Nathalie Bernard, en quête de survivance
Mardi 26 juin 2018. La résidence de Nathalie Bernard touche à sa fin. Encore quelques jours avant de plier bagage et quitter la douceur des lieux. L’occasion d’évoquer avec l’auteure ces quatre semaines de travail solitaire, en contact avec d’autres artistes qui ont fait halte eux aussi au Chalet Mauriac…
S’agit-il de ta première résidence ?
Nathalie Bernard : Non, j’ai déjà eu l’occasion d’être invitée une semaine par la directrice de l’établissement de l’hôtel Ville d’Hiver d’Arcachon pour travailler à l’écriture d’un des romans de la série Alliance Khépri, parue aux éditions Milathéa. J’allais très vite pour construire le scénario. C’était génial d’être in situ pour les recherches. Puis, grâce à une aide financière du Conseil départemental de la Gironde, je suis restée quinze jours à Saint-Émilion pour un autre projet qui s’adressait également à des lecteurs entre huit et douze ans. Écrire en résidence permet de se concentrer sur son texte, loin des contingences familiales. Tu ne penses plus à ta famille, à tes problèmes, à ton ménage. C’est un moment gagné sur le quotidien. Le souhait de renouveler cette expérience était fort.
Quel était ton projet d’écriture quand tu es arrivée au Chalet ?
N.B. : Au départ, je voulais faire la suite de Sept jours pour survivre. J’avais très envie d’aborder la problématique des pactes de suicides dans les réserves autochtones du Canada. À la suite de mes recherches pour le livre précédent, j’avais lu qu’il y avait des gamins sans avenir d’une dizaine d’années qui se réunissaient pour se suicider. Ils ont des rêves occidentaux qui « clashent » avec ce qu’ils vivent au jour le jour dans les réserves. Ils sont très loin du système éducatif. Et, comme les jeunes d’ici, beaucoup veulent devenir célèbres. Entre l’envoi de mon dossier, son acceptation et le début de la résidence, plusieurs mois se sont écoulés et j’ai eu le temps de rédiger cette suite sur un autre thème. Je me suis dit, en arrivant au Chalet, que j’écrirai un roman, à part, sur les pactes de suicide.
Nathalie Bernard : Non, j’ai déjà eu l’occasion d’être invitée une semaine par la directrice de l’établissement de l’hôtel Ville d’Hiver d’Arcachon pour travailler à l’écriture d’un des romans de la série Alliance Khépri, parue aux éditions Milathéa. J’allais très vite pour construire le scénario. C’était génial d’être in situ pour les recherches. Puis, grâce à une aide financière du Conseil départemental de la Gironde, je suis restée quinze jours à Saint-Émilion pour un autre projet qui s’adressait également à des lecteurs entre huit et douze ans. Écrire en résidence permet de se concentrer sur son texte, loin des contingences familiales. Tu ne penses plus à ta famille, à tes problèmes, à ton ménage. C’est un moment gagné sur le quotidien. Le souhait de renouveler cette expérience était fort.
Quel était ton projet d’écriture quand tu es arrivée au Chalet ?
N.B. : Au départ, je voulais faire la suite de Sept jours pour survivre. J’avais très envie d’aborder la problématique des pactes de suicides dans les réserves autochtones du Canada. À la suite de mes recherches pour le livre précédent, j’avais lu qu’il y avait des gamins sans avenir d’une dizaine d’années qui se réunissaient pour se suicider. Ils ont des rêves occidentaux qui « clashent » avec ce qu’ils vivent au jour le jour dans les réserves. Ils sont très loin du système éducatif. Et, comme les jeunes d’ici, beaucoup veulent devenir célèbres. Entre l’envoi de mon dossier, son acceptation et le début de la résidence, plusieurs mois se sont écoulés et j’ai eu le temps de rédiger cette suite sur un autre thème. Je me suis dit, en arrivant au Chalet, que j’écrirai un roman, à part, sur les pactes de suicide.
"Et puis un matin, je comprends que je ne me sens pas légitime pour aborder ce sujet-là. Je n’étais pas prête."
