaire le petit caprice de Linda.

Devant Linda veut du poulet !, on rit, on compatit, on pleure même un petit peu. Un film d’animation pour petits et grands qui vise juste dans l’humour comme dans la réalisation, se permettant une liberté de ton qui fait du bien, et qui rappelle l’innocence de l’enfance.

Linda veut du poulet ! de Sébastien Laudenbach et Chiara Malta
Animation 2D / Production : Dolce Vita, Miyu Productions / Distribution : Gebeka Films / France, Italie  / 75 min
Soutien au développement et à la production de la Région Nouvelle-Aquitaine et du Département de la Charente, en partenariat avec le CNC et accompagné par ALCA et le Pôle Image Magelis.

En salle le 18 octobre 2023.