Au lycée Kyoto de Poitiers, des élèves "se racontent" avec Didier Ayres
L'auteur Didier Ayres a été accueilli au printemps dernier au lycée Kyoto de Poitiers (86), dans le cadre du dispositif Résidences en territoire. Il revient avec Prologue sur ces presque deux mois de résidence au cours desquels il a initié les élèves à l'écriture et à la lecture.
Que retenez-vous de ces sept semaines de résidence passées au contact des lycéens du lycée Kyoto de Poitiers ?
Didier Ayres : Une grande satisfaction. J’ai eu la vraie impression de partager, d’unir, de mener vers un ailleurs, par la transmission de techniques et de savoirs savants, les lycéennes et lycéens, afin de créer en eux des zones de contacts inédites. Et même si la progression s’est faite par étapes, je crois que les élèves étaient différents entre le début et la fin de ces ateliers de lecture et d’écriture. Personnellement, j’ai même été touché fortement par l’investissement de chacun, y compris des enseignants. Je crois du reste, que l’impact, s’il a eu lieu, a dépendu de tous les facteurs présents : intendance, corps enseignant, volontés corrélées, compétences des artistes, soins apportés à l’hébergement, créneaux horaires, etc.
Vous avez travaillé avec les élèves sur le projet Se raconter. Comment s'est organisée cette médiation et des créations ont-elles émergé ?
D.A. : Encore une fois, naturellement. Les actions, les incitations, le travail sur la voix, sur l’expression orale, la désinhibition, la coexistence entre les possibles, entre ce que je demandais et les possibilités relatives aux individualités, la force aussi des haïkus qui, dans leur simplicité, ont été vite transmis. C’est l’ensemble de ces phénomènes qui ont bâti une relation intime et approfondie entre les personnes et le groupe – je répète que l’importance des compétences mises en jeu, ont eu raison de la certaine rigidité des apprenants au début des ateliers.
"J’ai envisagé cette médiation en termes socio-pragmatiques afin de couvrir le champ des possibilités d’un public pour beaucoup issu de la diversité, espérant pouvoir corriger les inégalités."
Rassembler et réunir dans le cadre d’une médiation poétique, utopique, dans le but d’un brassage des cultures populaires et savantes, tel a été l’horizon d’attente de ce projet. J’ai pensé au travail que faisait mon grand-père, qui de l’osier dur fabriquait des paniers, donc assouplissait le matériau. J’ai envisagé cette médiation en termes socio-pragmatiques afin de couvrir le champ des possibilités d’un public pour beaucoup issu de la diversité, espérant pouvoir corriger les inégalités.
Vous avez en parallèle travaillé sur un projet de création personnel, Tankas rouges. Où en êtes-vous ?
D.A. : Pour la partie personnelle, il me faudra du temps pour aboutir à un texte publiable, mais ce n’est nullement à cause des délais et des travaux du projet Se raconter à Kyoto. Il s’agit surtout de laisser maintenant germer en moi la globalité, le travail de détail et de relecture finale, puis la mise au propre, que je diffère volontairement pour avoir assez de distance afin de produire un livre. Cependant, je peux dire que l’astreinte du projet a été bénéfique.