La résidence débute avec le Salon du Polar "Du Sang sur la Page" de Saint Symphorien. Une semaine de rencontres scolaires où il n’y a pas le temps d’écrire. La nuit, je dormais mal, sans trop savoir pourquoi. Et puis un matin, je comprends que je ne me sens pas légitime pour aborder ce sujet-là. Je n’étais pas prête. Il m’aurait fallu aller là-bas plus longtemps, dans les réserves, leur parler directement. C’est un sujet lourd auquel je voulais aussi apporter de la joie. Ces jeunes ne vivent pas que dans le désespoir. Il me manquait de la matière. Je décide donc de laisser tomber. Et dans toute la documentation que j’ai apportée sur le sujet, deux livres concernent une autre idée que j’ai dans un coin de ma tête depuis un moment. Une histoire qui m’a été proposée par une professeure quand j’étais en rencontres scolaires en Normandie. Elle avait adoré Sept jours pour survivre et avait tenu à me parler de Cynthia Ann Parker, la femme qui a inspiré le film La Prisonnière du désert de John Ford. Une blanche qui a été enlevée par les Indiens comanches au Texas et qui a vécu vingt-cinq ans avec eux, le temps d’épouser leur chef et d’avoir trois enfants. Quand sa famille la retrouve, ils la ramènent de force chez elle où elle dépérit, obsédée par l’idée de retourner vivre parmi les Comanches.
La proposition de cette professeure me touche. Ce qui m’intéresse, c’est sortir de la normalité, être en mode survie, l’adaptation. En plus, il était question d’autochtones. C’était une idée très motivante. Au début de la résidence, j’ai tourné autour, tout en me renseignant, et puis finalement je me suis dit qu’il était plus intéressant de travailler sur son fils. Alors, voilà, ici, au Chalet, j’ai commencé un roman sur Quanah Parker, grand guerrier et dernier chef comanche. Finalement, ce personnage me conduit dans les réserves par un autre biais.
C’est la première fois que tu t’inspires de faits réels ?
N.B. : Oui, et j’appréhende un peu. Je ne veux pas faire un roman historique où je déroulerais simplement sa vie. Il me fallait un point d’attaque, un angle personnel. J’ai choisi la cassure quand Quanah voit sa mère partir avec les blancs. Apparemment, quand le village a été attaqué, Cynthia Ann Parker a montré sa peau en disant "english, english" pour ne pas être tuée. J’ai imaginé qu’à neuf dix ans, son fils a pensé que sa mère l’abandonnait pour revenir chez les blancs. Ce sera mon fil conducteur, à travers les différents événements de sa vie. La difficulté, c’est de faire "son marché" dans son histoire. Je reste attachée au récit, je veux que le lecteur s’empare de l’intrigue mais, en même temps, il y a une réalité de faits à respecter sur les Comanches.
La proposition de cette professeure me touche. Ce qui m’intéresse, c’est sortir de la normalité, être en mode survie, l’adaptation. En plus, il était question d’autochtones. C’était une idée très motivante. Au début de la résidence, j’ai tourné autour, tout en me renseignant, et puis finalement je me suis dit qu’il était plus intéressant de travailler sur son fils. Alors, voilà, ici, au Chalet, j’ai commencé un roman sur Quanah Parker, grand guerrier et dernier chef comanche. Finalement, ce personnage me conduit dans les réserves par un autre biais.
C’est la première fois que tu t’inspires de faits réels ?
N.B. : Oui, et j’appréhende un peu. Je ne veux pas faire un roman historique où je déroulerais simplement sa vie. Il me fallait un point d’attaque, un angle personnel. J’ai choisi la cassure quand Quanah voit sa mère partir avec les blancs. Apparemment, quand le village a été attaqué, Cynthia Ann Parker a montré sa peau en disant "english, english" pour ne pas être tuée. J’ai imaginé qu’à neuf dix ans, son fils a pensé que sa mère l’abandonnait pour revenir chez les blancs. Ce sera mon fil conducteur, à travers les différents événements de sa vie. La difficulté, c’est de faire "son marché" dans son histoire. Je reste attachée au récit, je veux que le lecteur s’empare de l’intrigue mais, en même temps, il y a une réalité de faits à respecter sur les Comanches.
