Mauriac 2020 : une année exceptionnelle pour le Domaine de Malagar
À quelques jours des Vendanges de Malagar, qui réuniront les 18 et 19 septembre prochains écrivains, historiens, artistes et journalistes autour de la thématique Mauriac 2020, Marie-Sylvie Bitarelle, directrice du Centre François Mauriac de Malagar, à Saint-Maixant (33), explique à Prologue comment Malagar articule ces prochains mois sa programmation avec le cinquantenaire de la disparition de François Mauriac.
Alors que nous avons célébré ce 1er septembre le cinquantenaire de la disparition de François Mauriac s'ouvre Mauriac 2020, un programme de rencontres commémorant l'événement. Que prévoit-il ?
Marie-Sylvie Bitarelle : Nous avons impulsé ce programme afin que toutes les énergies se rassemblent pour commémorer de manière cohérente et coordonnée le cinquantenaire de la disparition de François Mauriac. Tous les rendez-vous répondent à la même envie : démontrer l'intérêt de lire et relire Mauriac aujourd'hui, pour la puissance de son œuvre littéraire et l'intemporalité de ses écrits journalistiques. Sont ainsi proposées des expositions, notamment à la Bibliothèque municipale de Bordeaux et à la bibliothèque de l'Institut de France, des conférences et des manifestations littéraires, partout sur le territoire.
Le premier grand rendez-vous de ce programme sont les Vendanges de Malagar les 18 et 19 septembre, avec une édition forcément exceptionnelle…
M-S.B. : Inscrites dans le programme Mauriac 2020, les Vendanges s’attacheront cette année à poser une réflexion contemporaine sur des problématiques mauriaciennes. Nous allons par exemple interroger l'adaptation cinématographique d'œuvres littéraires avec la projection en avant-première au cinéma Lux de Cadillac du film Des Hommes de Lucas Belvaux, suivie d'un échange avec le réalisateur et Catherine Frot.
Nous nous intéresserons aux personnages "monstrueux" en littérature avec Leïla Slimani et Éric Fottorino, aux personnages féminins des romans de Mauriac avec Natacha Vas-Deyres, à la relation entre dessin et littérature lors d'une carte blanche au dessinateur Wiaz, aux chroniques journalistiques de Mauriac avec Aurélien Bellanger et Léa Wiazemsky, à la réédition du Bloc-notes aux éditions Laffont et Mollat, sans oublier l'ouverture le samedi en début d'après-midi de Mauriac 2020 par Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Le grand débat questionnera enfin la liberté d'expression, si chère à François Mauriac, au travers de la thématique Écrire contre son camp et réunira Éric Chol, Éric Fottorino, Arnaud Schwartz, accompagné de Marie Lemaitre et Mathilde Lœuille, toutes deux étudiantes à l'Ijba [Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine, ndlr], et sera modéré par Laurent Mauriac.
"Le 1 sera distribué dans de nombreux établissements de la région pour faire découvrir ou redécouvrir Mauriac aux lycéens."
Le journal Le 1 vient de sortir un numéro dédié à François. Que renferme ce numéro spécial ?
M-S.B. : Ce numéro, qui est le fruit d'un partenariat entre la Région Nouvelle-Aquitaine, le Centre François Mauriac de Malagar et Le 1, établit des ponts avec les Vendanges. Nous retrouverons des sujets communs, traités différemment, avec Leïla Slimani, Philippe Lançon ou encore Jean-Marie Rouart. Le journal est sorti de presse le 9 septembre et sera en accès libre lors des Vendanges. Dans le cadre du partenariat, il sera distribué dans de nombreux établissements de la région pour faire découvrir ou redécouvrir Mauriac aux lycéens.
Une autre publication marquante cette année est celle de l'édition du Livre de raison par Le Festin. Des rencontres sont-elles prévues en région pour présenter l'ouvrage ?
M-S.B. : Le Livre de raison est un ouvrage très particulier, à la fois livre de compte, mémoire de la vie du domaine, et témoignage du regard de Mauriac sur l'actualité de son temps. La vie quotidienne y cohabite avec la grande Histoire. Lors de La Nuit de la lecture l'année dernière, nous avions décidé avec la Bibliothèque municipale de Bordeaux, propriétaire du manuscrit, de lire des passages de ce Livre de raison qui était exceptionnellement exposé à Malagar. Le public a montré un tel intérêt pour ce texte inédit, que nous avons décidé de l’éditer avec Le Festin.
De nombreuses rencontres sont prévues partout en région pour promouvoir l'ouvrage. David Vincent, directeur du développement des éditions Le Festin, a ainsi présenté Le Livre de raison à la Librairie Madison de Libourne le 10 septembre, avant Philippe Baudorre samedi dernier à Saint-Symphorien. Deux nouvelles rencontres auront lieu le 24 septembre à la Librairie Georges, à Talence, puis le 29 septembre à la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux avec son directeur Nicolas Galaud, David Vincent et Philippe Baudorre. Ce dernier animera également une rencontre le 24 octobre à la Librairie de Corinne, à Soulac, et d’autres rendez-vous seront programmées dans d’autres librairies durant l’automne.
Un projet multimédia de l'artiste Camille Lavaud, initié au Chalet Mauriac et poursuivi au Frac Nouvelle-Aquitaine lors de résidences d'écritures, va faire l'objet d'une rencontre en décembre à la MÉCA. Le Centre François Mauriac est-il attentif à ces créations contemporaines revisitant l'œuvre de Mauriac ?
M-S.B. : Ces créations sont la preuve que Mauriac suscite encore de l'intérêt aujourd'hui et ce, dans de nombreux champs : le cinéma, la littérature, le journalisme, l'environnement, la sociologie et donc avec Camille Lavaud le terrain de l'art contemporain et de l'art plastique. Mauriac s'intéressait d'ailleurs aux propositions artistiques de son époque, notamment en matière de peinture. Ce projet, qui revisite Thérèse Desqueyroux et a été travaillé au Chalet Mauriac, maison de vacances du jeune François Mauriac, s'inscrit naturellement dans les créations que nous suivons.
"C'est dans ce même objectif de proposer à d'autres publics, notamment les plus jeunes, d'entrer dans l'univers de François Mauriac, que nous sommes en train de finaliser un serious game autour du Cahier noir de François Mauriac."
La maison de François Mauriac étant en restauration, le Centre propose depuis cet été une visite numérique de Malagar. En quoi consiste-t-elle ? ?
M-S.B. : Une grande partie du domaine de Malagar, dont la maison, est effectivement fermée au public, au moins jusqu'en 2021. Il s’agit donc d’une solution de substitution mais qui permet aussi de découvrir Mauriac et le domaine différemment. En suivant le parcours classique des différentes pièces, le visiteur est littéralement immergé en images et en sons dans la maison, en profitant d’éléments qui enrichissent la visite. Par exemple, au moment où l’on découvre les portraits de famille sur l'écran nous avons la possibilité de convoquer d’autres documents présentant la fratrie.
Malagar numérique, ce sont aussi des bornes interactives installées dans le Chai du rouge, qui permettent de découvrir aux moyens de contenus multimédia l'œuvre, la vie, la famille et le domaine. L'objectif est bien sûr de continuer à accueillir des visiteurs mais aussi de proposer à d'autres publics, notamment les plus jeunes, d’entrer dans l’univers de François Mauriac grâce à des outils qui leur sont familiers. C'est dans ce même objectif que nous sommes en train de finaliser un serious game autour du Cahier noir de François Mauriac.