Sébastien Laurier sur "la piste des rêves" au lycée Valin de La Rochelle
Sébastien Laurier a inauguré le dispositif Résidences en territoire au début de l'année 2020 en passant six semaines au contact des élèves et des personnels du lycée René-Josué Valin de La Rochelle pour construire, avec eux, le projet artistique Sur la piste des rêves. Bien que tronqués par le confinement de mars 2020, la résidence et les travaux menés avec les lycéens ont pu aboutir à de nouvelles créations.
Que retenez-vous de ces six semaines de résidence passées au contact des élèves du lycée Valin de La Rochelle ?
Sébastien Laurier : Ce sont les rapports avec et entre les différentes personnes du lycée qui m'ont le plus marqué. D'abord parce que j'ai pu travailler avec une partie de l'équipe pédagogique pour lancer les ateliers. En-dehors du cadre des cours, j'ai saisi les interstices – entre midi et deux au CDI, le soir avec les internes et avec les professeurs volontaires – pour échanger avec les élèves et les adultes afin de collecter leurs rêves, objet de mon projet de résidence. Ces marges m'ont permis de créer le contact entre des personnes qui ne se parlent pas forcément au sein des établissements scolaires : les élèves, les enseignants, les assistants d'éducation et les personnels administratifs.
Je retiens aussi un goût d'inachevé de ne pas avoir pu terminer à quinze jours près à cause du confinement : nous étions prêts à lancer ce parcours créatif, cette balade géolocalisée à partir d'une application. Il ne nous manquait plus que des enregistrements vocaux à faire avant de restituer le projet. De cette frustration sont tout de même nées de nouvelles envies.
Vous avez travaillé avec les élèves sur "la piste des rêves". Comment s'est organisée cette médiation et des créations ont-elles émergées ?
S.L. : J'ai notamment travaillé avec une professeure d'arts plastiques qui était intéressée par le rêve, de nombreux peintres ayant traité le sujet. Nous avons conçu une série d'ateliers d'écriture autour du rêve, notamment celui qu'a peint Albrecht Dürer, afin d'en faire une œuvre intégrée au parcours sonore. Avec des classes de français, nous avons demandé aux élèves d'écrire sur leurs voyages, réels et rêvés.
"Nous avons écrit à partir des rêves au cours de deux ateliers avant de créer une chorégraphie d'un rêve commun à tous les lycéens."
Une enseignante d'éducation physique et sportive a souhaité que l'on "mette du sens" dans un de ses cours. Nous avons écrit à partir des rêves au cours de deux ateliers avant de créer une chorégraphie d'un rêve commun à tous les lycéens.
Malgré le confinement et l'arrêt précipité de la résidence à deux semaines du terme, des projets de création personnels ont-ils émergé ?
S.L. : En effet, de cette frustration sont nées de nouvelles envies, par exemple en imaginant en-dehors du lycée une autre création de parcours en lien avec le Phare du bout du monde de La Rochelle. Ce projet s'intitule Histoire au bout du monde et il devrait bientôt être développé avec la société de production Narrative, l'Office de tourisme de La Rochelle, l'association du Phare du bout du monde, la Ville, le Département et la Région qui a lancé un appel à projets. Je souhaiterais que l'on sorte de la balade patrimoniale habituelle, que l'on propose plutôt une histoire, un récit en 3D pour accompagner les voyageurs.
J'ai aussi repris les créations faites dans le cadre de la résidence pour ma compagnie L'Espèce fabulatrice, en créant une Bulle à rêves. C'est une sphère de trois mètres soixante de diamètre dans laquelle sont posés des coussins et des livres et sont diffusés des enregistrements.