"La résidence est aussi intéressante pour cela, de pouvoir parler de son projet avec d’autres personnes qui ne sont pas dans les mêmes domaines artistiques, qui ne travaillent pas la même chose que toi, de la même façon."
Je me suis beaucoup interrogée sur la construction du roman. Je voulais qu’on voie le personnage à travers trois périodes de sa vie : à dix ans, vingt ans et vingt-cinq ans. D’habitude, mes histoires sont plutôt ramassées, elles se déroulent sur quelques jours. Et j’en ai parlé à Suzy Gillett, réalisatrice anglaise en résidence en même temps que moi, qui m’a conseillé un film qu’elle aimait où le personnage principal est représenté à trois moments de sa vie par trois acteurs différents. Je l’ai regardé. L’histoire se tient. Ça m’a même donné des idées pour mes parties. La résidence est aussi intéressante pour cela, de pouvoir parler de son projet avec d’autres personnes qui ne sont pas dans les mêmes domaines artistiques, qui ne travaillent pas la même chose que toi, de la même façon. Nos discussions m’ont rassurée et éclairée sur ce qu’inconsciemment je souhaitais raconter. J’ai avancé très vite pendant ces quatre semaines. En fait, le plus long pour moi, c’est la structure du roman. C’est pour cela que j’ai adoré collaborer avec un scénariste pour la suite de Sept jours pour survivre.
Comment avez-vous procédé ?
N.B. : Frédéric Portalet était déjà présent pour le premier tome. Il m’avait donné des conseils sur la partie policière. J’avais aimé discuter de l’histoire avec lui. Parfois, on se sent seul, on a des doutes, on ne sait pas ce que vaut ce qu’on écrit. Lui avait déjà élaboré des scénarios de film. Je savais qu’il avait envie de faire un livre. Je lui ai dit : "Le prochain si tu veux, tu m’aides dès le début. On parle du scénario ensemble, mais c’est toi qui imagines le point de départ de l’histoire avec les personnages que j’ai créés précédemment. Tu me fais une proposition de synopsis et après on en discute au téléphone." Évidemment, ça a évolué en cours de route. Pendant que j’écrivais l’histoire, j’ai trouvé de nouveaux personnages, de nouvelles situations. Ce qui est important. Sinon ça ne t’appartient pas. C’était très agréable comme procédé. J’ai mis quatre mois au lieu de six pour écrire ce roman. Il y aura nos deux noms sur la couverture. On partage les droits. J’avais déjà essayé en littérature adulte mais j’avais échoué. Nous étions deux à écrire et ça ne fonctionnait pas. Une fois que j’ai la trame brute, il faut que je m’investisse, que je crée les personnages à ma façon. C’est toute une cuisine. Je dois être seule après.
L’intrigue de Sauvages (paru en août 2018), comme Hope (à paraître en janvier 2019), se situe encore au Canada. Tu as un lien particulier avec ce pays ?
N.B. : Non, au départ, je n’ai aucun lien avec cet endroit. Un hasard incroyable m’y a menée. En juillet-août 2014, je retape la cabane de mon jardin pour en faire mon bureau d’auteure. Et en plantant des clous, mes idées, comme souvent lors de toute activité, se baladent et je me vois au Québec, réfugiée dans une cabane à cause du froid, que je consolide contre les courants d’air. Finalement, ce n’est pas moi qui cherche à me protéger, mais une jeune fille de treize ans… Je suis allée récupérer mon carnet et j’ai commencé à écrire l’histoire de Nita Rivière dont j’ai très vite eu le nom. Une histoire qui ne m’a pas lâchée. Il était question de survivalisme.
