Mirobole, une maison d’édition de littérature étrangère à Bordeaux
Créée à Bordeaux il y a cinq ans, Mirobole publie de la littérature contemporaine traduite de différentes langues et présente avec éclectisme divers auteurs européens et autres peu connus ou inconnus en France mais représentatifs des tendances, préoccupations et thématiques dans la littérature de fiction actuelle. Rencontre avec sa cofondatrice et gérante, Sophie de Lamarlière.
Quand est née votre maison d’édition ? Quel en était le projet ?
Sophie de Lamarlière : Nous nous sommes établies à Bordeaux en 2013, avec Nadège Agullo qui a ensuité créé sous son nom sa propre maison d’édition, aussi à Bordeaux. Nous disposions au départ d’un choix de quatre auteurs. Il y avait un roman policier du Polonais Zigmunt Miloszewski, un thriller de la Danoise Inger Wolf, un polar de l’Américain S. G. Browne et un roman de la Russe Anna Starobinets, de coloration fantastique et kafkaïenne, avec un certain réalisme magique. Nous avions mis de l’argent à deux, mais nous étions à la recherche d’un diffuseur. Finalement, nous avons pu obtenir un contrat avec Harmonia Mundi, dont nous sommes très satisfaits. Nous sommes distribués en France, Suisse, Belgique et au Canada.
Que nous diriez-vous de votre ligne éditoriale ?
S.L. : D’emblée, c’était la littérature étrangère. Nous avions peu de goût pour la littérature française contemporaine ou pour la littérature anglo-saxonne, sauf exception avec des auteurs d’une vraie originalité comme S. G. Browne, qui est traduit en plusieurs langues et édité en Série noire par Gallimard. Mais l’idée était plutôt de donner un accent européen, avec une ouverture sur l’Europe de l’Est, la Scandinavie, la Russie, la Grèce, l’Espagne et le Portugal... Nous avons été les premiers à publier en France un auteur de roman policier polonais. Nous avons édité un auteur des îles Canaries, Alexis Ravelo, qui écrit des pièces de théâtre, des recueils de nouvelles et de contes fantastiques, et des romans noirs qui ont été couronnés par de nombreux prix.
Sophie de Lamarlière : Nous nous sommes établies à Bordeaux en 2013, avec Nadège Agullo qui a ensuité créé sous son nom sa propre maison d’édition, aussi à Bordeaux. Nous disposions au départ d’un choix de quatre auteurs. Il y avait un roman policier du Polonais Zigmunt Miloszewski, un thriller de la Danoise Inger Wolf, un polar de l’Américain S. G. Browne et un roman de la Russe Anna Starobinets, de coloration fantastique et kafkaïenne, avec un certain réalisme magique. Nous avions mis de l’argent à deux, mais nous étions à la recherche d’un diffuseur. Finalement, nous avons pu obtenir un contrat avec Harmonia Mundi, dont nous sommes très satisfaits. Nous sommes distribués en France, Suisse, Belgique et au Canada.
Que nous diriez-vous de votre ligne éditoriale ?
S.L. : D’emblée, c’était la littérature étrangère. Nous avions peu de goût pour la littérature française contemporaine ou pour la littérature anglo-saxonne, sauf exception avec des auteurs d’une vraie originalité comme S. G. Browne, qui est traduit en plusieurs langues et édité en Série noire par Gallimard. Mais l’idée était plutôt de donner un accent européen, avec une ouverture sur l’Europe de l’Est, la Scandinavie, la Russie, la Grèce, l’Espagne et le Portugal... Nous avons été les premiers à publier en France un auteur de roman policier polonais. Nous avons édité un auteur des îles Canaries, Alexis Ravelo, qui écrit des pièces de théâtre, des recueils de nouvelles et de contes fantastiques, et des romans noirs qui ont été couronnés par de nombreux prix.
"Nous publions des thrillers et des polars, mais sans formatage ni prisme géographique strict."
