Marin Ledun : "Lire est synonyme de liberté absolue"
Parmi les cinq nommés au prix littéraire La Voix des lecteurs dont la révélation du lauréat sera annoncée en ligne le 17 novembre prochain, Marin Ledun a répondu au questionnaire de Proust "La madeleine, le canelé et le macaron". Rencontre avec l’auteur de La Vie en rose, publié dans la collection série noire aux éditions Gallimard.
"Les mots sont comme des rayons X ; si l’on s’en sert convenablement, ils transpercent n’importe quoi" (Aldous Huxley) : Quel est votre mot préféré ?
Marin Ledun : Liberté. Sinon, à quoi bon…
"La musique, c’est du bruit qui pense" (Victor Hugo) : Quelle musique vous aide à penser, à écrire ?
M.L. : Je suis incapable d’écrire ou de me concentrer sur une idée en musique. Paradoxalement, le bruit, le vacarme même, ne me dérangent pas. La musique s’écoute. Ce serait comme être assis au cinéma devant le dernier film de mon réalisateur préféré et essayer de lire un bon livre en même temps. Le bruit, lui, fait partie du processus d’écriture.
"Une heure de lecture est le remède souverain aux dégoûts de la vie" (Montesquieu) : Quels sont vos livres de chevet, ceux qui accompagnent votre vie ?
M.L. : Sans hésiter, GB84 de David Peace, Moby Dick de Melville et Le Doigt de Dieu d’Erskine Caldwell.
"Sur les étagères des bibliothèques, je vis un monde surgir de l’horizon" (Jack London) : Quelle place accordez-vous à la lecture ?
M.L. : Lire, c’est voler du temps à la frénésie ambiante, prendre le temps, devenir meilleur. Lire est synonyme de liberté absolue.
"Les métiers sans ennuis sont les métiers qu’on ne fait pas" (Alain) : Quel est le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?
M.L. : Laveur de gratte-ciel. J’ai le vertige depuis mes vingt ans.
"La façon dont une histoire est agencée, structurée, le choix des personnages, la langue utilisée ainsi que les thèmes abordés en disent long sur celui qui écrit et sur sa vision du monde."
"Tout portrait qu’on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l’artiste" (Oscar Wilde) : Où se situe la part autobiographique de vos écrits ?
M.L. : Dans la méthode. La façon dont une histoire est agencée, structurée, le choix des personnages, la langue utilisée ainsi que les thèmes abordés en disent long sur celui qui écrit et sur sa vision du monde.
"Si tous les gens du monde voulaient se donner la main" (Paul Fort) : Quelle suite donneriez-vous à cette comptine ?
M.L. : Sincèrement, je ne sais pas. Elle me rappelle celle que mes instituteurs me faisaient apprendre, lorsque j’étais élève dans une petite école primaire catholique. J’ai longtemps cru, enfant et adolescent, que ce type de comptines était une sorte de promesse d’un avenir meilleur, pour peu que nous nous donnions effectivement la main. Je suis devenu pessimiste avec le temps, j’imagine.
Que vous inspire ces mots de Boris Vian ? "Il est évident que le poète écrit sous le coup de l’inspiration, mais il y a des gens à qui les coups ne font rien."
M.L. : Mon problème vient précisément du mot inspiration. C’est une question que l’on pose souvent aux auteurs : "D’où vient votre inspiration ?" Et j’ignore comment y répondre. Je me sens plutôt comme aspiré par tout un tas d’événements humains qui me mettent en colère ou, à l’inverse, que je trouve magnifiques et dont j’ai besoin et envie de parler.
"Je ne crois pas à l’au-delà mais j’emmènerai quand même des sous-vêtements de rechange" (Woody Allen) : Si un dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire ?
M.L. : Si, pour une fois, il pouvait se taire…