J’ai envoyé ce premier jet aux éditions Thierry Magnier. Et Soazig Le Bail, éditrice à ce moment-là, m’a téléphonée pour me dire qu’elle avait aimé l’écriture, la première partie du roman, mais qu’il manquait quelque chose, d’après elle. Comme c’était la maison d’édition avec qui j’avais vraiment envie de collaborer, j’ai accepté de retravailler mon texte et je suis partie au Québec où j’ai fait de l’hydravion, croisé un ours, vécu un tas de choses qui ont nourri le récit publié aujourd’hui. C’est à ce moment-là également que j’ai rencontré Frédéric, le scénariste, qui m’a donné son avis sur la deuxième partie du texte. Par la suite j’ai aussi participé à un stage avec John Trubi sur le scénario pendant trois jours à Paris. Je voulais entrer dans la technique. Ça permet d’avancer rapidement et plus efficacement. Avec toute cette matière, j’ai écrit un deuxième jet de Sept jours pour survivre et là, l’éditrice m’a dit : "Bingo, j’adore."
Pendant cette période, il y a bien sûr mon voyage au Québec, mais aussi toutes les recherches que j’entreprends. Comme je choisis une autochtone comme personnage principal, il me faut me pencher sur leur histoire. Et là, je découvre qu’il y a des femmes autochtones qui disparaissent en masse, que c’est un scandale national, qui est plutôt tu, mal su. Et en août 2016, pratiquement deux ans après avoir imaginé les débuts de l’histoire de Nita Rivière, je tombe sur un article dans Libération qui parle de Tina Fontaine, une jeune fille de quinze ans enlevée en août 2014, dont le corps a été retrouvé découpé en morceaux dans la rivière Rouge au Québec. Cela déclenchera une enquête nationale, initiée par Justin Trudeau, sur les femmes autochtones disparues. Tina Fontaine. Nina Rivière. Août 2014… C’est le moment où je pense à ce personnage. Étonnant, non ?
Tu l’as vécu comme une validation ?
N.B. : Plutôt comme une libération. J’ai publié dix ans en adulte avant d’arrêter parce que j’écrivais des choses très sombres - thrillers, polars, fantastique - qui étaient reliées à mes obsessions personnelles, à des secrets de famille… J’ai eu l’impression qu’aller chercher en permanence dans cette matière noire, l’entretenait. Et qu’il y avait quelque chose de malsain. À me demander si je ne provoquais pas moi-même cette noirceur en me mettant dans ce type d’énergie. Et après cette troublante coïncidence, je me suis dit : "Beh non, en fait, peut-être que l’inspiration, elle vient d’ailleurs." Peut-être une âme qui est venue me chercher pour que je raconte quelque chose.
Quant à Sauvages, on retrouve le Canada, oui, et les autochtones, aussi. En recherchant des informations sur les femmes disparues, j’ai découvert l’existence de pensionnats pour autochtones. J’ai visionné des témoignages. Au Québec, cette histoire est vécue honteusement des deux côtés, par ceux qui ont subi le traumatisme et par ceux qui l’ont causé. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui est tu, et l’obligation qu’il y a de parler pour sortir d’un traumatisme.
Comment avez-vous procédé ?
N.B. : Frédéric Portalet était déjà présent pour le premier tome. Il m’avait donné des conseils sur la partie policière. J’avais aimé discuter de l’histoire avec lui. Parfois, on se sent seul, on a des doutes, on ne sait pas ce que vaut ce qu’on écrit. Lui avait déjà élaboré des scénarios de film. Je savais qu’il avait envie de faire un livre. Je lui ai dit : "Le prochain si tu veux, tu m’aides dès le début. On parle du scénario ensemble, mais c’est toi qui imagines le point de départ de l’histoire avec les personnages que j’ai créés précédemment. Tu me fais une proposition de synopsis et après on en discute au téléphone." Évidemment, ça a évolué en cours de route. Pendant que j’écrivais l’histoire, j’ai trouvé de nouveaux personnages, de nouvelles situations. Ce qui est important. Sinon ça ne t’appartient pas. C’était très agréable comme procédé. J’ai mis quatre mois au lieu de six pour écrire ce roman. Il y aura nos deux noms sur la couverture. On partage les droits. J’avais déjà essayé en littérature adulte mais j’avais échoué. Nous étions deux à écrire et ça ne fonctionnait pas. Une fois que j’ai la trame brute, il faut que je m’investisse, que je crée les personnages à ma façon. C’est toute une cuisine. Je dois être seule après.
