Le nouvel Atalante à Bayonne, pour "créer des ponts et casser les cloisons"
Codirectrice de l’Atalante en charge de la direction artistique, avec son collègue Nicolas Burguete qui s’occupe de la partie administrative et financière, Sylvie Larroque est revenue sur les ambitions du nouvel Atalante, inauguré fin août.
Vous avez inauguré le nouvel Atalante le mercredi 28 août 2019. Pouvez-vous revenir sur ce moment historique pour le cinéma que vous codirigez ?
Sylvie Larroque : L’inauguration était pour nous un moment extrêmement attendu et important. Le projet a été très long, parfois éprouvant, avec des travaux qui ont duré plusieurs années, alors c’était important d’officialiser ce moment de l’ouverture. En réalité, le cinéma a ouvert il y a quelques mois. En avril, nous avions fermé l’Atalante historique, ce fut un moment particulièrement fort. C’est dans ce cinéma que nous avions vécu et travaillé pendant des années et c’est une salle dans laquelle il s’est passé énormément de choses, aussi bien pour le cinéma que pour les spectateurs. L’Atalante était le plus vieux cinéma d’Aquitaine avec une ouverture en 1913. Si cette fermeture était marquée par l’émotion, il y avait, pour nous, urgence à ouvrir un lieu que nous attendions depuis si longtemps. Nous avons donc fait une ouverture avec les adhérents du cinéma et le public en attendant l’inauguration officielle. Nous souhaitions attendre quelques finitions importantes avant l’inauguration officielle, et notamment cette façade qui est un peu emblématique du lieu. C’était un des aspects architecturaux les plus singuliers mais aussi l’un des plus compliqués à mettre en œuvre. Nous avons donc attendu la pose de la façade, avant d’organiser, avec la ville de Bayonne, cette inauguration officielle.
Le jour de l’inauguration, la configuration était assez idéale. Nous avions un beau soleil et nous étions nombreux entre le public, les partenaires, les officiels, les élus. Nous souhaitions vraiment que ce temps soit chaleureux, convivial et partagé afin de correspondre à l’identité de l’Atalante. Nous avons donc commencé par un Aurresku, une danse traditionnelle d’hommage afin d’inaugurer symboliquement la salle. Nous avions choisi une marraine pour inaugurer ce lieu, la cinéaste Céline Sciamma. Nous étions très heureux qu’elle ait accepté cette proposition. Nous voulions inscrire ce nouveau lieu dans une dynamique et l’identifier à une jeune cinéaste extrêmement prometteuse et reconnue, qui porte un cinéma à la fois ambitieux et fédérateur, et qui est aussi une cinéaste engagée, un peu à l’image de notre programmation. Nous avons proposé un concert sur le parvis du cinéma, ce qui était pour nous une bonne manière d’investir l’extérieur. Puis, nous avons présenté en avant-première le film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu, suivi d’une rencontre avec la réalisatrice dans la nouvelle salle, notre troisième écran qui s’appelle désormais la salle Céline Sciamma.
À quelles attentes répond ce nouvel espace ?
S.L. : Pour nous, l’enjeu principal était de moderniser le lieu évidemment mais aussi d’avoir une vraie visibilité. L’Atalante historique était un lieu très identifié par le public dans le quartier et avec une vraie âme avec son vieux parquet, son ambiance pub… mais c’était aussi un lieu un peu renfermé sur lui-même, un peu sombre. Aujourd’hui, en se rapprochant du fleuve et du centre-ville de Bayonne, nous opérons un vrai changement. Le nouveau lieu est en réalité une rénovation extension d’un lieu déjà existant, avec la rénovation des salles et la construction de cette troisième salle et d’un bistrot (même si le concept de restauration bar existait déjà).
