"Devenir homme" selon Federico Montero
Premier lauréat des résidences internationales cinéma d’ALCA, le réalisateur costaricien Federico Montero a travaillé à la Prévôté du 21 juin à ce 12 juillet son projet de long métrage questionnant le sujet de la masculinité, Us Men Die Sooner, présenté initialement lors du"Jump In" du Poitiers Film Festival.
Que raconte votre projet de premier long métrage et quels choix esthétiques avez-vous choisi pour le mettre en scène ?
Federico Montero : Us Men Die Sooner est un projet de long métrage de fiction en phase d’écriture et de développement. C'est ma propre tentative de partager nos propres questions sur le thème de la masculinité et sur la manière dont nous apprenons à être un "homme" dans un contexte aberrant et dysfonctionnel. Je tiens également à montrer les blessures que les hommes traînent émotionnellement et psychologiquement tout au long de ce processus qui vise à faire d'eux des "hommes" dans un monde qui semble ne jamais mûrir.
Le film suit l'histoire de Felipe qui, confronté à la maladie de son père, retourne dans son environnement familial pour faire face extérieurement comme au plus profond de lui à tout ce qu'il a appris pour devenir un homme. Deux espaces que l’on pourrait qualifier d’incompatibles coexistent toujours dans l’expérience de la vie humaine : le monde intérieur, dans ce cas engourdi, de Felipe, et le monde extérieur, étonnant et grotesque, de son environnement familial. Felipe déteste tous les hommes et c’est pourquoi il se déteste lui-même. À partir de là, je propose de mettre en scène cette intimité qui le terrifie et qui constitue aussi sa zone de confort face à son environnement familial empreint de cynisme et d'irrationalité. Cet espace où il juge et observe les masculinités qui lui ont appris à être un homme, est en même temps un miroir de lui-même.
Qu'attendez-vous de ce film ?
F.M. : Je souhaite montrer ouvertement les blessures de la masculinité qui vont du spectre de la douleur au dégoût à l'extérieur et à l'intérieur d'un personnage qui fuit la peur et la colère et mettre en perspective les dommages inconscients générés par les croyances et les comportements du fait d'"être un homme" envers les autres et envers soi-même. Ainsi j'espère pouvoir ouvrir la porte au pardon et générer de l'empathie envers nous-mêmes, afin d'ouvrir un débat sur les mêmes questions que je me suis posées à propos de ce que signifie "être un homme" à l'endroit et au moment où j'ai dû apprendre à l'être.
Federico Montero : Us Men Die Sooner est un projet de long métrage de fiction en phase d’écriture et de développement. C'est ma propre tentative de partager nos propres questions sur le thème de la masculinité et sur la manière dont nous apprenons à être un "homme" dans un contexte aberrant et dysfonctionnel. Je tiens également à montrer les blessures que les hommes traînent émotionnellement et psychologiquement tout au long de ce processus qui vise à faire d'eux des "hommes" dans un monde qui semble ne jamais mûrir.
Le film suit l'histoire de Felipe qui, confronté à la maladie de son père, retourne dans son environnement familial pour faire face extérieurement comme au plus profond de lui à tout ce qu'il a appris pour devenir un homme. Deux espaces que l’on pourrait qualifier d’incompatibles coexistent toujours dans l’expérience de la vie humaine : le monde intérieur, dans ce cas engourdi, de Felipe, et le monde extérieur, étonnant et grotesque, de son environnement familial. Felipe déteste tous les hommes et c’est pourquoi il se déteste lui-même. À partir de là, je propose de mettre en scène cette intimité qui le terrifie et qui constitue aussi sa zone de confort face à son environnement familial empreint de cynisme et d'irrationalité. Cet espace où il juge et observe les masculinités qui lui ont appris à être un homme, est en même temps un miroir de lui-même.
Qu'attendez-vous de ce film ?
F.M. : Je souhaite montrer ouvertement les blessures de la masculinité qui vont du spectre de la douleur au dégoût à l'extérieur et à l'intérieur d'un personnage qui fuit la peur et la colère et mettre en perspective les dommages inconscients générés par les croyances et les comportements du fait d'"être un homme" envers les autres et envers soi-même. Ainsi j'espère pouvoir ouvrir la porte au pardon et générer de l'empathie envers nous-mêmes, afin d'ouvrir un débat sur les mêmes questions que je me suis posées à propos de ce que signifie "être un homme" à l'endroit et au moment où j'ai dû apprendre à l'être.
"Les images et les personnages voyagent avec moi tout le temps, la résidence a été le moment où j'ai pu confronter les images et le texte."
Comment s'est passée la résidence ?
F.M. : Les premiers jours, j'ai ressenti les effets de l'isolement. Être dans un endroit où vous ne parlez pas ou ne comprenez pas bien la langue, où vous ne connaissez presque personne, vous conduit simplement à vous concentrer sur ce que vous êtes venu faire. Les images et les personnages voyagent avec moi tout le temps, la résidence a été le moment où j'ai pu confronter les images et le texte. J'essaie ainsi d'ouvrir de nouvelles possibilités pour rechercher un moyen plus clair de partager le message que je souhaite transmettre.
Comment s'est déroulée votre candidature à la résidence ?
F.M. : C’est grâce à l’accord entre ALCA et le Poitiers Film Festival. Lors du dernier "Jump In" du festival de Poitiers, j'ai présenté mon idée de travailler sur ce sujet dans un pitch au sein d'un forum réunissant plusieurs producteurs et ALCA. L'appel a ensuite été ouvert et j'ai formalisé ma demande à la résidence.
Quel est l’intérêt de la proposition de résidence d'ALCA pour vous ?
