"Vermine !", le miroir de l’absurdité de la vie
Les éditions de L’Arbre vengeur publient le premier ouvrage de l’auteur poitevin Ivan Péault. Avec treize nouvelles, toutes plus burlesques les unes que les autres, l’auteur dénonce l’absurdité de certains instants de notre quotidien. Un véritable bijou d’ironie, à la fois mordant et subtil. Vermine ! est sélectionné pour le prix littéraire des lycéens et lycéennes de Nouvelle-Aquitaine De livre en livre.
Les personnages des nouvelles qui composent le recueil Vermine ! sont aussi farfelus que séduisants. Comment résister à ce chômeur qui décide de faire passer un entretien d’embauche à un cadre ? Ou ce banquier plutôt bienveillant poussé à une reconversion étonnante ? Ou encore cet intérimaire qui doit pendant des jours et des jours tester la résistance d’une porte ? Ouvrir, fermer, ouvrir, fermer jusqu’à la tendinite, pour espérer un contrat plus pérenne. Les situations sont cocasses et nous amusent, elles reflètent pourtant certaines réalités absurdes de notre monde, comme ces emplois à la chaine, aux gestes automatisés mais pour lesquels on reste pour des promesses d’avenir meilleur et de sécurité financière.
À partir d’instants du quotidien, l’auteur Ivan Péault nous entraîne donc dans des retournements de situation extrêmes. Caricaturaux et pourtant réalistes, les personnages subissent ou initient des aventures dans lesquelles il arrive qu'on se reconnaisse. Les thèmes du chômage, de la maladie et de l'enfance sont abordés aux côtés de ceux de l'amour éternel ou du sens du travail. Variées, ces tranches de vies dans lesquelles nous immerge l'auteur appartiennent toutes à la même géographie. Poitiers s’incarne au fil des pages comme théâtre des opérations avec ses rues et ses cafés. Certaines célébrités de notre petit écran apparaissent au détour des divagations de nos anti-héros. Le tout nous donne une impression de réalité qui sert la critique humoristique de ce recueil. Un brin militantes, ces nouvelles ont une saveur douce-amère : elles nous font rire mais sont aussi cruelles pour exposer nos travers.
Cette joyeuse satire est surtout la mise en valeur d'une classe populaire érigée en protagoniste combattive face au reste du monde. On y retrouve les questions d’inégalité et de précarité tout comme le poids du regard de l’autre sur nos constructions identitaires. Quelques histoires verminiennes exposent avec une certaine légèreté des situations plus intimes où les sujets abordés touchent à l’estime de soi, la quête de liberté ou de sens. Si l’auteur s’amuse et manie avec succès l’art du cynisme, il n’est jamais méprisant. Au contraire, Ivan Péault porte une attention sensible à ses contemporains qu’il remet sur le devant de la scène et nous donne des bases solides pour nos réflexions sur ce qui nous entoure.
Chapeau bas pour la dernière nouvelle, Parricide, qui renverse complètement le ton et l’ordre établi. Cette mise en abyme donne une nouvelle profondeur à tous ces personnages et à la place qu’ils ont eue dans notre vie pendant ces minutes de lecture. Difficile de les oublier, surtout un Bic à la main… Mais pour comprendre cette dernière phrase, il faudra aller chercher Vermine ! chez votre meilleur libraire.