L’intrigue de Sauvages (paru en août 2018), comme Hope (à paraître en janvier 2019), se situe encore au Canada. Tu as un lien particulier avec ce pays ?
N.B. : Non, au départ, je n’ai aucun lien avec cet endroit. Un hasard incroyable m’y a menée. En juillet-août 2014, je retape la cabane de mon jardin pour en faire mon bureau d’auteure. Et en plantant des clous, mes idées, comme souvent lors de toute activité, se baladent et je me vois au Québec, réfugiée dans une cabane à cause du froid, que je consolide contre les courants d’air. Finalement, ce n’est pas moi qui cherche à me protéger, mais une jeune fille de treize ans… Je suis allée récupérer mon carnet et j’ai commencé à écrire l’histoire de Nita Rivière dont j’ai très vite eu le nom. Une histoire qui ne m’a pas lâchée. Il était question de survivalisme.
J’ai envoyé ce premier jet aux éditions Thierry Magnier. Et Soazig Le Bail, éditrice à ce moment-là, m’a téléphonée pour me dire qu’elle avait aimé l’écriture, la première partie du roman, mais qu’il manquait quelque chose, d’après elle. Comme c’était la maison d’édition avec qui j’avais vraiment envie de collaborer, j’ai accepté de retravailler mon texte et je suis partie au Québec où j’ai fait de l’hydravion, croisé un ours, vécu un tas de choses qui ont nourri le récit publié aujourd’hui. C’est à ce moment-là également que j’ai rencontré Frédéric, le scénariste, qui m’a donné son avis sur la deuxième partie du texte. Par la suite j’ai aussi participé à un stage avec John Trubi sur le scénario pendant trois jours à Paris. Je voulais entrer dans la technique. Ça permet d’avancer rapidement et plus efficacement. Avec toute cette matière, j’ai écrit un deuxième jet de Sept jours pour survivre et là, l’éditrice m’a dit : "Bingo, j’adore."
Pendant cette période, il y a bien sûr mon voyage au Québec, mais aussi toutes les recherches que j’entreprends. Comme je choisis une autochtone comme personnage principal, il me faut me pencher sur leur histoire. Et là, je découvre qu’il y a des femmes autochtones qui disparaissent en masse, que c’est un scandale national, qui est plutôt tu, mal su. Et en août 2016, pratiquement deux ans après avoir imaginé les débuts de l’histoire de Nita Rivière, je tombe sur un article dans Libération qui parle de Tina Fontaine, une jeune fille de quinze ans enlevée en août 2014, dont le corps a été retrouvé découpé en morceaux dans la rivière Rouge au Québec. Cela déclenchera une enquête nationale, initiée par Justin Trudeau, sur les femmes autochtones disparues. Tina Fontaine. Nina Rivière. Août 2014… C’est le moment où je pense à ce personnage. Étonnant, non ?
Tu l’as vécu comme une validation ?
N.B. : Plutôt comme une libération. J’ai publié dix ans en adulte avant d’arrêter parce que j’écrivais des choses très sombres - thrillers, polars, fantastique - qui étaient reliées à mes obsessions personnelles, à des secrets de famille… J’ai eu l’impression qu’aller chercher en permanence dans cette matière noire, l’entretenait. Et qu’il y avait quelque chose de malsain. À me demander si je ne provoquais pas moi-même cette noirceur en me mettant dans ce type d’énergie. Et après cette troublante coïncidence, je me suis dit : "Beh non, en fait, peut-être que l’inspiration, elle vient d’ailleurs." Peut-être une âme qui est venue me chercher pour que je raconte quelque chose.
Quant à Sauvages, on retrouve le Canada, oui, et les autochtones, aussi. En recherchant des informations sur les femmes disparues, j’ai découvert l’existence de pensionnats pour autochtones. J’ai visionné des témoignages. Au Québec, cette histoire est vécue honteusement des deux côtés, par ceux qui ont subi le traumatisme et par ceux qui l’ont causé. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui est tu, et l’obligation qu’il y a de parler pour sortir d’un traumatisme.
