Berlinale 2019 : l’affirmation de la production néo-aquitaine
Avant de s'envoler pour Berlin avec l'accompagnement d'ALCA, où se tient jusqu'au 17 février le prestigieux Festival du Film International, David Hurst, producteur du documentaire La Arrancada, sélectionné dans la catégorie Panorama, et président de la PEÑA (Association des Producteurs de Nouvelle-Aquitaine), a accepté de nous parler de la production cinématographique sur le territoire néo-aquitain. Une activité dynamique, stimulée par l'émergence de la grande région.
Racontez-nous la genèse de La Arrancada. Qu'est-ce qui vous a amené, vous et votre société bordelaise Dublin Films, à travailler avec Aldemar Matias, réalisateur brésilien, sur un film tourné à Cuba ?
David Hurst : C'est un film qui a démarré au festival Biarritz Amérique Latine en septembre 2015. J'étais invité par le festival et par la Région Nouvelle-Aquitaine pour des rencontres avec de jeunes auteurs-réalisateurs présents en compétition, avec des projets en développement. J'ai flashé sur El Enemigo, un court métrage documentaire tourné à Cuba, par Aldemar Matias. Il y a fait une école de cinéma mondialement reconnue, l'EICTV (Escuela Internacional de Cine y Television) et y a vécu trois ans. Il connaît donc très bien le pays et sa formation très pointue m'intéressait beaucoup. Par ailleurs, il voulait faire un long métrage dans le prolongement d'El Enemigo, en réalisant un autre film à Cuba. On est donc partis sur une première idée, puis on a fait un repérage en avril 2016. On a ensuite commencé à écrire, fait deux autres repérages et le tournage a eu lieu en mars-avril 2018.
David Hurst : C'est un film qui a démarré au festival Biarritz Amérique Latine en septembre 2015. J'étais invité par le festival et par la Région Nouvelle-Aquitaine pour des rencontres avec de jeunes auteurs-réalisateurs présents en compétition, avec des projets en développement. J'ai flashé sur El Enemigo, un court métrage documentaire tourné à Cuba, par Aldemar Matias. Il y a fait une école de cinéma mondialement reconnue, l'EICTV (Escuela Internacional de Cine y Television) et y a vécu trois ans. Il connaît donc très bien le pays et sa formation très pointue m'intéressait beaucoup. Par ailleurs, il voulait faire un long métrage dans le prolongement d'El Enemigo, en réalisant un autre film à Cuba. On est donc partis sur une première idée, puis on a fait un repérage en avril 2016. On a ensuite commencé à écrire, fait deux autres repérages et le tournage a eu lieu en mars-avril 2018.
Comment, en tant que producteur néo-aquitain, se retrouve-t-on impliqué dans des productions et coproductions internationales ?
D.H. : Pour Dublin Films, c'est nos participations à la production de Pasolini, d'Abel Ferrara, en 2013, puis à celle du film Lamb, présenté à Cannes, qui ont déclenché pas mal de choses, en nous permettant de nous identifier rapidement sur le marché international. Ce qui me passionne, c'est d'aller chercher de nouveaux regards, donc je me déplace beaucoup en festivals, dans des forums de coproductions ou des ateliers de développement de projets. J'y suis maintenant très régulièrement invité à rencontrer de jeunes auteurs. Ce qui est particulièrement intéressant pour eux, c'est que je peux me positionner non seulement comme producteur français, mais aussi comme producteur régional. Ça me permet d'apporter une contribution assez forte au financement d'un film, car la Région - en particulier la Nouvelle-Aquitaine - joue un rôle déterminant.
Comment la Région intervient-elle ?
D.H. : La Région intervient sur deux axes. D'abord pour des projets ancrés en Nouvelle-Aquitaine. Elle aide les producteurs comme moi à développer des projets basés dans la région. En ce moment, par exemple, nous sommes en train de monter un documentaire sur la transformation du quartier populaire de Belcier à la suite de l'implantation du pôle Euratlantique. Ensuite, elle nous aide à initier des films depuis la région. Ils peuvent être tournés ailleurs, mais une partie des dépenses du film doit être effectuée en Nouvelle-Aquitaine, donc soit on envoie des techniciens régionaux travailler sur le film, soit on fait venir la post-production ici. C'est le cas de La Arrancada. Le tournage a eu lieu à Cuba, mais la totalité de la post-production a été effectuée en Nouvelle-Aquitaine. C'est un film qui a été réalisé dans d'excellentes conditions, parce qu'il a été très bien soutenu par la Région, grâce à trois dispositifs d'aide au cinéma et à l'audiovisuel (l’aide au programme d’entreprise, le Contrat d’Objectifs et de Moyens avec TV7 Bordeaux, et le Fonds de soutien aux œuvres).
Vous êtes le président de la PEÑA, association Produire en Nouvelle-Aquitaine, qui regroupe des sociétés de production déléguée réparties sur l’ensemble du territoire de Nouvelle-Aquitaine et représentant l’ensemble des genres, des techniques et des formats. Qu'est-ce qui vous rassemble ?
