Lorenzo Chiavini, l’histoire au cœur
Lorenzo Chiavini est un scénariste et un illustrateur de bandes dessinées, auteur notamment de Furioso, paru en 2012 chez Futuropolis. Né à Milan, il vit à Angoulême après une résidence à la Maison des auteurs en 2009 où il signe Pénélope et Marguerite en collaboration avec Laurent Bramardi aux éditions Les Enfants Rouges.
Vous assurez le dessin dans l’album Pénélope et Marguerite en 2009, inspiré de La Douleur de Marguerite Duras. Comment êtes-vous parvenu à adapter cette œuvre à la force irradiante ?
Lorenzo Chiavini : L’idée initiale vient de Laurent Bramardi qui m’a proposé le scenario. Nous avons adopté le parti pris de la simplicité car l’œuvre parle d’elle-même, si j’ose dire. Pour cela, le dépouillement et le noir et blanc ont permis de donner de la texture, de la gravité sans emphase. Je précise que Pénélope et Marguerite n’est pas une adaptation. C’est une mise en abîme de l’histoire de Marguerite Duras : l’attente et le retour de son mari Robert Anthelme des camps de concentration. Dans la bande dessinée, le personnage Marguerite va assister à une pièce de théâtre, Retour d’Ulysse en sa Patrie.
Souhaitez-vous multiplier les collaborations avec des scénaristes ? Comment s’élabore le travail d’équipe ?
L.C. : Actuellement, je préfère assurer seul le scénario et le dessin. Cependant, je n’exclus aucune collaboration future. La rencontre avec d’autres auteurs est le fruit de maints enrichissements. Il serait regrettable de s’en priver ! Échanger sur un projet commun ouvre des perspectives de réflexion qui me sont nécessaires. Quant à la méthode, je crois qu’il n’y en a pas. Il s’agit essentiellement d’établir une confiance réciproque au sein de l’équipe. La clarté me semble primordiale.
Lorenzo Chiavini : L’idée initiale vient de Laurent Bramardi qui m’a proposé le scenario. Nous avons adopté le parti pris de la simplicité car l’œuvre parle d’elle-même, si j’ose dire. Pour cela, le dépouillement et le noir et blanc ont permis de donner de la texture, de la gravité sans emphase. Je précise que Pénélope et Marguerite n’est pas une adaptation. C’est une mise en abîme de l’histoire de Marguerite Duras : l’attente et le retour de son mari Robert Anthelme des camps de concentration. Dans la bande dessinée, le personnage Marguerite va assister à une pièce de théâtre, Retour d’Ulysse en sa Patrie.
Souhaitez-vous multiplier les collaborations avec des scénaristes ? Comment s’élabore le travail d’équipe ?
L.C. : Actuellement, je préfère assurer seul le scénario et le dessin. Cependant, je n’exclus aucune collaboration future. La rencontre avec d’autres auteurs est le fruit de maints enrichissements. Il serait regrettable de s’en priver ! Échanger sur un projet commun ouvre des perspectives de réflexion qui me sont nécessaires. Quant à la méthode, je crois qu’il n’y en a pas. Il s’agit essentiellement d’établir une confiance réciproque au sein de l’équipe. La clarté me semble primordiale.
"Mon enthousiasme pour Luigi Pirandello est une constante ! Jack London et Herbert George Welles m’ont profondément marqué."
Votre création s’est-elle enrichie des procédés littéraires ? Êtes-vous prêt à revendiquer vos racines littéraires ?
L.C. : Les procédés littéraires comme les procédés cinématographiques font partie de l’écriture de la bande dessinée. Tout est question de point de vue, d’éclairage et de signifiant. Furioso est inspiré de l’Orlando furioso de Ludovico Ariosto s’agissant de la construction de certains personnages. On est toujours pétri de ses lectures, consciemment ou pas. Mon enthousiasme pour Luigi Pirandello est une constante ! Jack London et Herbert George Welles m’ont profondément marqué. J’oubliais Carlo Collodi, Fiodor Dostoïevski et Mikhaïl Bulgakov ! Ils bercent tant mon imaginaire !
Votre album Furioso embrasse une période clé dans l’histoire de l’Orient et de l’Europe : le temps des croisades. Comment faire des conflits géopolitiques sous couvert de religion un message primordial ?
L.C. : Analyser ce type de conflits offre la possibilité de montrer que la religion est un miroir déformant, qui transforme la réalité, qui la tord. Ici, les religions sont deux folies stériles qui s’opposent. La sagesse du personnage est d’abandonner ces folies. Au cœur de la forêt, il est plus en sécurité parmi les loups. Les vrais loups se battent au nom de Dieu afin d’augmenter leur pouvoir : leurs ambitions personnelles, petites et humaines.
La question du lecteur se retrouve-t-elle dans votre manière de travailler ? Autrement dit, comment entre la question de l’autre dans le dessin et le texte ?
L.C. : La question de l’autre réside d’abord dans le souci d’être lisible, compréhensible pour le lecteur. Mon but n’est pas de le flatter ni de le tenir par la main. Néanmoins, la lecture à venir se pose dans la structure même de l’ensemble, de la page qui s’achève ou que l’on va tourner pour lire la suite de l’histoire.