"J’aime aussi travailler en groupe, d’où le scénariste, d’où les projets de mises en voix, les spectacles…"
Sept jours pour survivre fait partie de nombreuses sélections. Et pas seulement en littérature jeunesse…
N.B. : Oui. Dont ce prix d'ALCA, La Voix des lecteurs, pour lequel cinq titres d’auteurs de la Nouvelle-Aquitaine concourent, avec quatre romans de littérature générale et le mien. C’est génial. Parce qu’en jeunesse, on défend la qualité de l’écriture. Thierry Magnier veut qu’un roman soit un roman, pas forcément un roman jeunesse. Il peut être lu "à partir de… ", mais sans limites d’âge. C’est un très bon signe pour la littérature jeunesse.
Pour accompagner ton écriture, tu fais aussi des mises en voix ?
N.B. : Oui. Depuis longtemps. Par exemple, pour Sept jours pour survivre, Adeline Détée de La Compagnie du réfectoire, qui l’avait lu avant sa sortie, a souhaité en lire des passages avec moi. Elle a sélectionné des extraits qu’elle partage avec le public tandis que moi je leur explique comment je les ai écrits, d’où est venue l’inspiration... Je leur parle des coulisses de l’écriture. Histoire de donner envie de se plonger dans le roman. Nous avons présenté cette mise en voix du texte en médiathèque, dans le cadre de salons du livre, et même en collège dans des auditoriums devant plusieurs classes, avant un temps d’échanges.
Pour Sauvages, nous avons un projet de mise en voix différent. Adeline va toujours lire des extraits, et moi je vais préparer des chansons que j’interpréterai et qui évoqueront certains passages du roman. Je serai par accompagnée par Hectory, le guitariste qui était sur Silence, un spectacle avec illustrations et musique en direct que nous avons tourné pendant quatre ans. Cela aura une forme dynamique, un peu plus spectaculaire. J’aime ce genre de projet, déjà parce que ça accompagne le livre, ça permet de le présenter d’une autre manière, et puis ça provoque des collaborations, parce ce qu’on a quand même un métier solitaire. Et moi, j’aime aussi travailler en groupe, d’où le scénariste, d’où les projets de mises en voix, les spectacles… C’est très agréable.
N.B. : Oui. Dont ce prix d'ALCA, La Voix des lecteurs, pour lequel cinq titres d’auteurs de la Nouvelle-Aquitaine concourent, avec quatre romans de littérature générale et le mien. C’est génial. Parce qu’en jeunesse, on défend la qualité de l’écriture. Thierry Magnier veut qu’un roman soit un roman, pas forcément un roman jeunesse. Il peut être lu "à partir de… ", mais sans limites d’âge. C’est un très bon signe pour la littérature jeunesse.
Pour accompagner ton écriture, tu fais aussi des mises en voix ?
N.B. : Oui. Depuis longtemps. Par exemple, pour Sept jours pour survivre, Adeline Détée de La Compagnie du réfectoire, qui l’avait lu avant sa sortie, a souhaité en lire des passages avec moi. Elle a sélectionné des extraits qu’elle partage avec le public tandis que moi je leur explique comment je les ai écrits, d’où est venue l’inspiration... Je leur parle des coulisses de l’écriture. Histoire de donner envie de se plonger dans le roman. Nous avons présenté cette mise en voix du texte en médiathèque, dans le cadre de salons du livre, et même en collège dans des auditoriums devant plusieurs classes, avant un temps d’échanges.
Pour Sauvages, nous avons un projet de mise en voix différent. Adeline va toujours lire des extraits, et moi je vais préparer des chansons que j’interpréterai et qui évoqueront certains passages du roman. Je serai par accompagnée par Hectory, le guitariste qui était sur Silence, un spectacle avec illustrations et musique en direct que nous avons tourné pendant quatre ans. Cela aura une forme dynamique, un peu plus spectaculaire. J’aime ce genre de projet, déjà parce que ça accompagne le livre, ça permet de le présenter d’une autre manière, et puis ça provoque des collaborations, parce ce qu’on a quand même un métier solitaire. Et moi, j’aime aussi travailler en groupe, d’où le scénariste, d’où les projets de mises en voix, les spectacles… C’est très agréable.