Fabriquez un poème : la poésie vivante
Ce mardi 4 juin au lycée Kyoto à Poitiers a lieu pour la dernière fois la cérémonie de clôture du concours de lecture et d’écriture Fabriquez un Poème organisé par ALCA. L’occasion de revenir sur le sens de cette action menée durant de longues années.
Fabriquez un Poème est une action d’éducation artistique et culturelle conçue et coordonnée par ALCA, en lien avec les rectorats de Poitiers, Bordeaux et Limoges (DAAC) et la DRAAF (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt). ALCA Nouvelle-Aquitaine développe depuis 1997 cette action de sensibilisation des jeunes à la poésie contemporaine. Il s’agit avant tout de faire lire et découvrir à chaque édition cinq auteurs de poésie contemporaine. À partir de là, les élèves et jeunes en formation composent leur propre poème fait de collage d’extraits des différents recueils. Dix lauréats sont désignés chaque année et récompensés lors d’une cérémonie de clôture animée par des musiciens, comédiens… suivant une formule différente pour chaque édition.
Du fait de sa gratuité et sa grande diffusion (centres de formation d’apprentis, maisons familiales rurales, missions locales, lycées généraux, professionnels et agricoles, Protection judiciaire de la jeunesse, établissements régionaux d’enseignement adapté), Fabriquez un poème est une action qui se veut accessible au plus grand nombre. Non élitiste, elle est avant tout une passerelle vers la poésie contemporaine, démontant les préjugés et favorisant une lecture ludique et de plaisir.
Du fait de sa gratuité et sa grande diffusion (centres de formation d’apprentis, maisons familiales rurales, missions locales, lycées généraux, professionnels et agricoles, Protection judiciaire de la jeunesse, établissements régionaux d’enseignement adapté), Fabriquez un poème est une action qui se veut accessible au plus grand nombre. Non élitiste, elle est avant tout une passerelle vers la poésie contemporaine, démontant les préjugés et favorisant une lecture ludique et de plaisir.
Une action prenant en compte l’intégralité de la chaîne du livre
Fabriquez un poème s’adresse aux jeunes lecteurs mais est aussi un excellent outil d’accompagnement des professionnels liés à l’économie de la poésie contemporaine. Cette action permet de rémunérer des éditeurs et des auteurs (achats de livres), fait travailler les librairies indépendantes et crée du lien entre les professionnels de la chaîne du livre. Les éditeurs sont avertis bien en amont du déroulement du concours. Ils sont réellement force de proposition pour la suggestion d’œuvres de leur catalogue. Ils vont aussi, comme les auteurs, à la rencontre des élèves dans les établissements. Fabrice Caravaca, éditeur du Dernier télégramme à Limoges, le réaffirmait dans une interview : "Cela reste très important pour nous et les élèves de réfléchir à nos pratiques et aux moyens de les partager". Certains éditeurs procèdent même à un retirage spécifique pour le concours.
Les quelques centaines de lots de livres sont tous achetés dans les librairies indépendantes du territoire et les bibliothèques informées de la sélection. Enfin, après des années de participation active à cette action, même un petit CDI peut se retrouver en possession d’un fonds de poésie contemporaine très exigeant et qualitatif.
Du "collage" comme outil d’expression
Tel qu’il est proposé par cette action, l’exercice extrêmement ludique et décomplexant de s’approprier les vers de quelqu’un d’autre permet souvent la naissance d’une véritable expression poétique et singulière chez les jeunes lecteurs. Face aux enjeux de démocratisation culturelle et d’accès à la lecture, un tel dispositif est accessible à tous les lecteurs, quel que soit leur cursus. Frédéric Forte, auteur ayant participé à plusieurs rencontres dans le cadre de cette action, nous précisait : "Donner à lire à ces jeunes des ouvrages de poésie en leur proposant ensuite de les utiliser comme matériau de 'fabrication' est très réjouissant. La poésie souffre en autres maux, d’une difficulté de réception parce qu’on ne sait souvent pas comment la lire. Le dispositif, en mettant aussi les jeunes en position de 'compositeur de poésie', les amène à modifier leur perception d’un texte, à le lire plus en profondeur, pas seulement pour comprendre ce qu’il raconte, mais pour l’éprouver dans toutes ses dimensions : sonore, rythmique, polysémique, etc."