Sylvie Larroque : L’inauguration était pour nous un moment extrêmement attendu et important. Le projet a été très long, parfois éprouvant, avec des travaux qui ont duré plusieurs années, alors c’était important d’officialiser ce moment de l’ouverture. En réalité, le cinéma a ouvert il y a quelques mois. En avril, nous avions fermé l’Atalante historique, ce fut un moment particulièrement fort. C’est dans ce cinéma que nous avions vécu et travaillé pendant des années et c’est une salle dans laquelle il s’est passé énormément de choses, aussi bien pour le cinéma que pour les spectateurs. L’Atalante était le plus vieux cinéma d’Aquitaine avec une ouverture en 1913. Si cette fermeture était marquée par l’émotion, il y avait, pour nous, urgence à ouvrir un lieu que nous attendions depuis si longtemps. Nous avons donc fait une ouverture avec les adhérents du cinéma et le public en attendant l’inauguration officielle. Nous souhaitions attendre quelques finitions importantes avant l’inauguration officielle, et notamment cette façade qui est un peu emblématique du lieu. C’était un des aspects architecturaux les plus singuliers mais aussi l’un des plus compliqués à mettre en œuvre. Nous avons donc attendu la pose de la façade, avant d’organiser, avec la ville de Bayonne, cette inauguration officielle.
Le jour de l’inauguration, la configuration était assez idéale. Nous avions un beau soleil et nous étions nombreux entre le public, les partenaires, les officiels, les élus. Nous souhaitions vraiment que ce temps soit chaleureux, convivial et partagé afin de correspondre à l’identité de l’Atalante. Nous avons donc commencé par un Aurresku, une danse traditionnelle d’hommage afin d’inaugurer symboliquement la salle. Nous avions choisi une marraine pour inaugurer ce lieu, la cinéaste Céline Sciamma. Nous étions très heureux qu’elle ait accepté cette proposition. Nous voulions inscrire ce nouveau lieu dans une dynamique et l’identifier à une jeune cinéaste extrêmement prometteuse et reconnue, qui porte un cinéma à la fois ambitieux et fédérateur, et qui est aussi une cinéaste engagée, un peu à l’image de notre programmation. Nous avons proposé un concert sur le parvis du cinéma, ce qui était pour nous une bonne manière d’investir l’extérieur. Puis, nous avons présenté en avant-première le film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu, suivi d’une rencontre avec la réalisatrice dans la nouvelle salle, notre troisième écran qui s’appelle désormais la salle Céline Sciamma.
À quelles attentes répond ce nouvel espace ?
S.L. : Pour nous, l’enjeu principal était de moderniser le lieu évidemment mais aussi d’avoir une vraie visibilité. L’Atalante historique était un lieu très identifié par le public dans le quartier et avec une vraie âme avec son vieux parquet, son ambiance pub… mais c’était aussi un lieu un peu renfermé sur lui-même, un peu sombre. Aujourd’hui, en se rapprochant du fleuve et du centre-ville de Bayonne, nous opérons un vrai changement. Le nouveau lieu est en réalité une rénovation extension d’un lieu déjà existant, avec la rénovation des salles et la construction de cette troisième salle et d’un bistrot (même si le concept de restauration bar existait déjà).
"Il aurait été plus simple de construire un nouveau cinéma sur une friche, mais nous voulions vraiment rester ancrés en ville, et dans ce quartier St Esprit que nous occupions depuis toujours."
Pour nous, la façade du cinéma est essentielle dans la valorisation de notre visibilité avec ces ouvertures sur le fleuve et cette singularité qui la rend très cinématographique. C’est une façade qui se passe complètement d’affiche, peut-être un peu à la manière de la façade de l’Utopia à Bordeaux. Il y a vraiment un jeu de l’extérieur vers l’intérieur et inversement. Face à cette façade, on est déjà dans une idée de fiction potentielle avec ses fenêtres semblables à des écrans. Ces notions d’ouverture sur l’extérieur, de transparence, de visibilité, de proximité avec le fleuve ont vraiment été intégrées dans le projet initial de construction. Évidemment, il aurait été plus simple de construire un nouveau cinéma sur une friche, mais nous voulions vraiment rester ancrés en ville, et dans ce quartier Saint-Esprit que nous occupions depuis toujours. Nous avons été confrontés à un certain nombre de contraintes liées aux normes et à l’acoustique, mais nous avons tenu bon et nous ne le regrettons pas.
Dans quelle mesure la Région Nouvelle-Aquitaine a apporté son soutien à cette nouvelle salle ?
