Le retour aux sources de Christine Beigel
Christine Beigel était partie de sa première résidence en juin 2013 en disant qu’elle reviendrait. Deux ans après c’est chose faite, elle a été de nouveau accueillie au chalet pour une résidence de médiation et en a profité pour venir exposer à la médiathèque de Saint-Symphorien le fruit du travail commencé lors de son dernier passage. Retour sur sa deuxième expérience de résidence.
Christine Beigel était venue pour sa première résidence afin de se lancer dans un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps : celui de rajouter la corde d’illustratrice à son arc artistique. Des bestioles avaient alors investi le chalet Mauriac, car elle avait pour ambition de réaliser un abécédaire composé essentiellement d’animaux. Chacun étant accompagné d’un texte composé de jeux de mots autour de la lettre à l’honneur. Ses efforts ont finalement payé car son travail a été publié en novembre 2014 sous le titre ABC Bêtes par la maison d’édition Gautier-Languereau, qui publie déjà la série des "Mamie Poule Racont" dont elle rédige les textes, avec Hervé Le Goff aux illustrations.
Pour mettre en valeur son travail commencé au chalet, Christine Beigel a été invitée à exposer ses originaux à la médiathèque de Saint-Symphorien. Où ses dessins seront mis en écho avec ceux qu’elle a réalisé avec les élèves de l’école maternelle de la ville qui se sont initiés à la technique des tampons. Ça sera sa première exposition autour de ce travail où elle mettra en avant les originaux, des gravures et des photos du travail de création. Elle a ainsi essayé de restituer l’ambiance de l’atelier qu’elle avait mis en place au Chalet Mauriac, en restituant son travail d’alors en accrochant des ficelles pour faire sécher ses feuilles d’animaux tamponnés. Pour Christine Beigel, tester cette installation à Saint-Symphorien était essentiel pour pouvoir ensuite aller la proposer à d’autres médiathèques. Elle sait qu’ici elle retrouvera le regard bienveillant dont elle avait eu besoin au moment de l’éclosion de ce travail.
L’auteur a également réalisé la performance d’un spectacle adapté d’un de ses albums La petite fille qui marchait sur les lignes, publié aux éditions Møtus, dont elle a fait la mise en espace pour un spectacle dansé. À savoir qu’elle s’est occupée des décors, des marquages des fameuses lignes sur le sol, de la lumière et du son. Pour le côté danse, l’interprétation est confiée à une danseuse professionnelle, Nathalie Quoniam de la Compagnie parisienne de la Mécanique des fluides, qui interprète cette petite fille qui marche sur les lignes de la ville et de la vie.
Elles ont d’ailleurs toutes les deux un nouveau projet de lecture dansée qui existe depuis mars 2015 qui s’intitule Et toi tu lis quoi ? qui est destiné à des enfants déjà lecteurs du CP au CM2. Avec une volonté de faire des performances dans des médiathèques afin d’avoir les rayonnages de livres pour décor. Un spectacle qui met en valeur la littérature de jeunesse, dont plusieurs de ses propres textes. C’est un projet qui avait commencé à prendre forme lors d’une autre résidence d’écriture à Falaises en 2012. Les deux artistes présentent différentes formes de textes : le conte, le roman épistolaire, des albums jeunesse, des poèmes, et des lectures de début de romans. Qui sont toujours la promesse du début d’un beau voyage.
En passant par la Gironde elle en a également profité pour aller participer au salon du livre de Bazas où elle a pu présenter ses albums autour de l’art parus à l’Élan Vert pour les classes de primaire. À savoir des albums qui parlent d’artistes peintre tel Robert Delaunay ou Piet Mondrian et ses romans parus aux éditions Sarbacane pour les collégiens. Elle a également passé un moment à Soulac-sur-Mer pour leur présenter l’ABC Bêtes.
En revenant pour cette résidence plus courte de médiation, elle s’est focalisée sur son nouveau travail d’illustratrice autour d’un projet d’album grand format dont elle a prévu d’avancer des crayonnés déjà bien aboutis.
Et pour Christine Beigel le fait d’être devenue auteur/illustratrice c’était pour elle véritablement passé une nouvelle étape dans son travail. Sans la résidence d’écriture au Chalet Mauriac, elle le dit elle-même : "Je ne l’aurai jamais fait". Ce chalet qui est pour elle un lieu d’exploration d’artistique, car en plus de ce nouveau projet d’album elle va également avancer sur des projets plus personnels autour d’une littérature tournée vers les adultes.
D’ailleurs les deux œuvres sur lesquelles l’artiste avait travaillé lors de son passage en résidence d’écriture : ABC Bêtes, et La fille de l’hôtesse de l’air sont respectivement dédicacés à Manon Jaillet et Aimée Ardouin. Comme pour marquer un peu plus le lien qui s’est créé entre elle et l’éditrice de La Maison est en carton à Soulac et la responsable de programmation du Chalet Mauriac.
Christine Beigel est donc revenue au chalet Mauriac car on sent bien que cette résidence d’écriture a influencé d’une empreinte durable son parcours d’auteur. Elle y a ses marques désormais, connaît chaque pièce, chaque qualité d’ensoleillement de tel ou tel endroit où travailler. On sent qu’elle s’y trouve comme chez elle. D’ailleurs, chez elle désormais à Paris, elle a son propre atelier d’artiste indépendant de son appartement, et dans son quartier de Montmartre, elle n’a que quelques pas à faire pour aller rejoindre son nouveau cocon de création. Et qui sait si en allant d’un bon pas pour faire bouger toutes les idées qui l’animent chaque jour, elle ne sent pas des odeurs de pin landais lorsque celles de Paris baissent un peu la garde.