Nous avons publié aussi Psychiko, un roman policier écrit en 1928 par Paul Nirvanas — un des nombreux pseudonymes de l’écrivain grec Pétros K. Apostolidis (1866-1937). Nous n’avons pas conçu notre ligne éditoriale en la ciblant dans une optique répondant à des méthodes et des normes de marketing. Nous publions des thrillers et des polars, mais sans formatage ni prisme géographique strict. Nos thémes relèvent de la critique sociale, psychologique, politique, d’un fantastique sans exclusive ou de sujets plus métaphysiques, le tout en privilégiant une part d’humanisme et d’affectivité.
Vous ne publiez que de la fiction ?
S.L. : Oui, uniquement. Il s’agit de romans, de récits courts et de nouvelles, répartis dans deux collections : Horizons pourpres et Horizons noirs pour les romans policiers. Nous veillons à la variété des tons, des choix thématiques et à la qualité de l’écriture. Un bon romancier n’étant pas toujours repérable d’emblée, la part de hasard dans le choix des auteurs peut être assez frustrante. La littérature tchèque contemporaine présente un vivier d’auteurs passionnants. Michel Avaz, dont nous avons publié deux romans, L’Autre Ville et L’Âge d’or, est un écrivain praguois méconnu en France, mais important.
Aussi poète et essayiste sinon philosophe, il a reçu le prix littéraire Magnesia Litera, un des plus prestigieux de son pays. Il est étudié par la critique aux USA, son œuvre est traduite et publiée dans treize langues. Marqué par le surréalisme, il explore l’imaginaire et les formes littéraires avec beaucoup d’originalité. L’Autre Ville à remporté en 2015 le Prix européen des Utopiales. Mais nous sommes éclectiques. L’œuvre de Karin Brunk Holmqvist, une des romancières les plus populaires de Suède, se caractérise par des romans sans parti pris de recherche formelle ou stylistique particulière mais d’une grande humanité dans la peinture des personnages et de la vie sociale. Et dénotant un beau sens de l’humour.
Vous ne publiez que de la fiction ?
S.L. : Oui, uniquement. Il s’agit de romans, de récits courts et de nouvelles, répartis dans deux collections : Horizons pourpres et Horizons noirs pour les romans policiers. Nous veillons à la variété des tons, des choix thématiques et à la qualité de l’écriture. Un bon romancier n’étant pas toujours repérable d’emblée, la part de hasard dans le choix des auteurs peut être assez frustrante. La littérature tchèque contemporaine présente un vivier d’auteurs passionnants. Michel Avaz, dont nous avons publié deux romans, L’Autre Ville et L’Âge d’or, est un écrivain praguois méconnu en France, mais important.
Aussi poète et essayiste sinon philosophe, il a reçu le prix littéraire Magnesia Litera, un des plus prestigieux de son pays. Il est étudié par la critique aux USA, son œuvre est traduite et publiée dans treize langues. Marqué par le surréalisme, il explore l’imaginaire et les formes littéraires avec beaucoup d’originalité. L’Autre Ville à remporté en 2015 le Prix européen des Utopiales. Mais nous sommes éclectiques. L’œuvre de Karin Brunk Holmqvist, une des romancières les plus populaires de Suède, se caractérise par des romans sans parti pris de recherche formelle ou stylistique particulière mais d’une grande humanité dans la peinture des personnages et de la vie sociale. Et dénotant un beau sens de l’humour.
"Les frais de traduction étant très importants, ils rendent l’entreprise assez précaire."
Comment s’effectuent vos découvertes et votre travail avec les traducteurs ? Pour quels résultats éditoriaux ?
S.L. : Nous travaillons avec un réseau de traducteurs très éclaté. C’est par leur intermédiaire, ou par des prises de contact d’agents littéraires, ou bien par des réseaux de petites maisons d’édition étrangères, que des titres nous sont proposés. Beaucoup sont déjà traduits en anglais. En matière de notoriété, pour l’instant Mirobole est plus connue par exemple à Lyon ou sur Paris qu’à Bordeaux. Mais pour le travail avec les traducteurs ou autres, nous privilégions quand même le local dans la relation. Nous avons eu d’abord un imprimeur dans le Quercy, puis à présent en Normandie. Les frais de traduction étant très importants, ils rendent l’entreprise assez précaire. Certains de nos titres peuvent se vendre à perte, d’autres réalisent heureusement de bonnes ventes. Nous publions six à dix ouvrages par an, tirés entre 2000 et 4000 exemplaires, à 2500 en moyenne. Nous avons une adhésion et diverses retombées de la part du public, comme un lectorat de grands lecteurs, des collectionneurs du catalogue. Nous avons des retours de la part des lecteurs de Karin Brunk Holmqvist. Pour le moment, nous manquons de temps pour fédérer une communauté de lecteurs sur un site internet.
