Isabelle Autissier : "C’est exceptionnel que je relise un livre"
Parmi les cinq nommés au prix littéraire La Voix des lecteurs dont la révélation du lauréat sera annoncée en ligne le 17 novembre prochain, Isabelle Autissier a répondu au questionnaire de Proust "La madeleine, le canelé et le macaron". Rencontre avec l’auteure de Vies et destins à Mourmansk, publié aux éditions Stock.
"Les mots sont comme des rayons X ; si l’on s’en sert convenablement, ils transpercent n’importe quoi" (Aldous Huxley) : Quel est votre mot préféré ?
Isabelle Autissier : Curiosité. Selon le sens étymologique, cela vient de curare, "prendre soin". S’intéresser au monde, c’est donc aussi en prendre soin. En effet, prendre le temps d’observer et de comprendre est la condition pour bien se conduire autant avec la nature que les autres humains.
"La musique, c’est du bruit qui pense" (Victor Hugo) : Quelle musique vous aide à penser, à écrire ?
I.A. : Suites pour violoncelle de Bach.
"Une heure de lecture est le remède souverain aux dégoûts de la vie" (Montesquieu) : Quels sont vos livres de chevet, ceux qui accompagnent votre vie ?
I.A. : Aucun. C’est exceptionnel que je relise un livre. Il y en a tant de nouveaux en attente.
"Sur les étagères des bibliothèques, je vis un monde surgir de l’horizon" (Jack London) : Quelle place accordez-vous à la lecture ?
I.A. : Tous les jours. En général avant de dormir. Mais je lis aussi beaucoup pour me documenter pour mon travail. Donc je dois lire des livres entre une et deux heures par jour. Sans compter bien sûr ce que je lis sur le net.
"Les métiers sans ennuis sont les métiers qu’on ne fait pas" (Alain) : Quel est le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?
I.A. : Informaticienne. Avoir seulement des rapports avec une machine ne me séduit pas.
"Le passage du rêve à la réalité est une pratique qui s’apprend dès le plus jeune âge et se travaille toute la vie."
"Tout portrait qu’on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l’artiste" (Oscar Wilde) : Où se situe la part autobiographique de vos écrits ?
I.A. : Très variable. Souvent il ne s’agit que d’observations ou de rencontres que je recycle en partie.
"Si tous les gens du monde voulaient se donner la main" (Paul Fort) : Quelle suite donneriez-vous à cette comptine ?
I.A. : Ils auraient la puissance de changer le monde des humains et donc le monde tout court.
Que vous inspire ces mots de Boris Vian ? "Il est évident que le poète écrit sous le coup de l’inspiration, mais il y a des gens à qui les coups ne font rien."
I.A. : C’est dit sous forme de boutade, mais à mon sens cela signifie que le passage du rêve à la réalité est une pratique qui s’apprend dès le plus jeune âge et se travaille toute la vie. Sinon, on reste spectateur de soi-même.
"Je ne crois pas à l’au-delà mais j’emmènerai quand même des sous-vêtements de rechange" (Woody Allen) : Si un dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire ?
I.A. : Tu n’as pas de regrets à avoir.