Pour Lionel Bourg, écrivain, il s’agit par cet exercice du collage de "désacraliser une pratique souvent mal perçue, la rendant accessible, presque familière, tout en désacralisant par la même occasion la figure même du poète."
C’est aussi le message de l’écrivain Michel Monnereau qui voit l’exercice comme "une initiative créatrice propice à ouvrir l'esprit des jeunes participants à la poésie. Une façon ludique de rencontrer le poème. La proposition est innovante, elle amène à franchir le pas vers la création, même si, pour ne pas effrayer, il s'agissait de s'approprier des créations existantes et de les marier. C'est en effet la clé pour faire découvrir que la poésie s'écrit toujours, et est vivante à l'ère de l'image et du tout internet."
Pour Lionel Bourg, écrivain, il s’agit par cet exercice du collage de "désacraliser une pratique souvent mal perçue, la rendant accessible, presque familière, tout en désacralisant par la même occasion la figure même du poète."
C’est aussi le message de l’écrivain Michel Monnereau qui voit l’exercice comme "une initiative créatrice propice à ouvrir l'esprit des jeunes participants à la poésie. Une façon ludique de rencontrer le poème. La proposition est innovante, elle amène à franchir le pas vers la création, même si, pour ne pas effrayer, il s'agissait de s'approprier des créations existantes et de les marier. C'est en effet la clé pour faire découvrir que la poésie s'écrit toujours, et est vivante à l'ère de l'image et du tout internet."
Une rencontre avant tout
Le dispositif se complète à chaque édition d’environ 25 rencontres dans les établissements scolaires. Rencontres entre les élèves et les auteurs ou éditeurs. Françoise Clédat, poète, nous relatait son expérience : "Les rencontres auxquelles j’ai participées, la plupart remarquablement préparées par les professeurs et documentalistes, conçues sur le mode questions / réponses, et ce sur un temps suffisamment long, ont permis je crois le surgissement de moments de vérité où quelque chose a pu passer et être entendu de ce qu’est une pratique de poésie dans son vécu réel et singulier."
Moments de rencontres aussi évoqués par Marie Rousset : "J'ai participé à des rencontres et j'ai remarqué qu'en s'ancrant dans le présent, ces rencontres deviennent l’espace où il est permis de se jouer de ses propres beautés et de ses propres peurs. Et bien sûr, de se laisser surprendre par les histoires des autres, et de chacun, et de/d'en rire ensemble. Ces rencontres dédramatisent beaucoup de choses…"
Si l’étude de la poésie classique dans ses codes, ses reconnaissances immédiates, fait l’objet d’une attention et d’une compétence très développées de la part des enseignants, l’appréhension de la poésie contemporaine est plus délicate. Elle est multiple, hors des codes, ou les détourne ; elle est expérimentale ; elle ne répond pas aux règles et c’est pourquoi il est fondamental de la proposer aux lecteurs en construction. Ce 4 juin nous fêtons donc les dix nouveaux lauréats mais aussi ces multiples années passées en poésie.
Moments de rencontres aussi évoqués par Marie Rousset : "J'ai participé à des rencontres et j'ai remarqué qu'en s'ancrant dans le présent, ces rencontres deviennent l’espace où il est permis de se jouer de ses propres beautés et de ses propres peurs. Et bien sûr, de se laisser surprendre par les histoires des autres, et de chacun, et de/d'en rire ensemble. Ces rencontres dédramatisent beaucoup de choses…"
Si l’étude de la poésie classique dans ses codes, ses reconnaissances immédiates, fait l’objet d’une attention et d’une compétence très développées de la part des enseignants, l’appréhension de la poésie contemporaine est plus délicate. Elle est multiple, hors des codes, ou les détourne ; elle est expérimentale ; elle ne répond pas aux règles et c’est pourquoi il est fondamental de la proposer aux lecteurs en construction. Ce 4 juin nous fêtons donc les dix nouveaux lauréats mais aussi ces multiples années passées en poésie.