S.L. : Nous avons reçu un soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine sur l’investissement1. Nous avons vraiment été soutenus par les différentes collectivités même si c’est évidemment la ville de Bayonne qui a apporté le plus gros investissement. De manière générale, la Région Nouvelle-Aquitaine est un partenaire régulier de nos projets. Elle nous soutient notamment dans le cadre de notre festival Les Rencontres sur les docks qui est un festival plutôt axé sur le documentaire et au sein duquel nous organisons des formations en direction des enseignants et pour lesquelles nous collaborons étroitement avec la Région. Elle nous soutient aussi dans notre activité de distribution du cinéma basque avec Gabarra Films. Et puis, en tant que salle de cinéma, nous diffusons des films qui ont été soutenus par la Région et nous accueillons les réalisateurs.
Pourriez-vous nous en dire plus sur la prochaine édition des Rencontres sur les docks ?
S.L. : Avec l’effervescence du nouvel Atalante, nous n’avons pas encore beaucoup d’éléments précis sur cette prochaine édition. Nous réfléchissons à un focus sur un pays dont l’actualité est forte et qui nous intéresse beaucoup : l’Algérie. Nous pensons à un hommage au cinéaste Jean-Charles Hue que nous souhaiterions inviter. Il y aura aussi un stage académique sur le cinéma de Pasolini, à destination des enseignants et animé par Alain Bergala. Le principe du festival est de faire découvrir des œuvres et d’organiser des rencontres, ce n’est pas un festival compétitif. Nous souhaitons aussi valoriser les croisements entre les personnes et les disciplines, comme on essaie de le faire tout au long de l’année. Il y aura donc des avant-premières en présence de réalisateurs, mais aussi des soirées-concerts et une exposition qui sera présentée durant toute la durée du festival.
"Nous accueillons tous les dispositifs d’éducation aux images de la maternelle au lycée et nous proposons des interventions dans les établissements scolaires pour accompagner les films des dispositifs."
L’Atalante est particulièrement attaché aux actions jeune public et à l’éducation aux images…
S.L. : Évidemment, le volet jeune public et public scolaire est occupe une place très importante de notre programmation. Nous avons une personne dédiée à ce travail qui est Simon Blondeau. Nous accueillons tous les dispositifs d’éducation aux images de la maternelle au lycée et nous proposons des interventions dans les établissements scolaires pour accompagner les films des dispositifs. Nous avons aussi des propositions de cinéma à la carte où les enseignants peuvent venir tout au long de l’année au cinéma. L’année dernière, nous avons aussi accueilli le jury du prix Jean Renoir des lycéens.
Nous avions aussi développé un concept de "Passeurs cinéma" où le principe était de recruter des ambassadeurs volontaires dans les établissements scolaires bayonnais. Ces jeunes étaient associés à des projections et des rencontres durant l’année et jouaient ensuite le rôle de passeurs auprès de leur établissement. Ce dispositif n’était pas tout à fait évident à animer en termes de dynamisme et d’investissement de chacun donc, cette année, nous avons décidé de le retravailler, peut-être notamment avec les jeunes d’Unis-Cité pour lesquels nous organisons déjà des formations et qui ont ensuite un rôle de relais de la programmation là où ils interviennent. Nous avons aussi un partenariat fort avec la section cinéma audiovisuel du lycée René Cassin qui comprend près de 80 élèves. Cette année, nous leur proposerons une carte d’accès gratuit au cinéma afin qu’ils prennent le réflexe de venir au cinéma régulièrement et non pas uniquement sur les propositions qui sont faites dans le cadre scolaire. Nous pensons qu’il est essentiel que ces lycéens ne soient pas confrontés uniquement à une approche théorique du cinéma mais aussi à des rencontres avec des professionnels, qu’il s’agisse de réalisateurs évidemment mais aussi de techniciens du cinéma, de comédiens… Enfin, nous avons aussi un programme de saison Jeune public et nous travaillons régulièrement sur le hors temps scolaire avec des centres de loisir pour leur proposer des projections et des animations. L’enjeu de notre nouvel espace est aussi de continuer à développer le public jeune et étudiant.
Comment qualifierez-vous l’offre cinématographique de l’Atalante ?