D.H. : La PEÑA est née pendant le festival de Brive, en avril 2017, du rassemblement de certains producteurs des trois ex-régions. Ce qui nous caractérise, c'est que nous sommes tous des producteurs délégués, pas des producteurs exécutifs. C'est-à-dire que nous travaillons et nous nous engageons auprès des auteurs, afin de produire des œuvres originales. Nous ne sommes pas des prestataires de service.
"Notre socle, c'est la défense de la création et l’initiative régionale."
Il est également très important pour nous de défendre notre diversité, puisqu'on regroupe 24 sociétés de production très différentes, en termes de taille, d'économie, de genre – il y a des gens qui font du documentaire, d'autres de la fiction, de l'animation – et de territoires : il y a des sociétés à Bordeaux, mais aussi à La Rochelle, dans le Limousin, en Dordogne... Nous sommes la seule association à regrouper autant de producteurs délégués avec une représentation territoriale aussi large, mais nous n'avons pas la prétention d'être exhaustifs et nous ne sommes pas la seule association de producteurs de Nouvelle-Aquitaine : il y en a d’autres, avec lesquelles nous dialoguons. Je crois d'ailleurs que nous n'avons pas vocation à trop grandir. Notre socle, c'est la défense de la création et l’initiative régionale.
Existe-t-il dans la production cinématographique une dynamique propre à la Nouvelle-Aquitaine ?
D.H. : Depuis la fusion territoriale en 2016, quasiment toutes les régions ont grandi et les productions régionales s'en trouvent renforcées. Il se passe également beaucoup de choses en Bretagne, dans la région Centre, ou dans les Hauts-de-France, mais la Nouvelle-Aquitaine est particulièrement dynamique grâce à une politique publique très incitative. Je crois qu'on peut dire de façon objective que la communauté professionnelle engagée dans le cinéma et l'audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine est nombreuse, diverse, avec des résultats probants, puisqu'on est plusieurs à avoir des films sélectionnés dans de grands festivals internationaux.
Quels sont aujourd'hui les grands enjeux de la production cinématographique régionale ?
D.H. : Ils sont nombreux ! Le premier enjeu, c'est de maintenir l'équilibre entre le soutien aux premiers films, souvent fragiles, et celui à des films de réalisateurs plus confirmés ; entre un cinéma émergent et un cinéma de marché. Ensuite, il s'agit de contribuer à irriguer l'ensemble du territoire : c'est un enjeu majeur parce que ce territoire est gigantesque. Nous devons donc être attentifs à le représenter dans sa totalité et sa diversité.
Enfin, le troisième enjeu majeur, c'est celui de la diffusion des œuvres, que ce soit à l'intérieur de notre région ou à l'extérieur, aux niveaux national et international. Nous avons par exemple ici un partenaire très important, CINA, une association regroupant environ 150 exploitants arts et essais en Nouvelle-Aquitaine. On discute de plus en plus avec eux. D'une manière générale, il faut qu'on arrive à mieux se parler entre producteurs, diffuseurs, exploitants, festivals et l’agence ALCA pour parvenir ensemble à mieux diffuser les œuvres.
Existe-t-il dans la production cinématographique une dynamique propre à la Nouvelle-Aquitaine ?
D.H. : Depuis la fusion territoriale en 2016, quasiment toutes les régions ont grandi et les productions régionales s'en trouvent renforcées. Il se passe également beaucoup de choses en Bretagne, dans la région Centre, ou dans les Hauts-de-France, mais la Nouvelle-Aquitaine est particulièrement dynamique grâce à une politique publique très incitative. Je crois qu'on peut dire de façon objective que la communauté professionnelle engagée dans le cinéma et l'audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine est nombreuse, diverse, avec des résultats probants, puisqu'on est plusieurs à avoir des films sélectionnés dans de grands festivals internationaux.
Quels sont aujourd'hui les grands enjeux de la production cinématographique régionale ?
D.H. : Ils sont nombreux ! Le premier enjeu, c'est de maintenir l'équilibre entre le soutien aux premiers films, souvent fragiles, et celui à des films de réalisateurs plus confirmés ; entre un cinéma émergent et un cinéma de marché. Ensuite, il s'agit de contribuer à irriguer l'ensemble du territoire : c'est un enjeu majeur parce que ce territoire est gigantesque. Nous devons donc être attentifs à le représenter dans sa totalité et sa diversité.
Enfin, le troisième enjeu majeur, c'est celui de la diffusion des œuvres, que ce soit à l'intérieur de notre région ou à l'extérieur, aux niveaux national et international. Nous avons par exemple ici un partenaire très important, CINA, une association regroupant environ 150 exploitants arts et essais en Nouvelle-Aquitaine. On discute de plus en plus avec eux. D'une manière générale, il faut qu'on arrive à mieux se parler entre producteurs, diffuseurs, exploitants, festivals et l’agence ALCA pour parvenir ensemble à mieux diffuser les œuvres.