F.M. : Dans mon pays, il existe peu d’opportunités comme celle-ci pour pouvoir travailler sur un projet de film en développement. Je pense que le travail d'ALCA et des résidences internationales sont une grande opportunité pour les cinéastes de pays comme le mien où nous n'avons ni les espaces ni les ressources pour développer nos projets de cette manière.
Cette résidence d'ALCA m'a tout d'abord offert une chose très importante : un espace isolé pour me concentrer sur la rédaction du projet ainsi que le tutorat du scénariste français Michel Marx. De plus, elle me donne les ressources et un endroit très agréable et confortable pour travailler et vivre à Bordeaux pendant trois semaines !
F.M. : Les premiers jours, j'ai ressenti les effets de l'isolement. Être dans un endroit où vous ne parlez pas ou ne comprenez pas bien la langue, où vous ne connaissez presque personne, vous conduit simplement à vous concentrer sur ce que vous êtes venu faire. Les images et les personnages voyagent avec moi tout le temps, la résidence a été le moment où j'ai pu confronter les images et le texte. J'essaie ainsi d'ouvrir de nouvelles possibilités pour rechercher un moyen plus clair de partager le message que je souhaite transmettre.
Comment s'est déroulée votre candidature à la résidence ?
F.M. : C’est grâce à l’accord entre ALCA et le Poitiers Film Festival. Lors du dernier "Jump In" du festival de Poitiers, j'ai présenté mon idée de travailler sur ce sujet dans un pitch au sein d'un forum réunissant plusieurs producteurs et ALCA. L'appel a ensuite été ouvert et j'ai formalisé ma demande à la résidence.
Quel est l’intérêt de la proposition de résidence d'ALCA pour vous ?
F.M. : Dans mon pays, il existe peu d’opportunités comme celle-ci pour pouvoir travailler sur un projet de film en développement. Je pense que le travail d'ALCA et des résidences internationales sont une grande opportunité pour les cinéastes de pays comme le mien où nous n'avons ni les espaces ni les ressources pour développer nos projets de cette manière.
Cette résidence d'ALCA m'a tout d'abord offert une chose très importante : un espace isolé pour me concentrer sur la rédaction du projet ainsi que le tutorat du scénariste français Michel Marx. De plus, elle me donne les ressources et un endroit très agréable et confortable pour travailler et vivre à Bordeaux pendant trois semaines !
"Ce que j'ai vu ici est un autre type de masculinité qui n'est pas si courant en Amérique latine, du moins au Costa Rica."
Pensez-vous que la ville de Bordeaux et la région peuvent avoir une influence sur le processus d'écriture de votre projet ?
F.M. : C'est une histoire très personnelle et basée sur mes propres expériences, je pourrais dire que c'est un peu autobiographique. Ma vie a toujours été au Costa Rica et le film se déroule également dans ce contexte. Ce que j'ai vu ici est un autre type de masculinité qui n'est pas si courant en Amérique latine, du moins au Costa Rica. Je pourrais dire que c’est par l’intellect, au lieu de la force physique ou matérielle, que les hommes démontrent ce pouvoir avec leur savoir et leur langage. C’est peut-être mon interprétation mais c’est une idée que je trouve intéressante et qui peut constituer un élément important à prendre en compte dans le développement de l’un de mes personnages.
Quelle a été votre expérience du Poitiers Film Festival où votre court métrage Umbral était sélectionné ?
F.M. : C'était beau, même si j'étais malade pendant tout le festival ! Cela a généré un très bon environnement et une connexion entre nous tous qui en faisions partie. J'ai rencontré des gens incroyables et, à la fin, j'ai été surpris de voir que mon court métrage Umbral avait remporté le Grand Prix. C'est un festival d'une authenticité et d'une honnêteté que j'apprécie toujours. Ce fut une excellente opportunité de partager un peu de moi et de ma pratique tout en recevant beaucoup des personnes avec lesquelles j'étais durant le festival.
F.M. : C'est une histoire très personnelle et basée sur mes propres expériences, je pourrais dire que c'est un peu autobiographique. Ma vie a toujours été au Costa Rica et le film se déroule également dans ce contexte. Ce que j'ai vu ici est un autre type de masculinité qui n'est pas si courant en Amérique latine, du moins au Costa Rica. Je pourrais dire que c’est par l’intellect, au lieu de la force physique ou matérielle, que les hommes démontrent ce pouvoir avec leur savoir et leur langage. C’est peut-être mon interprétation mais c’est une idée que je trouve intéressante et qui peut constituer un élément important à prendre en compte dans le développement de l’un de mes personnages.
Quelle a été votre expérience du Poitiers Film Festival où votre court métrage Umbral était sélectionné ?
F.M. : C'était beau, même si j'étais malade pendant tout le festival ! Cela a généré un très bon environnement et une connexion entre nous tous qui en faisions partie. J'ai rencontré des gens incroyables et, à la fin, j'ai été surpris de voir que mon court métrage Umbral avait remporté le Grand Prix. C'est un festival d'une authenticité et d'une honnêteté que j'apprécie toujours. Ce fut une excellente opportunité de partager un peu de moi et de ma pratique tout en recevant beaucoup des personnes avec lesquelles j'étais durant le festival.
Diplômé en histoire et en anthropologie, critique de cinéma pour des revues et des sites Internet dont un blog personnel sur Mediapart, correspondant en France de la revue espagnole LatAm Cinema dédiée à l'actualité de l’industrie cinématographique en Amérique latine, collaborateur de festivals, rédacteur pour le site Benshi dédié au cinéma jeune public.
(Photo : Esteban Chinchilla)
(Photo : Esteban Chinchilla)