L.C. : Les procédés littéraires comme les procédés cinématographiques font partie de l’écriture de la bande dessinée. Tout est question de point de vue, d’éclairage et de signifiant. Furioso est inspiré de l’Orlando furioso de Ludovico Ariosto s’agissant de la construction de certains personnages. On est toujours pétri de ses lectures, consciemment ou pas. Mon enthousiasme pour Luigi Pirandello est une constante ! Jack London et Herbert George Welles m’ont profondément marqué. J’oubliais Carlo Collodi, Fiodor Dostoïevski et Mikhaïl Bulgakov ! Ils bercent tant mon imaginaire !
Votre album Furioso embrasse une période clé dans l’histoire de l’Orient et de l’Europe : le temps des croisades. Comment faire des conflits géopolitiques sous couvert de religion un message primordial ?
L.C. : Analyser ce type de conflits offre la possibilité de montrer que la religion est un miroir déformant, qui transforme la réalité, qui la tord. Ici, les religions sont deux folies stériles qui s’opposent. La sagesse du personnage est d’abandonner ces folies. Au cœur de la forêt, il est plus en sécurité parmi les loups. Les vrais loups se battent au nom de Dieu afin d’augmenter leur pouvoir : leurs ambitions personnelles, petites et humaines.
La question du lecteur se retrouve-t-elle dans votre manière de travailler ? Autrement dit, comment entre la question de l’autre dans le dessin et le texte ?
L.C. : La question de l’autre réside d’abord dans le souci d’être lisible, compréhensible pour le lecteur. Mon but n’est pas de le flatter ni de le tenir par la main. Néanmoins, la lecture à venir se pose dans la structure même de l’ensemble, de la page qui s’achève ou que l’on va tourner pour lire la suite de l’histoire.
"Je travaille actuellement sur deux projets dont l’un est un ouvrage didactique pour la jeunesse, faisant suite à un album ancien, réalisé il y a quinze ans."
Vous êtes Milanais. Quels sont les auteurs italiens de bande dessinée qui ont marqué et influencé votre technique, votre style ?
L.C. : Ils sont nombreux ! De Giorgio Cavazzano à Lorenzo Matteotti. Cavazzano a travaillé pour Disney, ce qui m’a influencé. J’ai en effet commencé par dessiner pour le magazine le Journal de Mickey, en créant parallèlement des produits dérivés pour Disney. Restent incontournables des auteurs tels Hugo Pratt, Dino Battaglia, Sergio Toppi, Attilio Micheluzzi, Benito Jacovitti, Corrado Mastantuono, Gipi.
Serait-ce un défi de vous attacher à "une histoire de l’Italie" ?
L.C. : En réalité, c’est un projet qui m’intéresse. Je souhaiterais m’attacher à écrire une histoire, plutôt nébuleuse, qui commencerait après la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai pas encore de plan arrêté. Mais tout avance !
Vous avez un Master en Architecture de l’Université de Milan. Comment le langage de cet espace évolue-t-il dans votre géographie imaginaire ?
L.C. : Je me représente ce parcours universitaire comme une formation culturelle, non pas comme la colonne vertébrale de mon imaginaire totalement ancré dans le cinéma et la littérature.
Organisez-vous toujours la mise en œuvre d’un projet artistique ? Pouvez-vous nous présenter vos travaux pour l’année 2018 ?
L.C. : Je travaille actuellement sur deux projets dont l’un est un ouvrage didactique pour la jeunesse, faisant suite à un album ancien, réalisé il y a quinze ans. J’ai d’autres projets plus personnels que je préfère tenir secrets…
Vous vous apprêtez à partir trois mois à Arezzo d’où est originaire votre famille. Vous sentez-vous prêt à écrire et à dessiner en italien ?
L.C. : J’écris et je dessine toujours en italien. Aussi, je pense que la vue d’ensemble d’un projet artistique est influencée par le lieu d’écriture.
L.C. : Ils sont nombreux ! De Giorgio Cavazzano à Lorenzo Matteotti. Cavazzano a travaillé pour Disney, ce qui m’a influencé. J’ai en effet commencé par dessiner pour le magazine le Journal de Mickey, en créant parallèlement des produits dérivés pour Disney. Restent incontournables des auteurs tels Hugo Pratt, Dino Battaglia, Sergio Toppi, Attilio Micheluzzi, Benito Jacovitti, Corrado Mastantuono, Gipi.
Serait-ce un défi de vous attacher à "une histoire de l’Italie" ?
L.C. : En réalité, c’est un projet qui m’intéresse. Je souhaiterais m’attacher à écrire une histoire, plutôt nébuleuse, qui commencerait après la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai pas encore de plan arrêté. Mais tout avance !
Vous avez un Master en Architecture de l’Université de Milan. Comment le langage de cet espace évolue-t-il dans votre géographie imaginaire ?
L.C. : Je me représente ce parcours universitaire comme une formation culturelle, non pas comme la colonne vertébrale de mon imaginaire totalement ancré dans le cinéma et la littérature.
Organisez-vous toujours la mise en œuvre d’un projet artistique ? Pouvez-vous nous présenter vos travaux pour l’année 2018 ?
L.C. : Je travaille actuellement sur deux projets dont l’un est un ouvrage didactique pour la jeunesse, faisant suite à un album ancien, réalisé il y a quinze ans. J’ai d’autres projets plus personnels que je préfère tenir secrets…
Vous vous apprêtez à partir trois mois à Arezzo d’où est originaire votre famille. Vous sentez-vous prêt à écrire et à dessiner en italien ?
L.C. : J’écris et je dessine toujours en italien. Aussi, je pense que la vue d’ensemble d’un projet artistique est influencée par le lieu d’écriture.