S.L. : Nous sommes sur un cinéma clairement Art et essai avec une offre assez exigeante. Nous avons les trois labels2 et nous défendons le cinéma d’auteur. Mais cela se fait de manière ouverte et transversale. Si notre mission première est la diffusion des films, aujourd’hui nous voulons faire de l’Atalante un vrai lieu d’effervescence culturelle (même si nous avons fait ce constat depuis longtemps déjà). Nous développons des collaborations plus régulières avec des scènes de musiques actuelles comme l’Atabal à Biarritz ou le Magnéto à Bayonne ainsi qu’avec des associations qui font de la musique… Nous souhaitons aussi travailler sur des expositions, du spectacle vivant… Cette année, nous accueillerons pour la première fois une conférence théâtrale, en collaboration avec la scène nationale Michel Portal de Bayonne. Nous voulons créer des ponts, casser les cloisons entre les différentes disciplines mais aussi être à l’affût de tout ce qu’il se passe aujourd’hui. Il faut rester curieux pour permettre à la fois ce brassage des publics et le renouvellement de nos pratiques.
1 Investissement de la Région Nouvelle-Aquitaine : 150 000 €
S.L. : Évidemment, le volet jeune public et public scolaire est occupe une place très importante de notre programmation. Nous avons une personne dédiée à ce travail qui est Simon Blondeau. Nous accueillons tous les dispositifs d’éducation aux images de la maternelle au lycée et nous proposons des interventions dans les établissements scolaires pour accompagner les films des dispositifs. Nous avons aussi des propositions de cinéma à la carte où les enseignants peuvent venir tout au long de l’année au cinéma. L’année dernière, nous avons aussi accueilli le jury du prix Jean Renoir des lycéens.
Nous avions aussi développé un concept de "Passeurs cinéma" où le principe était de recruter des ambassadeurs volontaires dans les établissements scolaires bayonnais. Ces jeunes étaient associés à des projections et des rencontres durant l’année et jouaient ensuite le rôle de passeurs auprès de leur établissement. Ce dispositif n’était pas tout à fait évident à animer en termes de dynamisme et d’investissement de chacun donc, cette année, nous avons décidé de le retravailler, peut-être notamment avec les jeunes d’Unis-Cité pour lesquels nous organisons déjà des formations et qui ont ensuite un rôle de relais de la programmation là où ils interviennent. Nous avons aussi un partenariat fort avec la section cinéma audiovisuel du lycée René Cassin qui comprend près de 80 élèves. Cette année, nous leur proposerons une carte d’accès gratuit au cinéma afin qu’ils prennent le réflexe de venir au cinéma régulièrement et non pas uniquement sur les propositions qui sont faites dans le cadre scolaire. Nous pensons qu’il est essentiel que ces lycéens ne soient pas confrontés uniquement à une approche théorique du cinéma mais aussi à des rencontres avec des professionnels, qu’il s’agisse de réalisateurs évidemment mais aussi de techniciens du cinéma, de comédiens… Enfin, nous avons aussi un programme de saison Jeune public et nous travaillons régulièrement sur le hors temps scolaire avec des centres de loisir pour leur proposer des projections et des animations. L’enjeu de notre nouvel espace est aussi de continuer à développer le public jeune et étudiant.
Comment qualifierez-vous l’offre cinématographique de l’Atalante ?
S.L. : Nous sommes sur un cinéma clairement Art et essai avec une offre assez exigeante. Nous avons les trois labels2 et nous défendons le cinéma d’auteur. Mais cela se fait de manière ouverte et transversale. Si notre mission première est la diffusion des films, aujourd’hui nous voulons faire de l’Atalante un vrai lieu d’effervescence culturelle (même si nous avons fait ce constat depuis longtemps déjà). Nous développons des collaborations plus régulières avec des scènes de musiques actuelles comme l’Atabal à Biarritz ou le Magnéto à Bayonne ainsi qu’avec des associations qui font de la musique… Nous souhaitons aussi travailler sur des expositions, du spectacle vivant… Cette année, nous accueillerons pour la première fois une conférence théâtrale, en collaboration avec la scène nationale Michel Portal de Bayonne. Nous voulons créer des ponts, casser les cloisons entre les différentes disciplines mais aussi être à l’affût de tout ce qu’il se passe aujourd’hui. Il faut rester curieux pour permettre à la fois ce brassage des publics et le renouvellement de nos pratiques.
1 Investissement de la Région Nouvelle-Aquitaine : 150 000 €
2 En plus du classement Art et Essai, le CNC peut attribuer trois labels : Jeune public, Recherche et découvertes et Patrimoine et répertoire.