Quels sont vos projets et votre actualité ?
S.L. : Nous venons de publier Villa Bonita, de Karin Brunk Homqvist, après Colza mécanique et Aphrodite et vieilles dentelles, qui ont été repris en poche par "J’ai lu". L’auteur a fait paraître une dizaine de romans, vendus à plus d’un million d’exemplaires. Actuellement, nous préparons la rentrée, où nous allons présenter dès fin août un roman de Bianca Bellová traduit du tchèque, Nami. Il a obtenu le Prix de l’Union européenne et, en République tchèque, le Prix Magnesia Litera. C’est un roman d’apprentissage situé dans l’Asie centrale post-soviétique, au bord d’une sorte de mer d’Aral imaginaire, après une apocalypse écologique. Puis nous publierons en septembre un roman policier aux accents ironiques et satyriques, autour de l’installation d’un parc d’éoliennes qui affole la population d’un village, par Bram Dehouck, un auteur belge traduit du flamand.
S.L. : Nous travaillons avec un réseau de traducteurs très éclaté. C’est par leur intermédiaire, ou par des prises de contact d’agents littéraires, ou bien par des réseaux de petites maisons d’édition étrangères, que des titres nous sont proposés. Beaucoup sont déjà traduits en anglais. En matière de notoriété, pour l’instant Mirobole est plus connue par exemple à Lyon ou sur Paris qu’à Bordeaux. Mais pour le travail avec les traducteurs ou autres, nous privilégions quand même le local dans la relation. Nous avons eu d’abord un imprimeur dans le Quercy, puis à présent en Normandie. Les frais de traduction étant très importants, ils rendent l’entreprise assez précaire. Certains de nos titres peuvent se vendre à perte, d’autres réalisent heureusement de bonnes ventes. Nous publions six à dix ouvrages par an, tirés entre 2000 et 4000 exemplaires, à 2500 en moyenne. Nous avons une adhésion et diverses retombées de la part du public, comme un lectorat de grands lecteurs, des collectionneurs du catalogue. Nous avons des retours de la part des lecteurs de Karin Brunk Holmqvist. Pour le moment, nous manquons de temps pour fédérer une communauté de lecteurs sur un site internet.
Quels sont vos projets et votre actualité ?
S.L. : Nous venons de publier Villa Bonita, de Karin Brunk Homqvist, après Colza mécanique et Aphrodite et vieilles dentelles, qui ont été repris en poche par "J’ai lu". L’auteur a fait paraître une dizaine de romans, vendus à plus d’un million d’exemplaires. Actuellement, nous préparons la rentrée, où nous allons présenter dès fin août un roman de Bianca Bellová traduit du tchèque, Nami. Il a obtenu le Prix de l’Union européenne et, en République tchèque, le Prix Magnesia Litera. C’est un roman d’apprentissage situé dans l’Asie centrale post-soviétique, au bord d’une sorte de mer d’Aral imaginaire, après une apocalypse écologique. Puis nous publierons en septembre un roman policier aux accents ironiques et satyriques, autour de l’installation d’un parc d’éoliennes qui affole la population d’un village, par Bram Dehouck, un auteur belge traduit du flamand.
André Paillaugue a fait des études de Lettres à Bordeaux et Paris. Il a été critique littéraire et critique d’art pour Spirit, Junkpage, les Cahiers de Critique de Poésie du Cipm. Il a pubilé aux Éditions de l’Attente et en revue : Ouste, Le Festin, Le Bord de l’Eau, les Cahiers Art & Science, L’intranquille, Espace(s)-CNES.