Lorsque deux auteurs de polar se rencontrent au Chalet Mauriac…
Thierry Robberecht et Guillaume Guéraud séjournent au Chalet Mauriac jusqu’au 4 juillet prochain, à l’occasion d’une résidence programmée en partenariat avec le salon de roman policier "Du sang sur la page"de Saint-Symphorien qui s’est tenu du 2 au 6 juin dernier.
Ils sont tous deux auteurs de polars jeunesse ; l’un habite à Marseille mais est un enfant de la banlieue bordelaise, c’est Guillaume Guéraud, l’autre, passionné de littérature, d’échecs et de jazz, vit à Bruxelles, c’est Thierry Robberecht.
Guillaume et Thierry occupent leur résidence à l’écriture d’un roman.
Guillaume : Je démarre tout juste un roman un peu particulier. Je me suis donné un mois pour en commencer l’écriture. Ce n’est pas la première fois que je fais une résidence. En revanche, c’est la première fois que me vient une super idée de roman, mais je ne sais pas si elle est viable. Je me suis donné ce temps de résidence pour écrire vingt pages et après je saurai si je poursuis ou pas…
Il s’agit d’un polar, qui n’est pas a priori jeunesse d’ailleurs, un roman photographique, mais sans photos. À la place des photos, il y aurait des cadres uniquement avec des légendes. Je raconte une histoire en écrivant les légendes des photos qui ont disparu. Ce principe inédit me fascine, mais c’est compliqué à mettre en œuvre… J’ai déjà écrit une quinzaine de pages et pour le moment ça marche. Mais comme l’histoire prend un virage avec une intrigue noire et brutale, je me demande si ce principe va continuer à fonctionner… J’ai bon espoir… C’est ensuite que je ferai des tests autour de moi : auprès de mon amie et de mon éditrice.
D’habitude je ne suis pas fan du calme, j’habite Marseille, ville bruyante et minérale, mais là j’apprécie le silence et la verdure. Ici je suis déconnecté, pas parasité par plein de choses. Mais le fait d’écrire toute la journée me pose un problème, je ne suis pas habitué. Mes activités habituelles me manquent parfois : aller au cinéma, boire un verre en ville… Le rythme d’ici m’oblige à travailler plus tôt et plus longtemps. Mais, j’écris beaucoup plus en fin de compte.
Thierry : Cette année, j’ai écrit deux romans pour la jeunesse. J’ai décidé de consacrer ma résidence à l’écriture d’un roman qui n’est pas particulièrement jeunesse puisqu’il s’agit d’une histoire d’amour entre deux personnages qui ont l’impression d’être au bout de leur vie. Pour moi aussi, c’est la première fois que j’engage dans un projet autre que pour la jeunesse. Quand j’écris chez moi, je sais que c’est pour publier. La résidence me permet d’explorer à plein temps un travail d’écriture dont je ne sais pas encore ce qu’il adviendra…
La résidence permet le recul sur ma vie, sur ce que j’ai envie de raconter, où j’en suis dans la narration, dans mon écriture. Ça apporte beaucoup. Et puis, parce que nous avons la même ambition d’écrire, il y a une sorte d’émulation entre nous. Le matin, nous prenons le café et ensuite chacun se met au travail.
L’éloignement de la vie pragmatique et quotidienne nous permet de nous concentrer dans le silence. Comme Guillaume j’habite une grande ville. Mon roman se passe à Bruxelles. Paradoxalement, l’éloignement de cette ville me permet d’imaginer d’autres choses. De voir ce qui reste lorsque que l’on est loin, ce que l’on a envie de raconter.
Et j’ai des compagnons1 vraiment sympas car ils font la cuisine – je ne sais pas cuisiner…
1Sol Hess et Nelson Bourrec Carter sont en résidence dans le même temps au Chalet Mauriac.
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